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La lutte traditionnelle : Une discipline sportive toujours souveraine au Niger

Publié le mardi 31 decembre 2019  |  Le Sahel
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© Autre presse par DR
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La lutte traditionnelle est une activité sportive qui joue un rôle important dans la culture de notre pays au regard des aspects culturels qu’elle comporte. Elle est depuis des années ancrée dans la culture nigérienne. En effet, la lutte traditionnelle qui se pratiquait, jadis lorsque les récoltes sont bonnes, est devenue un événement sportif national. La lutte traditionnelle comprend des aspects qui relèvent du domaine de la culture et qui méritent d’être préservés. Il s’agit entre autres des tenues et du style de danse traditionnelle adaptés exécutés par les lutteurs, de ‘’Kirari’’, etc.

Sport roi par excellence au Niger, la lutte traditionnelle est un héritage sportif légué par nos ancêtres. Elle fait la fierté des populations de notre pays, parce qu’elle contribue, au-delà de son caractère sportif, à renforcer les liens de fraternité, de solidarité, et le brassage entre les citoyens du Niger.

Les jeunes d’un même village ou des villages voisins organisaient des compétitions au cours desquelles, ils s’affrontaient pour montrer que la campagne agricole a été prometteuse. Ils s’exprimaient à travers les combats en exhibant leurs biceps et leurs forces physiques afin de rassurer le public qu’ils sont bien nourris, et que l’année a été bonne. Au fil des années, la pratique de la lutte traditionnelle a évolué. La lutte a fini par être instituée par les autorités nigériennes.

Depuis son institution en 1975 à travers l’organisation du premier Sabre national que Tahoua a abrité, la lutte traditionnelle a connu des mutations dans la pratique et dans la forme. Des réformes ont été instituées pour rendre le cadre agréable.

Pour ce qui est des aspects culturels liés à la pratique de la lutte traditionnelle, il a été relevé de plus en plus, l’abandon des certaines valeurs qui font la beauté de la lutte traditionnelle au nombre desquelles l’accoutrement de lutteurs, les cris de défi ou le ‘’Kirari’’, ainsi que la danse de lutteurs. C’est pourquoi, les compétitions du Sabre national s’accompagnent aujourd’hui des concours de Kirari, d’accoutrement et de danse de lutteurs. Cela vise à réintégrer et à valoriser nos valeurs culturelles pour que la lutte continue à garder son originalité et toute sa splendeur d’alors.

Selon l’ancien champion du Niger en 1982, Laouali Abdou plus connu sous le sobriquet de Langa-Langa, a d’abord noté que la lutte traditionnelle a enregistré des profondes mutations sur les plans organisationnel, pratique et technique. Parlant de la pratique de la lutte traditionnelle dans notre pays, Langa-Langa a souligné que la lutte nécessite des qualités spécifiques au nombre desquelles la force physique et même mystique, les qualités techniques intrinsèques.

En ce qui concerne les tenues traditionnelles de lutteurs, l’ancien champion explique que la tenue traditionnellement reconnue aux lutteurs, a tendance à disparaitre, pour faire place aux accoutrements qui sont incompatibles à notre lutte. C’est ainsi que pour s’habiller le lutteur a besoin de ‘’Banté’’, de ‘’Walki’’ qui sont ornés par des fils colorés, des gris-gris et des amulettes qui sont attachés au niveau de la hanche, de poignets, au cou, autour de la tête, etc. Le ‘’Banté’’ est confectionné à base d’un tissu blanc. « Le port de ces équipements donne au lutteur toutes ses valeurs et ses honneurs vis-à-vis du public, et il sent le courage de se battre » déclare Langa-Langa, ajoutant que les lutteurs portes aujourd’hui des culottes à la place de ‘’Banté’’.

Dans le cadre de sa préparation aux compétitions, dit-il, le lutteur a besoin des forces mystiques. Ce qui explique l’existence de rituel dans les arènes ainsi que dans les aires. Le rituel est inscrit dans le code régissant le fonctionnement du Sabre national. Chaque lutteur a droit à une minute de rituel avant le début de combat. Notons que le lutteur a besoin se préparer soi-même, puis par son encadrement technique, et par ses proches. Il doit, à cet effet, consulter ses marabouts, ou ses charlatans qui lui offrent des gris-gris, des amulettes, et des incantations à prononcer dans des circonstances particulières pour qu’ils lui portent chance.

Les entrées dans les arènes ou dans les aires de combats par un lutteur, s’accompagnent toujours par des gestes susceptibles non seulement d’attirer l’attention du public et des autres lutteurs, mais aussi pour mystifier les adversaires ou impressionner les spectateurs. Langa-Langa a par ailleurs souligné que le rituel faisant partie intégrante des valeurs culturelles de la lutte, est aussi perçu comme un moyen utilisé par les lutteurs pour affaiblir moralement l’adversaire avant d’amorcer le combat. Par contre d’autres lutteurs l’observe non parce qu’ils sont dépositaires d’une formule avérée, mais plutôt pour jouer sur le moral de l’adversaire. Parlant du secret qui peut empêcher à un lutteur de mordre le sol, Langa-Langa a confié n’avoir pas trouvé ou pris connaissance d’une telle force surnaturelle.

Toutes ces pratiques culturelles donnent à la lutte ses valeurs et son importance dans la société. Outre ces aspects, Langa-Langa a indiqué que le lutteur a aussi besoin de l’accompagnement d’un griot qui peut le galvaniser en lui faisant des louanges au rythme des tambours et des tam-tams. Et lorsque le lutteur est dans l’aire de combats les griots peuvent lui transmettre des messages qui sont en mesure de le galvaniser et le motiver davantage à mieux combattre. L’ancien champion a par ailleurs révélé que la lutte sans le tam-tam, ni le tambour n’a pas de goût et les lutteurs perdent la vitalité et le pragmatisme. C’est pourquoi, dit-il, les griots occupent une place de choix dans la lutte traditionnelle.

Du point de vue traditionnel, la lutte comporte également des particularités en ce qui concerne les saisies. Après avoir fléchi et trouvé la position idéale de combat, le lutteur doit d’abord tenter de toucher la tête de son adversaire afin de le déstabiliser et passer à l’action pour le faire la chute. Quant à la chute, elle se fait de diverses façons à savoir par la prise du pied, celle de la hanche ou de la main, tandis que d’autres se concrétisent avec le pied. «Mais ce qui est capital en matière de combat, il faut avoir la bonne position pour surprendre l’adversaire. Et avant d’engager toute attaque, il faut planifier et coordonner ses actions dans son esprit, afin d’éviter d’être en pâture», précise Langa-Langa.

S’agissant de la danse des lutteurs, elle est utilisée comme un moyen d’expression et d’exhibition de son état physique. Elle consiste à exhiber toute son énergie et sa vitalité démontrant ainsi que la récolte a été bonne. La danse se fait entre autres au rythme des tam-tams et des tambours à travers des enchainements coordonnés et synchronisés. Elle est aussi accompagnée de chansons qui sont souvent, propres à chaque localité.

De nos jours, force est de constater que certaines valeurs liées à la lutte ont tendance à disparaître. Le style ne semble plus le même, ainsi que l’accoutrement. Ce qui risque de compromettre le caractère culturel de la lutte traditionnelle si rien n’est fait. Bien que l’institution des concours de danse, d’accoutrement, de Kirari, soit une bonne chose pour la sauvegarde de nos valeurs culturelles, il reste encore des actions à entreprendre.



Laouali Souleymane Envoyé Spécial’onep)
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