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Protection sociale des femmes en période de pandémie du Covid-19 : Le Genre doit être pris en compte dans la réponse face au COVID-19

Publié le vendredi 15 mai 2020  |  Le Sahel
Covid-19
© Autre presse par DR
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La pandémie du Covid-19 affecte tout le monde, en particulier les femmes. Les gouvernements africains dont celui du Niger, ont restreint la mobilité et imposent une distanciation sociale. Ces mesures, associées à une bonne hygiène, sont essentielles et destinées à contenir et empêcher la propagation du virus, qui a fait des milliers de victimes de par le monde, depuis son apparition en fin 2019. Mais ces mesures n’affectent pas tout le monde de la même façon et auront des impacts différents pour beaucoup dont les moyens de subsistance sont instables ; parmi ces couches sociales à risque se trouvent en bonne place les femmes. Ce virus, subitement apparu et qui a envahi le monde entier, a surpris l’humanité. Cet effet de surprise a chamboulé tous les textes, toutes les pratiques ainsi que tous les calculs économiques, sanitaires et surtout sociaux. La gestion de la pandémie du Covid-19, qui n’a, pour le moment, ni vaccin, ni traitement, implique forcément l’observance des mesures préventives. Donc, la question de la protection sociale de la population s’impose. Cette question se pose avec d’autant plus d’acuité qu’il s’agisse des couches vulnérables, parmi lesquelles les femmes qui sont plus de 51 % de la population nigérienne. Quelle protection des femmes nigériennes en période de pandémie de Covid-19 ?

Balkissa Moussa, une patiente de Covid-19, mise en quarantaine durant plusieurs semaines, fait partie des 648 patients guéris et relâchés des centres de confinement et de traitement. Elle témoigne : «Je ne puis vous dire exactement où j’ai chopé ce virus. Mais dès l’apparition du premier signe, j’ai appelé aux numéros publiés et j’ai automatiquement été prise en charge et confinée, dans un lieu réservé à cet effet. J’ai été bien traitée, bien nourrie et bien logée. Je dois aussi dire qu’il n’y a aucune distinction, aussi bien dans la prise en charge, que dans l’alimentation et le logement, entre les hommes qui étaient de loin les plus nombreux et nous les femmes. L’essentiel, je pense, était de guérir de la maladie et de bloquer sa propagation. Mais ce qui me fait mal aujourd’hui, après ma guérison c’est surtout le fait de ne pas pouvoir vaquer à mes occupations. Je suis une Chef de ménage, si je ne sors pas pour travailler ; ma famille va en souffrir. Déjà, lors de mon confinement, elle m’a endettée pour plusieurs milliers de FCFA. Comme beaucoup de femmes de mon pays, j’évolue dans le secteur informel. Si je ne sors pas, je ne travaille pas donc je n’aurais rien. C’est aussi cette situation que je dois à présent gérer avec cette pandémie.» En effet, la majeure partie de la main-d’œuvre en Afrique en général, et au Niger en particulier, est dans l’économie informelle. Ce type d’économie oblige les personnes à travailler tous les jours pour gagner un revenu. Parmi eux, les femmes représentent plus de la majorité des travailleurs pendant que très peu d’entre elles disposent d’économies suffisantes pour subvenir à leurs besoins pendant de longues périodes de quarantaine, surtout celle liée à la pandémie du Covid-19. Très peu d’entre elles ont également un emploi ou une entreprise qui leurs offriraient un niveau adéquat de sécurité sociale. Pour les femmes, les effets sont considérables. Les femmes sont en première ligne de la prestation de services dans le secteur public des soins de santé et à domicile. Elles portent la charge des soins aux enfants, aux malades et aux personnes âgées. À l’échelle mondiale, 70% des agents de santé sont des femmes et le Niger ne fait pas exception. Rien qu’au niveau de la prise en charge, les agents de santé de sexe féminin sont de loin les plus nombreux. « Dans notre centre de santé, nous sommes treize agents, il n’y a que trois hommes parmi nous », témoigne Fourera Seyni, une infirmière du quartier Madina de Niamey. En moyenne, 26% de tous les ménages en Afrique sont dirigés par des femmes, ce nombre pouvant atteindre jusqu’à 50% au Sahel. Pour la plupart, ces femmes sont les seules à gagner un revenu dans leur ménage et sont responsables de la prise en charge des membres de la famille. Quand elles ne travaillent pas, il n’y a pas de nourriture pour leurs foyers. Ainsi, la mesure de confinement, même si elle se présente comme l’un des meilleurs moyens de prévention contre le Covid, a des conséquences fâcheuses sur les ménages, qui sont souvent à court de ressources. En édictant des mesures de réponse au COVID-19 et aux impacts liés aux restrictions de mobilité, les gouvernements doivent tenir compte de la division du travail entre les sexes et de la façon dont les inégalités de genre préexistantes peuvent compromettre la sécurité et la résilience des femmes et de leurs ménages. Aussi la protection sociale, la production et la participation des femmes à la population active sont essentielles à la reprise économique. Les plans de relance devraient fournir des ressources financières et matérielles aux agricultrices et autres aux femmes entrepreneurs. Les gouvernements devraient travailler avec les établissements de crédit pour adopter des moratoires sur les remboursements des dettes, tout en développant des formules de crédit préférentielles accessibles aux femmes productrices, que ce soit dans le secteur formel ou informel. Les gouvernements devraient aussi soutenir les entreprises appartenant à des femmes en allégeant le fardeau fiscal, en s’approvisionnant en biens, services et produits agricoles et en exerçant une action positive dans tous les domaines en ces temps critiques.





Le Covid-19 impacte beaucoup plus les femmes et les filles handicapées



La pandémie du Covid-19 affecte les femmes et les filles handicapées de manière disproportionnée pour des raisons de santé et socio-économiques. Les femmes et les filles handicapées sont au plus bas niveau de l’échelle de pauvreté, et le COVID-19 leur apporte des fardeaux supplémentaires, à savoir l’achat d’équipements de protection personnelle des produits désinfectants pour elles-mêmes, les personnes dont elles ont la charge y compris les assistants personnels. Et ceci sans compter que les appareils et accessoires fonctionnels qu’elles utilisent quotidiennement doivent être désinfectés. Les restrictions provoquées par la pandémie nécessitent une distance sociale, mais cela n’est pas possible pour les femmes et les filles handicapées qui dépendent d’un soutien quotidien. « La pandémie a ainsi accru la stigmatisation et la discrimination parmi les femmes et les filles handicapées. Elles n’ont mentionné nulle part et les équipes d’intervention d’urgence ne les ciblent pas directement en termes de dépistage du virus, de distribution de nourriture et d’autres équipements préventifs », estime Halima Ousmane, une jeune handicapée du quartier Zongo. Pour la non-voyante Zalika Abdou, il est

essentiel que les gouvernements priorisent leurs besoins socio-économiques. Ils doivent fournir des informations sur les mesures préventives dans des formats accessibles en braille, en gros caractères, en audio pour les aveugles et malvoyants, en langue des signes pour les personnes malentendantes. Ces informations doivent aussi être facile à lire, avec des photos, symboles pour les personnes vivant avec des troubles psychosociaux et développementaux ; ainsi que le sous-titrage pour les sourds-aveugles, notamment sur les gestes barrières comme le lavage des mains et le port de masque. Les femmes doivent participer et bénéficier de la réponse Covid-19 à l’échelle nationale. Comme l’a souligné le Secrétaire Général de l’ONU, lorsque les femmes ne sont pas consultées, l’élaboration des politiques est moins susceptible d’être efficace et peut même nuire. Les ministères chargés de l’égalité des sexes et les organisations féminines doivent intégrer la dimension de genre dans les mesures conçues par les gouvernements pour faire face à la pandémie. Les besoins des femmes en matière de soins de santé devraient être protégés par un accès continu aux services et à l’information en matière de santé procréative. ONU Femmes s’est engagée à travailler avec les gouvernements africains, le secteur privé et les organisations non-gouvernementales pour s’assurer que les évaluations d’impact et les plans d’action nationaux sur le Covid-19 répondent aux besoins spécifiques des femmes et des filles en matière de protection, d’égalité d’accès aux ressources et de participation dans la prise de décision communautaire et nationale. L’inégalité entre les sexes porte préjudice à toute la société. Si nous ne le savions pas auparavant, COVID-19 l’a clairement démontré. Lorsque les femmes ne peuvent pas travailler, les effets sont ressentis par tous. Notons qu’au Niger, à la date du 12 mai 2020, sur 3.571 patients testés, 854 sont déclarés positifs au Covid-19 parmi lesquels 159 en cours de traitement, 648 sont sortis guéris et 47 décès, dont un bon nombre de femmes.

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