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Le marché central de Maradi : Entre faible affluence des clients et flambée des prix des produits importés du Nigeria

Publié le vendredi 14 fevrier 2020  |  Le Sahel
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© Autre presse par DR
Nouveau Marché Central de Maradi
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Les relations commerciales entre la région de Maradi et le Nigeria sont séculaires. La région est en effet l’une des plaques tournantes des échanges commerciaux qui lient le Niger avec son grand voisin du Sud. La proximité de cette région du Niger avec le Nigeria est un facteur qui explique le dynamisme du commerce à Maradi. Ainsi, l’économie de la région est fortement influencée par le commerce qui constitue d’ailleurs son l’épine dorsale. Cependant, depuis précisément le 20 Août 2019, les échanges commerciaux et la circulation des personnes et de leurs biens entre le Niger et le Nigeria ont pris un sérieux coup en raison de la fermeture des frontières. Cette mesure des autorités nigérianes intervient à un moment où la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à laquelle nos deux pays sont membres prône l’intégration effective à travers le fameux slogan « la CEDEAO des Peuples ». Dans un tel contexte, il est évident que la région de Maradi soit considérablement touchée au regard de sa proximité avec le Nigeria d’une part et d’autre part les relations commerciales tissées depuis belle lurette. La morosité économique est sur toutes les lèvres des maradawas notamment les commerçants qui vivent au quotidien les effets néfastes de la fermeture des frontières. Les prix de l’essentiel des produits importés à partir du Nigeria connaissent une légère hausse. La spéculation des commerçants n’a épargné aucun produit importé du Nigeria surtout comme le dit l’adage ‘’l’occasion fait le larron’’. Qu’il s’agisse des produits frais tels que la canne à sucre ; la patate douce ou encore le textile ; l’industrie du caoutchouc (les ustensiles de conservation de repas, eau), les consommateurs finaux sont en train de payer les frais parce qu’il n’est pas question pour les commerçants de vendre sans le moindre bénéfice. En effet, la justification de la flambée des prix de ces produits en prévenance du Nigeria semble facile à expliquer par les commerçants. Selon le président des commerçants de la canne à sucre et de la patate douce, l’importation de ces produits frais se fait dans les conditions inimaginables. ‘’Nous sommes obligés d’emprunter des pistes qui ne sont pas praticables pour les véhicules de transport. Tantôt, ce sont dans des champs de mil que nous faufilons pour pouvoir amener ces produits. Et comme ces voies sont inégales et extrêmement difficiles pour les transporteurs, il est évident que le coût du transport soit aussi élevé. En matière de commerce, ce facteur est pris en compte dans la détermination du prix de vente. Ce n’est pas de gaieté de cœur que nous augmentons sur les prix de ces produits.

Au marché central de Maradi, l’atmosphère n’est pas comme d’habitude ce mardi 28 janvier 2020. L’animation, l’ambiance et le brouhaha ne sont pas intenses. Certaines boutiques n’ont pas eu jusque là de locataires. Les clients ne viennent qu’à compte goutte au marché. Certains d’entre eux prennent les « Aday-deyta Sahou », tandis que d’autres arrivent à pied. La fermeture des frontières est ressentie aussi bien au marché central de Maradi qu’au niveau des boutiques se trouvant dans la ville où on vend des produits importés du Nigeria. Souraya est une vendeuse d’ustensiles en caoutchouc (thermos à eau ; les tasses thermos et autres articles de la maison, etc.) au marché central de Maradi. Elle décrit le calvaire dans lequel elle importe ces produits. ‘’ Depuis la fermeture des frontières, le voyage au Nigeria est stressant pour nous qui sommes des commerçantes. Ce n’est pas l’aller qui cause problème mais plutôt le retour avec les marchandises qu’on achète. On est contraint avec la complicité des transporteurs de se frayer un chemin dans la brousse avec tout le risque que cela comporte dans un contexte sécuritaire préoccupant. Souvent, des égratignures par ci et par là sur les corps des commerçants en raison des voies incommodes qu’on emprunte. Cette marque de thermos à eau par exemple, je l’achetais au Nigeria avant la fermeture des frontières à 1800F pour la vendre à 2000 F. Avec la fermeture des frontières, le prix d’achat n’a pas du tout augmenté. Cependant, le coût du transport a connu une hausse. C’est pourquoi, on ne peut pas vendre au même prix qu’avant. Maintenant, on vend la thermos à 2250 F. Bref, tout calcul fait, le bénéfice que je gagne tourne autour de 100 F à 200F. A cela s’ajoute la fatigue physique liée au fait que les véhicules empruntent des voies à la fois impraticables et sinueuses’’, a expliqué Souraya avant de nous confier que les clients sont rares. Il est difficile de faire une recette de 30.000 F par jour. Alors qu’avant la fermeture des frontières, sa recette journalière avoisine 80.000 F. Par ailleurs, la vente des pagnes importés du Nigeria n’est pas aussi épargnée. Ce pan du commerce de Maradi vit au rythme de la fermeture des frontières. Ceux qui excellent dans le commerce des pagnes en tissu ne comprennent que dalle. M. Laouali est un vendeur des pagnes en tissu. Il a aussi une boutique dans le marché central de Maradi. Le commerce des pagnes tourne au ralenti. Lorsqu’on a tapé à la boutique de Laouali, celui-ci est absent momentanément. Un de ses voisins tente de l’appeler. En fait, c’est le marché qui est timide, répond Laouali. ‘’ Le prix de trois pagnes en tissu a relativement grimpé. Avant la fermeture des frontières, on peut vendre les trois pièces de pagnes en tissu à 2000 F voir 2250F. Mais maintenant, il faut 2500 à 3000 F. une petite diminution est accordée à ceux qui achètent en gros. Le véritable problème, c’est parce qu’on ne peut pas emprunter les voies officielles lorsqu’il s’agit d’acheminer les marchandises. Le coût du transport qui va forcement impacter sur le prix de vente. Il faut que les clients soient compréhensibles. Et c’est justement cette hausse qui a fait en sorte que l’affluence des clients a chuté comme un château de cartes’’, a relevé M. Laouali tout en espérant que les autorités des deux pays vont se rencontrer pour trouver une solution à cette situation qui n’a que trop duré.

Le suivi régulier de la fermeture des frontières à Maradi

A la direction régionale du commerce de Maradi, la situation liée à la fermeture des frontières est suivie au jour le jour. Les trois rapports élaborés par la direction régionale du commerce et auxquels nous avons eu accès précisent clairement que la situation a connu une petite amélioration par rapport au début de l’exécution de la décision. La fermeture des frontières du Nigeria avait à ses débuts systématiquement mis fin à tout passage de véhicules et personnes par les voies légales. Cette fermeture inattendue a concerné tous les produits, indépendamment de leur origine créant ainsi une situation de crispation de part et d’autre de la frontière entre la région de Maradi et les zones frontalières du côté du Nigeria. Le troisième rapport datant de Novembre 2019 souligne que le passage de personnes (à pieds) et de véhicules particuliers à travers les postes réguliers de frontière du Nigeria en présentant toutes les pièces nécessaires est faisable pour pouvoir passer. Il existe aussi des postes de contrôle qui laissent passer les usagers dans les deux sens moyennant le payement de frais illicites qui peut excéder les 5000 F. Habituellement avant la fermeture, ils ne dépassent guère les 1000 F ; pour les personnes, la traversée coûte environ entre 150 et 1000 F selon qu’elles possèdent ou pas un document officiel de voyage. En outre, il faut noter que les conséquences de cette situation commencent à se faire sentir sur l’approvisionnement régulier des marchés de la région. Ainsi, les prix des céréales comme le maïs sont en hausse de près de 5% (15.750 à 16.500 F) et quelques compléments alimentaires comme les biscuits se font rare sur les marchés de la place.

Par Hassane Daouda, Envoyé Spécial
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