Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

Lettre au “président de la République” : Monsieur le Président, L’image que vous vous êtes tant battu à promouvoir à l’extérieur s’est effondrée avec les détournements des fonds destinés à l’armement des militaires nigériens

Publié le samedi 6 juin 2020  |  nigerdiaspora.com
Table
© Présidence par DR
Table ronde virtuelle sur la résilience africaine et l’après Covid 19 pour une nouvelle gouvernance mondiale
Le Président de la République, Chef de l’Etat, SEM Issoufou Mahamadou, a participé, mardi après-midi, 19 mai 2020, à une Table Ronde virtuelle de Haut Niveau, sur la résilience africaine et l’après Covid 19 pour une nouvelle gouvernance mondiale.
Comment


C’est curieusement par Rfi que vos compatriotes ont appris que le rapport d’audit du ministère de la Défense a été finalement cloné et que ce qui est issu de cette savante opération a réussi l’impossible puisqu’il est toujours resté muet sur la responsabilité des ministres et officiers supérieurs de l’armée tout en mettant d’accord le gouvernement et les fournisseurs sur les arrangements nécessaires. Vous savez bien que c’est du “koskorima” et que cela ne saurait vous dédouaner de votre responsabilité. Pour moi, en particulier, il n’y a rien de surprenant dans ces accommodements dont vous êtes le maître d’oeuvre. Dans cette affaire du ministère de la Défense comme dans tous les autres scandales qui ont scandé votre gouvernance, vous vous êtes montré trop indulgent, pour ne pas dire compréhensif vis à vi de ceux qui ont spolié l’Etat de ses ressources. Or, vous êtes le premier garant des intérêts de l’Etat. Avec tant de milliards détournés —et je ne parle seulement de la prédation du ministère des Finances — dans une totale impunité sous votre gouvernance, des compatriotes ont estimé que le pouvoir vous a façonné. Ils ont notamment parlé d’un autre Issoufou que le pouvoir a révélé. Or, les positions de pouvoir ne révèlent que la véritable personnalité, l’âme qui dort en vous. C’est pour dire que vous n’avez jamais été autre que celui dont les Nigériens ont essuyé, neuf ans durant, les misères des actes et propos.

Dans l’affaire du ministère de la Défense, des voix ont parfois avancé que — je me demande si ce n’est une fausse hypocrisie — eu égard à la gravité des faits auxquels sont liés des milliers de morts d’hommes — le chef de l’Etat que vous êtes prendrait, pour une fois, ses responsabilités. Lesquelles ? Vis-à-vis de l’Etat ou de vos camarades de lutte politique ? Je n’ai jamais compris lesquelles visaient-ils. Je me contente toutefois de constater qu’aucun, parmi ceux qui ont détourné des milliards ou des biens équivalents ou trempé dans le trafic de drogue, n’a été jugé et incarcéré. Ils sont même parfois promus à des postes de responsabilités supérieures. Tout le monde, aujourd’hui, l’a compris, y compris à l’extérieur où l’image que vous vous êtes tant battu à promouvoir s’est effondrée avec les détournements des fonds destinés à l’armement des militaires nigériens. Plus personne ne se laissera abusée par la propagande, sans doute intéressée, de certains médias internationaux sur une gouvernance — la vôtre — qui n’a en vérité aucun mérite. Les Nigériens, eux, savent tout de votre gouvernance puisqu’ils la subissent depuis neuf ans, avec des larmes et du sang. A l’extérieur, dans certains cas, c’est à présent qu’ l’on a compris que des instruments telle que la Haute autorité de lutte contre la corruption et les infractions assimilées (Halcia) ne sont que pour le décor et la propagande. Rien à voir avec la réalité.

Monsieur le “Président”

Le clone du rapport d’audit, opéré en vue de tout mettre sur le dos de fournisseurs et d’épargner les véritables auteurs des détournements des fonds de l’armée, ne saurait supplanter la vérité étalée dans le rapport original. Comment persistez-vous, dans cette gravissime affaire, à vouloir faire payer les fournisseurs alors que les auteurs des crimes sont tapis au sein de l’administration, sereins et tranquilles, car rassurés qu’aucune justice ne leur demandera des comptes. Nombre de nos compatriotes trouvent extraordinaire que vous restiez dans cette posture compromettante alors que les faits sont si graves. Ils affichent ainsi un air d’ignorance qui vous a beaucoup profité à l’extérieur. Or, ce qui est surtout extraordinaire, c’est pour moi de voir un Nigérien vous créditer d’un sursaut possible, voire d’un bénéfice du doute quant à votre responsabilité dans ce qui s’est passé au ministère de la Défense comme ailleurs. Combien sont-ils qui ont été accusés, soit par la Halcia, soit par votre gouvernement, d’avoir détourné des milliards mais qui ont, sans jamais avoir été jugés et blanchis, bénéficié d’une promotion ou d’une nomination ? N’est-ce pas une façon d’encourager et de promouvoir ces crimes ?

Monsieur le “Président”

Je dois vous dire, avec la sincérité et la politesse requises, que vos compatriotes vous soupçonnent fortement d’être sinon impliqué, du moins tenu en respect par certains acteurs du fait de l’implication de proches. Autrement, ils disent ne pas comprendre vos hésitations, vos atermoiements, face à une affaire dans laquelle aucun de vos pairs ne serait resté sans réagir vigoureusement. Je n’ose pas dire qu’ils parlent de refus systématique et d’opposition tenace de votre part à toute procédure judiciaire, mais je l’ai bien entendu ou lu. Le sujet, Moussa Tchangari, l’acteur de la société civile, l’a quelque peu effleuré en publiant ce ci sur sa page facebook : « le Président Issoufou, s’il n’est pas vraiment impliqué directement dans cette affaire, doit faire quelque chose pour arrêter le cirque des arrangements, en reconnaissant au moins que tout cela est quelque part de sa faute ». Tout est dit. Il ne peut y avoir meilleur soupçon.

Monsieur le “Président”

Vous avez, donc, je l’ai déjà dit la semaine dernière, le défi de vous laver de ces soupçons de plus en plus prononcés que vos compatriotes ont de vous dans cette affaire. Plus le temps passe, plus vous essayez des solutions tordues, plus les soupçons se font forts. Vous êtes, sur ce coup-là, en train de détruire le peu sur lequel vous pourriez miser pour vous tirer d’affaire. Ne l’oubliez pas, même Mohamed Bazoum auquel vous donnez l’impression d’être si attaché, ne laissera pas impunie cette affaire. Il y tirera une belle prime de reconnaissance et de fierté, tant il est vrai que nos compatriotes rendraient hommage à tout homme qui rendrait possible la reddition des comptes des acteurs. Attaqué à tort ou à raison, Mohamed Bazoum ne peut trouver, s’il devient président de la République, meilleure opportunité pour se faire une nouvelle virginité que de faire juger les auteurs, co-auteurs et complices de cette affaire. Et, sublime indice qui pourrait le prouver, ses partisans mettent au défi quiconque peut l’épingler dans une affaire de ce genre. Alors, y a-t-il plus séduisant pour Bazoum que de faire juger tous les mis en cause pour gagner la confiance de ses compatriotes ?

Monsieur le “Président”

J’ai appris que vous vous apprêteriez à former une nouvelle équipe gouvernementale, celle à qui, habituellement, on lègue le sale boulot de préparer la sortie. À une dizaine de mois de la fin de votre dernier mandat, je parie que vous allez vous appuyer sur des têtes neuves, des jeunes pétris d’ambitions politiques et épris de grandeur, corvéables à merci et prêts à tout pour mériter un strapontin. C’est vrai, à ce jour, il y a trois portefeuilles ministériels sans leurs titulaires. Cependant, je sais, pour avoir traîné mes oreilles en certains endroits, qu’il n’y a pas que cette raison qui vous pousse, à l’heure de la sortie, à changer d’équipe. J’ai appris et j’attends de voir, qu’il y aurait de grosses surprises dans les rangs des partants.

Avec ce remaniement gouvernemental, je me dis que c’est le crépuscule qui commence pour certains. Après neuf années de beurre et de soleil. Ma source m’a confié le zèle du ministre Morou Amadou face aux députés sur la loi controversée des interceptions des échénages électroniques tirerait son origine de cette perspective.

Monsieur le “Président”

Pourquoi changeriez-vous de gouvernement à une dizaine de mois de votre départ du palais présidentiel ? Moi, ça ne me dit rien qui suscite assurance. Je suis perplexe, mais le temps nous édifiera ou plutôt l’histoire jugera, comme dit le président guinéen, Alpha Condé.

Que Dieu bénisse le Niger et son peuple
Commentaires