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À coeur ouvert avec Soumaila Yattaga, ancien international nigérien

Publié le samedi 23 novembre 2019  |  Actu Niger
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Ancien joueur de Dan-Baskoré de Maradi, du Zumunta AC et JS Ténéré de Niamey, Soumaila Yattaga avait porté à plusieurs reprises le maillot national. L’ancien international qui n’est plus à présenter livre dans cet entretien son point de vue sur le football nigérien, notamment après la défaite à domicile du Mena national face aux Bareas du Madagascar en éliminatoires de l’édition 2021 de la Coupe d’Afrique des Nations Total. « Les mots se seront pas assez pour expliquer le mal être de notre football! » fait-il remarquer.

Le monde sportif nigérien est sous le choc après la cuisante défaite (Mardi dernier à Niamey) du Niger 2-6 face à Madagascar. Qu’est ce que selon vous qui n’a pas marché? Comment expliquer une telle défaite alors qu’on avait fait jeu égal avec les Eléphants de Côte d’Ivoire à Abidjan il y a quelque jours?

L’impréparation! Le manque de cohésion et surtout que ces jeunes ne sont pas habitués au haut niveau avec un temps très court! Ils ont été physiquement épuisés par les éléphants de Côte d’Ivoire! Et, l’entraîneur n’as pas su apporter la solution très tôt!

Faut-il pointer du doigt le ministère en charge du Sport? La fédération? Ou se situe le véritable problème de notre football? Pourquoi n’arrive-t-on toujours pas à monter une équipe nationale compétitive?

On ne peut pas former une équipe nationale en quelques jours! C’est un ramassis de joueurs dont on ne connaît même pas s’ils jouent régulièrement dans leurs pays d’accueil. Ce dont je suis sûr, ces joueurs, dans la plupart des cas jouent dans des championnats de bas standing! De l’autre côté, l’entraîneur ne connaît rien de ces joueurs, parce que n’ayant pas eu le temps d’en savoir un peu plus sur eux. Les joueurs sont courageux, mais leurs talents laissent à désirer dans la plupart du temps. L’un dans l’autre, comme je t’ai dit tantôt, le politique n’est ni plus ni moins dans cette mésaventure en n’ayant pas eu à mettre les gens qu’il faut à la place qu’il faut autant à la FENIFOOT qu’au Ministère!

Le Niger est dernier de groupe K (derrière la Côte d’Ivoire, l’Ethiopie et Madagascar) avec 0 point et une différence de buts de -5. Nous sommes à la seconde journée des éliminatoires. Quelles sont nos chances de qualification?

Maaroupi, c‘est cuit. Je suis de nature optimiste, mais il faut se rendre à l’évidence que notre équipe nationale n’a aucune chance de se qualifier à présent! Il y aura deux déplacements: l’un à Addis Abeba et l’autre à Madagascar. En toute logique, je ne vois pas le Mena gagné ces deux matchs là. En fait, il suffit d’une seule défaite pour qu’on soit out! C’est dur de le dire ainsi tout cru, mais c’est mon humble avis! Mais tu sais aussi que le football a de ses secrets ! Il faut donc espérer un miracle.

Une question personnelle à présent. Tu avais porté à plusieurs reprises le maillot nationale.Qu’est ce que cela te disais de porter les couleurs nationales? Qu’est ce que tu ressentais, parce moi, je n’avais pas eu cette chance là?

Est ce que tu sais qu’à part le Président de la République, c’est à l’équipe nationale qu’on joue l’Hymne National? De ce point de vue, tu peux imaginer toute la responsabilité qui repose sur les épaules d’un joueur de l’equipe nationale. On ne peut ressentir que de la joie dans son cœur, du devoir à accomplir pour honorer les couleurs nationales! Il n’est pas donné à n’importe qui d’honorer les couleurs nationales. Rien que d’en parler, j’en ai la chair de poule! Ce fut un honneur que de porter le maillot de l’équipe nationale, et j’en suis très fier!

Tu était certainement l’un des joueur le plus complet que j’avais connu: pied droit, pied gauche, jeu de tête, vitesse et puissance physique. Il y en a certainement beaucoup de jeunes talents comme toi aujourd’hui. Pourquoi le nigérien n’arrive pas à jouer au haut niveau? Pourquoi on ne peut avoir un Sadio Mané, Mohamed Salah, Didier Drogba ou Samuel Eto’o ? Ce ne sont pas les talents qui manquent?

Le Niger en regorge énormément talents! Tu prends juste l’intérieur du pays qui avant était le vivier de l’équipe nationale! Mais, de nos jours, les jeunes sont délaissés sans soutien, à l’abandon total! Avant, les entraîneurs sillonnaient l’intérieur du pays pour dénicher des pépites! Maintenant, c’est du copinage, on prend qui on veut ou sur instruction! On met l’entraîneur devant le fait accompli. Bref, les mots se seront pas assez pour expliquer le mal être de notre football! Il faut espérer qu’avec les centres de formation qu’on a maintenant, que les talents vont éclore et que l’on va devenir comme la Côte d’Ivoire, le Mali etc….

On était au même niveau que ces pays là il y a quelques années?

Oui, mais eux ont eu l’intelligence de créer un cadre plus propice à l’éclosion des talents avec les centres de formation de haut niveau comme le centre de l’ASEC MIMOSAS qui a vu partir des dizaines de talents qui ont fait leurs preuves un peu partout en Europe et dans les compétitions majeures en Afrique (Kollo Touré, Yaya Touré, etc….), le Mali avec le centre Keita!

Entretien réalisé par Maaroupi Elhadji Sani
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