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Société civile : appel à une journée d’action citoyenne le 15 mars 2020

Publié le mercredi 11 mars 2020  |  actuniger.com
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© Autre presse par DR
Société civile : appel à une journée d’action citoyenne le 15 mars 2020
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Cela fait aujourd’hui cinq (5) ans que notre pays est confronté à l’une des crises sécuritaire et humanitaire les plus sérieuses de son histoire récente. Cette double crise s’est traduite par des centaines de morts, civils et militaires, et des milliers de déplacés internes. Elle s’est traduite également par l’érosion des moyens d’existence des populations aussi bien des régions les plus affectées par les attaques des groupes armés, que des autres régions du pays qui semblent relativement épargnées.

Au cours de ces cinq (5) dernières années, il importe de rappeler que la crise sécuritaire, conjuguée aux mesures d’état d’urgence édictées par le gouvernement, a entraîné le déplacement de 193 300 personnes, dont 111 058 à Diffa, 59 170 à Tillabery et 23 102 à Tahoua. Ces milliers de personnes que l’État du Niger a l’obligation d’assister et de soutenir au maximum de ses ressources, ne survivent que grâce à l’aide de la communauté internationale.

Devant la dégradation sans précédent de la situation sécuritaire dans notre pays, le Président Issoufou et son gouvernement ont décidé, avec l’aval du parlement et une certaine bienveillance de l’opinion, de consacrer d’énormes ressources financières aux secteurs de la défense et de sécurité. Entre 2015 et 2019 seulement, ce ne sont pas moins de 607 milliards francs CFA qui ont été inscrits au budget général de l’État pour le seul ministère de la défense nationale ; mais, nous savons aujourd’hui qu’une part considérable de ces ressources a été purement et simplement empochée par une poignée d’individus en charge de leur gestion.

Le 26 février 2020, le gouvernement de la République du Niger a reconnu publiquement ce que tout le monde savait déjà et que les organisations de la société civile et les médias n’ont eu de cesse à dénoncer depuis des années, à savoir que des sommes importantes ont été indument payées à des fournisseurs du ministère de la défense nationale par le biais des procédés désormais classiques des voleurs de la république : surfacturation des services et biens, paiement sans livraison et réalisation de biens et services, livraison de biens et services non conformes aux spécifications contenues dans les commandes.

A ce jour, seul le président Issoufou et certains membres de son gouvernement connaissent le montant réel de l’argent public volé ; et tout indique qu’ils n’ont aucune intention de rendre public le rapport de l’audit des fonds alloués au ministère de la défense, a fortiori de traduire devant la justice les auteurs, co-auteurs et complices de ces crimes économiques. Le président Issoufou et son gouvernement, qui se sont arrogés les prérogatives de la justice, se proposent simplement de faire rembourser l’argent volé et de prendre quelques sanctions administratives contre les agents publics impliqués dans l’affaire.

Devant cette forfaiture, Nous, organisations de la société civile nigérienne, engagées dans la défense des droits et des intérêts de toute la population, lançons un vibrant appel à la mobilisation générale pour la journée du 15 mars 2020, afin d’exiger la publication du rapport d’audit du ministère de la défense nationale et des poursuites judiciaires contre les auteurs, co-auteurs et complices des pratiques mafieuses mises à jour par cet audit. Cet appel s’adresse à tous les citoyens, toutes les citoyennes de pays, à toutes les forces politiques et sociales, qui s’opposent à l’impunité des crimes économiques.

Les organisations de la société civile initiatrices de la journée d’action citoyenne du 15 mars 2020 saluent l’extraordinaire mobilisation des acteurs de la justice, magistrats, avocats et autres agents du service de la justice, qui ont observé hier une journée « Justice morte » sur toute l’étendue du territoire national. Elles exhortent toutes les forces sociales et politiques du pays, en particulier les organisations des jeunes et des femmes, à leur emboiter les pas et prendre des initiatives diverses pour stopper la descente aux enfers de tout un peuple. Elles en appellent à la conscience de tous.

Au regard de la désinvolture avec laquelle les autorités en place veulent traiter le dossier des malversations qu’elles ont constaté elles-mêmes au sein du ministère de la défense nationale, il est important que les Nigériens et les Nigériennes gardent à l’esprit les éléments suivants :

1-Les auteurs, co-auteurs et complices des malversations ayant eu cours au ministère de la défense nationale n’ont pas seulement volé de l’argent public ; ils ont aussi contribué à la mort de centaines de jeunes soldats, nos fils, nos frères, nos amis, engagés sur les différents fronts à Diffa, Tillabery, Tahoua, Maradi et ailleurs ;

2-Les auteurs, co-auteurs et complices de ces malversations n’ont pas seulement profité de la guerre pour s’enrichir sur le dos du contribuable ; ils ont aussi porté atteinte à des nombreux secteurs sociaux, notamment ceux de l’éducation, de la santé, de l’agriculture et de l’élevage, qui auraient pu bénéficier de ces ressources ;

3-Les auteurs, co-auteurs et complices de ces malversations n’ont pas seulement porté préjudice aux finances du pays ; ils ont aussi favorisé le bradage de sa souveraineté, en créant des conditions justifiant la présence des forces étrangères.

C’est pour toutes ces raisons que nous, organisations de la société civile, considérons que le détournement et le vol des ressources allouées au ministère de la défense nationale constituent un acte de haute trahison qui ne doit pas rester impuni. C’est pour ces raisons que nous vous invitons à prendre part massivement à toutes les actions prévues partout dans le pays dans le cadre de la journée d’action citoyenne du 15 mars 2020, en particulier au meeting prévu à la Place de la Concertation à Niamey.

Conscientes de l’hostilité traditionnelle des autorités en place à toute expression démocratique, nous rappelons aux éléments des forces de sécurité que rien ne les oblige à obéir à tout ordre tendant à entraver l’exercice par les citoyens et les citoyennes d’une liberté fondamentale garantie par la Constitution. Nous rappelons également aux citoyens et aux citoyennes qu’il est de leur devoir de ne pas plier devant toute tentative éventuelle d’entrave à l’exercice de la liberté de manifestation garantie aussi bien par la Constitution de la République du Niger que par les instruments juridiques internationaux et régionaux qu’elle a ratifiés.
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