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Covid-19 et résolution des crises en Afrique : ces tendances à créer

Publié le mardi 7 avril 2020  |  Niamey et les 2 jours
Bakary
© Autre presse par DR
Bakary Sambe, directeur du Timbuktu Institute
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« Les dirigeants africains et leurs partenaires internationaux ne doivent plus être induits en erreur par certaines analyses statiques et pré-pensées, biaisées par leur défaut d’ancrage et la non prise en compte des nouvelles réalités d’un continent en profonde mutation ». Ce texte est une contribution critique d’un think tank africain, Timbuktu Institute, basé à Niamey et à Dakar au débat sur le monde post-Covid-19 que « l’Afrique ne doit pas subir » d’après les mots de son directeur Dr. Bakary Sambe qui craint qu’en ce « moment d’une auto-remise en cause », la communauté internationale rate encore la « précieuse opportunité d’un new deal ». Il en a réservé la primeur au site « Niamey et les 2 jours », une plateforme africaine d’information au cœur du Sahel avec lequel il développe un partenariat stratégique en termes d’analyse et de prévention des conflits dans la région.

A l’heure de co-construction, les partenaires internationaux de l’Afrique doivent éviter d’être éternellement induits en erreur par des projections et autres études émanant de structures qui ont déjà une doctrine qui orientent et formatent la pensée et la production de connaissances dans un moule idéologique.

Si les choix stratégiques ou les lignes diplomatiques doivent se dessiner dans des «cellules ou centres de crise » alimentés par des « Groupes de crise », c’est que la méthodologie est, déjà, clairement orientée mais sûrement biaisée. Il y a, ces dernières semaines, une profusion de titres qui rythme le quotidien des prospectivistes qui se sont, ces derniers temps, beaucoup trompés sur les trajectoires africaines. Un « effet pangolin» serait donc à prévoir à partir de « tendances à surveiller » et l’on résume ainsi de manière simpliste le destin d’un continent ou d’une région aux réalités complexes. Il ne faut pas être simplement foucaldien pour comprendre que « surveiller » c’est aussi « punir », condamner, dirait-on, toute une région à un destin préétabli avec une approche conjoncturelle qui se mue en surdéterminant indéterminé – comme aime dire M. Chérif Ferjani-

Même s’il ne faudrait pas être foncièrement noir ou négatif, en accordant le bénéfice de la bonne intention, on peut « sur-veiller » sur un bien précieux qu’on croit entièrement posséder, mais le préfixe induit, déjà, l’idée de se mettre au-dessus et de regarder d’en ou de haut. Mais s’il ne sied plus de punir, on se plaît à condamner une région, comme d’autres avaient fait de tout un continent à une éternelle répétition de l’Histoire, si seulement il réussissait la prouesse d’y entrer. Continuer à appréhender les réalités africaines sous le seul paradigme selon lequel ce continent devrait continuer à servir de variable d’ajustement après les périodes de crises, de repositionnement stratégique ou de transition de puissance, serait une fatale erreur d’appréciation qui risque d’exacerber les malentendus cumulés ou refoulés.

Toutes les tendances que nous annoncent les « centres » et les « groupes crise », se résument en une seule : l’Afrique revivra forcément et éternellement les catastrophes du passé et ses fragiles structures politiques et économiques voleront en éclats de sorte qu’elle aura besoin de l’assistance internationale comme seule issue possible.

Cette perception repose sur deux principaux postulats qui ont marqué le regard sur le continent et ses réalités depuis la nuit des temps : un déterminisme structurel et systémique selon lequel on perd de vue ou ignore le rôle des acteurs. La dépendance automatisée ignorant les mutations d’un continent inscrites dans celle d’un système international qui a profondément changé de contenu et de contours et qui ne sera plus le même après la pandémie.

Dans un esprit constructif, loin des présupposés et des doctrines, il serait hautement plus salutaire d’aller au-delà de la seule « surveillance » de tendances qui induit une attitude passive et pessimiste quant au devenir d’une région et créer de manière collaborative les conditions d’une résilience bien possible.

Face au déterminisme structurel, valoriser les dynamiques créatrices nouvelles

Le déterminisme structurel avec son concept de « causalité historique » ne prend pas en compte la capacité des êtres humains à déjouer les lois et effets structurels qui peuvent naitre de certains phénomènes sociaux, dès qu’ils en prennent conscience.

Beaucoup de prospectivistes sont tombés dans ce travers au prix de « mauvaises surprises » par rapport à des sociétés qu’ils avaient figées et cernées dans leurs analyses. Les révolutions dans le monde arabe ont eu cet effet sans qu’aucun des cadres des « centres de crise » n’ait pu voir arriver une seule hirondelle du « printemps » ; cet acteur de changement social dont le mouvement n’est capté par aucune prévision malgré les méthodes sophistiquées basées souvent sur des normalités devenues faussement « structurelles ».

Les notes et autres études qui ont largement circulé ces derniers temps prophétisant les effets « dévastateurs » du Covid-19 sur le continent ont, toutes, une même tendance : le continent est fait d’Etats fragiles ne pouvant développer suffisamment de résilience face à un tsunami de problèmes et de catastrophes comme cela s’est toujours déroulé lors des précédentes crises. Quid de la prise en compte des contextes qui ont changé et des dynamiques en mouvement ?

Contre les projections déterministes : les mêmes causes ne produisent pas forcément les mêmes effets :

Les notes qui ont émané d’officines diplomatiques présentent des fragilités théoriques à partir de postulats simplistes reposant sur un lien causal entre les structures et les résultats ultérieurs en ignorant totalement la question de la temporalité. En s’appuyant sur les évènements passés pour juger de l’avenir, on est dans la méthodologie de la facilité voulant que les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets. Ainsi faisant, ces experts semblent ignorer que les évènements déclencheurs, dans ce genre de raisonnement, relèvent parfois de simples épiphénomènes, tout comme l’effet cumulatif des causes, tant il est évident que la structure prédétermine un certain résultat qui se produira tôt ou tard. C’est dans ce genre de déterminisme structurel que Pierson range les travaux de Barrington Moore sur les origines de la dictature et de la démocratie, dans la mesure où il se base sur des variables macrosociales qui prédisposent les pays à tel ou tel résultat.

Appréhender ainsi l’avenir de l’Afrique face à cette pandémie serait injuste si l’on retient que, dans l’Histoire de l’Europe, par exemple, les conjonctures critiques ont placé les Etats sur des trajectoires qui ont transformé de petites différences institutionnelles initiales en grandes disparités de la même manière que l’effet amplificateur des conjonctures critiques avait été développé dans le cadre de la peste noire. Justement, cette pandémie n’avait pas abouti à l’éclatement des sociétés en crise mais bien à la fin de la féodalité en Europe de l’Ouest alors qu’en même temps, à l’Est, elle a renforcé cette même féodalité avec le second servage. A partir de ce rappel d’une cause historique ayant produit des effets complètement différents, on peut bien apprendre qu’aucune projection sérieuse ne peut conclure de manière catégorique que l’Afrique réagira forcément de la même manière que lors des crises précédentes.

L’Afrique réagira différemment à la montée des nationalismes post-Covid-19 : une leçon africaine à méditer face aux crises identitaires ?

Il est vrai que l’après-covid-19 s’annonce comme l’ère du retour paradoxal au nationalisme où même l’élite mondiale, celle de la génération de la « Fin de l’Histoire », qui, pendant plusieurs décennies, nous avait théorisé le libéralisme et la mondialisation prône, désormais, l’économie nationaliste après celle du container à un moment où l’Union européenne, dans son essence, vole en éclats. Le parallélisme précipité a pu certainement pousser les analystes à une généralisation ou une standardisation des réactions face au retour des nationalismes et des populismes.

C’est, peut-être, pour cela que certaines conclusions sont vite allées dans le sens d’un éclatement probable des systèmes politiques africains au lieu de mettre l’accent sur les très possibles recompositions au sein du continent.

S’il n’est point aventurier de penser que l’après-coronavirus sera marqué par un fort retour ou un renforcement des nationalismes et des réflexes identitaires, il est sûr que ces relents identitaires ne se manifesteront pas de la même manière en Europe qu’en Afrique. Fidèle à l’esprit westphalien, les nationalismes et populismes européens vont exacerber le repli car construit autour de l’Etat et des frontières, tel qu’on en a vu les prémisses dans la gestion barricadière de la crise sanitaire. L’Europe qui redécouvre sa vulnérabilité, en même temps que le monde entier, a rompu d’avec les principes mêmes des idéaux mondialistes et libéraux et a retrouvé les réflexes de la fermeture sur soi.

L’Afrique est l’une des zones du monde où nationalisme rime avec régionalisme au sens panafricain du terme et où le sentiment national n’a jamais nui au projet régional. La montée du nationalisme signifie, aussi en Afrique, le retour au panafricanisme puisque l’idée d’Etat-nation n’y est pas complètement tropicalisée depuis sa migration à partir de l’Occident européen où il y a effectivement une superposition de l’Etat et de la Nation, du moins dans leur construction sociale et historique.

Pour ce qui est de la gestion de la pandémie à proprement parler, le Covid-19 aura des effets différents sur les régions selon qu’on se situe au début ou à la fin du cycle. Le strict contrôle de l’information dans les régions asiatiques d’où la crise est partie a fait que l’alerte n’est pas arrivée très tôt dans les pays occidentaux qui ont été moins préventifs, sûrs des capacités de leurs systèmes sanitaires qui ont finalement lâché face à des maladies qu’ils croyaient tellement bénins et révolus.

L’Afrique a eu le temps d’apprendre de l’expérience des autres tout en étant consciente de sa principale vulnérabilité dans cette pandémie : le déficit de moyens de traitement qui a, ipso facto, entrainé une concentration dans la prévention, seule phase où elle peut espérer des victoires ou le miracle du non-effondrement que prédisent les analystes de crise.

D’ailleurs, la manie de qualifier de « miracles » toutes les autres réussites qui échappaient à ses prévisions est le signe qu’a sonné, depuis belle lurette, l’heure du renouveau paradigmatique pour la tradition universitaire européenne.

Cette crise est une rare opportunité d’intégration : mitiger les thèses d’une désintégration annoncée ?

Comme l’a si bien analysé Pr Alioune Sall, directeur de l’Institut des futurs Africains, la prudence s’impose et que« le sensationnalisme de ceux qui annoncent des ravages doit être combattu au même titre que les postures incantatoires des magiciens du verbe ou des marchands d’empathie »

Les réactions à travers les réseaux sociaux et les médias de masse commencent à montrer comment le sentiment d’une hostilité ou d’un rejet provenant de l’extérieur renforce les cohésions internes panafricaines d’une manière inespérée. Cette tendance se manifeste à deux niveaux : politique décisionnel et par la mobilisation d’une société civile continentale qui, en réalité, a toujours mieux incarné l’esprit intégrationniste que le leadership politique continental.

Il a été rarement constaté que les leaders africains parlent le même langage face à l’émergence des crises. Ces derniers jours, nombreux sont parmi eux qui appellent soit à l’annulation de la dette ou l’allègement des conditions imposées par les institutions financières internationales. Sur le plan des initiatives, le centre africain de prévention et de lutte contre les maladies impulse une dynamique de synergie en rassemblant l’ensemble des pays membres deux fois par semaine afin d’élaborer des stratégies communes. Bien que critique face au leadership et à l’aboutissement des initiatives entamées, on peut être frappé par l’élan de solidarité panafricaine incarnée par les leaders d’opinion dont la voix porte au plan mondial.

Même si ces porteurs de voix ne sont pas forcément tous issus des universités et du monde de la pensée pour l’heure timide, ces acteurs de la société civile panafricaine, sportifs et autres artistes de renom, amorcent la dynamique de « sortie de bibliothèque » au profit de « l’intervention et de l’action ».

Ces dynamiques silencieuses ne sont pas captées par l’approche statique d’un continent en mouvement où l’apport phénoménal des réseaux sociaux et de la société de l’information a introduit toute une autre donne. Il a dû faire défaut à ces experts des « crises africaines », le réflexe de prêter l’attention due aux signaux forts, mouvement lents mais ancrés ainsi qu’aux mutations échappant à l’observation des faits nus sans efforts d’une netnographie analytique. Aujourd’hui à ce nationalisme d’ordre populaire porté par de dynamiques sociétés civiles et auquel il manquait le relai médiatique au siècle dernier, s’est largement saisi de l’opportunité des réseaux sociaux. Ils permettent d’ailleurs d’être le contrecoup de celui européen qui le cristallise dans le cadre de dynamiques collectives beaucoup plus construites.

L’agilité contre les fragilités ou comment développer des stratégies alternatives en co-construction ?

Aujourd’hui, afin de saisir pleinement ces dynamiques, l’on doit rompre d’avec le syndrome de l’expert assis confortablement dans des tours pour une réelle entreprise de netnographie pour au moins deux raisons : la démocratisation de l’accès à l’information structurante et formatrice des opinions africaines à toutes les échelles hors des murs de la censure mais aussi malheureusement du contrôle éthique et de la répartie. Même si les opinions exprimées à travers les réseaux sociaux et qui déterminent désormais le rapport à l’Europe et à ses actions sur le continent ne sont pas des indices totalement fiables à l’ère des fake news, elles donnent le signal qui appelle à une profonde conscience des mutations des rapports politiques et internationaux. Sans outrecuidance ou un excès de confiance en la capacité de pays africains à surmonter cette crise, on peut donner du crédit aux éventuels profits à tirer des apprentissages institutionnels (institutional learning). Le continent a tellement fait face à des catastrophes ou épidémies qu’il est capable de tirer des leçons utiles (tool kits) de ces expériences passées alors que le plus gros problème que l’épidémie a pu poser aux pays dits développés provient du fait que les maladies infectieuses appartenaient au passé au point qu’ils ont surtout investi dans la médecine du futur. Il est sûr les politiques publiques ne sont pas juste des effets dans le processus politique, mais elles en constituent aussi des causes comme nous le démontrent, à suffisance, les travaux de Pierson.

Cette situation est donc propice à l’échange de bonnes pratiques et de leçons apprises au sens d’une véritable co-opération en tant que nouvel espace du « donner et du recevoir » loin des paradigmes de domination, de servitude incorporée ou encore d’un paternalisme corrupteur de l’esprit de solidarité internationale.

Le gap qu’il y a eu entre l’approche internationale de la crise sahélienne et les perceptions locales et qui a fortement nui à l’esprit même de la coopération est justement dû à cette torpeur méthodologique que provoquent les certitudes instituées au sujet d’un continent et d’une région en mouvement et en mutation. Des partenaires internationaux du Sahel continuent à en payer le prix avec l’amère impression d’un non retour sur un investissement lourd en vies humaines, en moyens financiers qui n’ont finalement eu que des effets indésirables pour leur image et même leurs intérêts stratégiques.

La situation d’auto-remise en question créée par cette pandémie devrait être favorable à une nouvelle conception des échanges mais surtout de la notion de résilience. Les expériences développées dans le cadre de l’épisode douloureux de l’extrémisme violent et du terrorisme montrent que les communautés locales sont capables d’adaptation et d’inventivité face aux crises multidimensionnelles qui les affectent. Tout en mettant à nu les failles des politiques sécuritaires, les crises ont souvent permis à nos populations de réinventer des notions comme la « confiance », « la cohésion sociale », le « dialogue », la « concertation » dans des contextes que l’on présente très souvent comme conflictuels et baignant dans l’insécurité quotidienne. Le même réflexe a toujours été celui des communautés jusque dans les régions du Sahel burkinabé très affectée par des attaques variées surtout dans les villages de Sikiré, Arbinda, Yirgou-Foulbé etc. Les communautés repensent constamment la cohabitation pacifique. Ces formes de résilience ignorées des analystes de crise trouvent leur efficacité dans la capacité des populations victimes d’attaques terroristes à réinventer le « vivre-ensemble » et surpasser les périodes propices aux crises notamment intercommunautaires.

Ces actions rarement prises en compte par les analystes auxquelles elles échappent s’inscrivent en complémentarité avec les politiques publiques étatiques comportant une certaine valeur ajoutée en termes de proximité et sens. Elles se basent sur des pratiques ayant une signification sociale et cadrant avec le référentiel culturel des populations destinataires et rompent d’avec les cadres habituels de socialisation et s’adaptent aux pratiques sociales instituées. Hélas, l’exclusion des approches valorisant les ressources de l’anthropologie et d’une sociologie compréhensive partant des référentiels endogènes aboutit, très souvent, à un hiatus entre la réalité décrite et celle effectivement vécue. C’est peut-être là, l’une des explications de l’inefficacité des politiques de coopérations « in vitro » ne pouvant prendre en compte les réalités du terrain qu’il faudrait écouter plus souvent au lieu de lui imposer, d’emblée, des pré-pensées aux objectifs décalés des besoins réels. C’est aussi là que se trouvent nichés tous les germes du conflit de perception des conflits qui fausse l’esprit des coopérations aussi bien sécuritaires qu’humanitaires ?.

Vers la nécessaire transformation ontologique pour une réinvention des représentations symboliques

Une nouvelle chance se présente pour redonner du sens à la coopération Sud-Nord si on sait saisir l’opportunité de la présente crise pour faire l’expérience de la valorisation des ressources et stratégies endogènes.

S’enfermer dans l’approche structurelle en ignorant la capacité des acteurs à évoluer et à créer de nouvelles conditions de possibilité serait un déphasage par rapport à la marche du nouveau monde où même la rigide science informatique met l’agilité au cœur des dynamiques et de l’analyse des complexités. Sans retomber dans le débat classique entre l’acteur et le système ou l’agent et la structure, l’enferment dans l’analyse structurelle ignorant l’agentivité a induit certaines puissances en erreur malgré leurs relations plusieurs fois séculaires avec l’Afrique.

Sans tomber dans une naïve idéalisation d’un nouveau partenaire se présentant sous ses beaux atours mais qui a aussi ses défauts, il semble évident que c’est en échappant aux « lumières » éblouissantes de la vision hegelo-hugolienne d’une Afrique qui devrait forcément appartenir à un autre continent que la Chine, par exemple, a pu réaliser qu’elle pouvait miser avec ce continent sur un deal commercial de 300 milliards de dollars.

Si elle a réussi cette opération de déconstruction, c’est que la Chine a pu établir le narratif selon lequel l’Afrique n’est point un défi mais une opportunité là où d’autres ont perdu leur avantage de départ sur cet aspect. Les puissances qu’elle bouscule aujourd’hui sont restées confinées dans la seule approche quantitative qui réduisit la place de l’Afrique dans le système commercial mondial à un simple indicateur statique : moins de 2% des échanges globaux. La Chine a pu tester un modèle de coopération dont le terrain d’expérimentation fut l’Afrique avec ses succès comme ses travers.

Il va falloir construire un nouveau multilatéralisme comme à chaque fois que l’humanité passe un choc. Après 1945, le système onusien était l’illustration d’un nouveau cap malgré ses insuffisances. Le plus grand risque auquel nous faisons face est que le monde post-coronavirus coïncide aussi avec celui du « post-shame », où on ne se gêne plus d’étaler l’adhésion à des thèses qui heurtent l’esprit du vivre-ensemble international et même la conscience d’une communauté de destin, ne serait-ce que pour des raisons de sécurité collective.

Quelle que soit la profondeur des malentendus, il ne faudrait jamais perdre de vue que les barricades d’aujourd’hui qu’imposent les épidémiologistes, de même que les digues sanitaires vont tôt ou tard céder par la force des impératifs de la nécessaire coopération pour la sécurité collective ; et les vulnérabilités en partage referont jour avec encore plus d’acuité. Et nous devrons co-construire, dès maintenant, les stratégies pour y faire face, ensemble.
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