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Audit du ministère de la Défense nationale : Les uns comptent leurs morts, les autres, leurs milliards

Publié le lundi 1 juin 2020  |  nigerdiaspora.com
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© Autre presse par DR
Le rapport définitif sur les détournements de fonds au ministère de la Défense a été remis à la justice nigérienne
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Audit du ministère de la Défense nationale Les uns comptent leurs morts, les autres, leurs milliards Au-delà des discours, les masques sont définitivement tombés. Aujourd'hui, les Nigériens ont pu constater que ceux qui ont continuellement accusé certains citoyens de poser des actes ou de tenir des propos tendant à démoraliser les troupes, ont, eux, poignardé les soldats dans le dos. Dans le meilleur des cas, c'est en leur fournissant des armes et des munitions défectueuses. Sinon, il s'agit simplement, sans état d'âme, de soustraire des caisses de l'Etat et pour leurs profits personnels, les ressources publiques destinées à les équiper d'armes appropriées pour leur mission. En temps de guerre ! Et tandis les uns comptent leurs morts, meurtris et inconsolables, les autres comptent, joyeux et comblés, leurs milliards. Des milliards acquis sur des centaines de morts. Et plus le Niger enregistrait de morts, en général des soldats tombés sur le champ d'honneur car non-adéquatement armés pour faire face à l'ennemi, plus les artisans de cette tragédie nationale accumulaient les milliards et se les partageaient comme un butin de guerre. Des ministres, de grands commis de l'Etat, des officiers supérieurs de l'armée et des commerçants transformés en marchands d'armes ont imaginé, dans une sorte d'association de malfaiteurs, des formules et des alchimies dignes de la mafia sicilienne pour soutirer à l'Etat les moyens destinés à l'armée. En temps de guerre !

Des milliards gagnés, parfois " sans rien faire " par des faussaires

Dans le rapport d'audit, les enquêteurs ont estimé que la surfacturation, sur la seule période 2017-2019, est de 48 333 755 014 FCFA pour les dossiers étudiés. Quant au matériel, soit payé partiellement ou même totalement, mais n'ayant pas fait l'objet de livraison, il correspond à la somme de 27 801 628 459 FCFA. Le manque à gagner est, donc, au total, de 76 135 383 473 FCFA pour l'Etat nigérien. Des sommes astronomiques tombées dans l'escarcelle d'hommes politiques, de commerçants, officiers supérieurs de l'armée et ministres qui se sont partagé les montants. Dans la seule affaire de la maintenance des hélicoptères MI-35, ce n'est pas moins de 3 296 000 000 FCFA qui ont été surfacturés, avec une fausse concurrence et un contrat basé sur du faux. Quant à la période qui couvre la gestion de Karidio Mamadou, les dossiers non épluchés correspondent à une somme globale de 83 680 589 119 FCFA.

Même le pétrole est pris à crédit pour l'armée. Malgré par ailleurs les sommes colossales engagées au titre de la défense nationale. De 2010 à 2020, la fourniture d'hydrocarbures aux Forces armées nigériennes et à la Gendarmerie nationale est estimée à 22 11 601 933 francs CFA. Trois fois moins que ce qui a été empoché par des individus, entre 2017 et 2019, et qui est estimé à 76 135 383 473 FCFCA. Une aberration dans un pays producteur de pétrole depuis 2011.

…Et des morts à n'en plus finir pour le peuple

Les morts, on en a enregistré un nombre que personne ne saurait dire avec exactitude, le gouvernement n'ayant jamais fait le bilan global de ces macabres statistiques. Cependant, on sait désormais que plus il y a des morts et des attaques, plus les affaires de certains Nigériens prospéraient. Pas seulement des commerçants, mais également des officiers supérieurs de l'armée, des ministres et autres grands commis de l'Etat. Mais s'il n'y a aucune statistique officielle quant au nombre, assurément élevé, de morts dues au terrorisme, la rumeur, elle, s'est chargée de colporter des chiffres. Selon cette rumeur, abondamment servie sur les réseaux sociaux, il y aurait eu à ce jour 837 soldats tués, 47 chefs de village assassinés et 1300 civiles qui ont perdu la vie.

Triste bilan qui a fait la fortune de certains compatriotes.

Il n'y a pas mille façons d'appeler un chat, un chat. Ceux qui, sans vergogne, ont comploté avec des personnes extérieures, des bandits de grand chemin et des escrocs internationaux, pour spolier l'Etat et l'agenouiller ; ceux qui, par cupidité, ont poussé leur avarice jusqu'à mettre la sécurité et la défense du Niger en péril ; ceux qui, soldats égarés et prêts à tout pour se constituer une fortune que ne saurait leur procurer la vareuse et la casquette qu'ils ont choisi de porter, ont assurément trahi le Niger et son peuple.

Le Président Issoufou, dos au mur

Il a mille fois clamé son attachement à la bonne gouvernance, notamment la gestion des ressources publiques. Et aussitôt arrivé au pouvoir, il a créé, pour donner le gage de sa bonne foi, la haute autorité de lutte contre la corruption et les infractions assimilées (HALCIA). Aujourd'hui, avec le scandale des fonds de l'armée détournés, il n'y a plus lieu de se perdre en conjectures inutiles, en vains discours et tergiversations. Il s'agit de réagir, vigoureusement, à la hauteur de la gravité des faits rapportés dans le rapport d'audit. Une gravité par rapport à laquelle Daniel Vianou, enseignantchercheur à la Faculté de droit de l'université Abdou Moumouni de Niamey, a été formel : " le droit et la procédure en vigueur, à supposer qu'ils soient mis en oeuvre par les meilleures personnes et dans les meilleures conditions possibles, sont trop faibles et trop lents pour rendre justice au Niger ". Avant lui et bien d'autres Nigériens - et ils sont très nombreux - l'actuel ministre de la Défense nationale, Issoufou Katambé, a estimé que si ça ne tenait qu'à lui, les auteurs des crimes établis doivent être simplement passés aux armes. Mais, bien qu'il ait reçu le rapport et découvert le contenu avant tout le monde, Issoufou Mahamadou est resté coi et stoïque.

Lever les équivoques et clarifier les rôles

Les crimes ne peuvent laisser indifférent un chef d'Etat. Aussi bien au regard de ses fonctions et de ses pouvoirs régaliens que de la nécessité qui l'oblige à rechercher, d'une façon ou d'une autre, quelque conformité de ses actes d'avec ses discours. Issoufou Mahamadou est, donc, dos au mur. Il ne peut ignorer les faits sans donner de lui l'image d'un chef d'Etat sous la "bénédiction" et le couvert duquel tout a été planifié, organisé et exécuté. Président du Conseil de la magistrature et chef suprême des armées, il ne peut déroger à ses responsabilités de faire triompher la justice sans se compromettre gravement. Déjà, des rumeurs fortement distillées tendent à faire croire que là où le rapport d'audit est resté vague, sans précision de l'identité de l'intermédiaire nigérien, c'est qu'il y a Abba Issoufou derrière, son propre fils. Le Président Issoufou a par conséquent intérêt à lever les équivoques et à donner un coup d'accélérateur à la procédure judiciaire afin que la justice lave ceux qui n'ont rien à se reprocher et condamnent ceux qui ont commis ces crimes abominables qui s'apparent à de la haute trahison.
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