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Arrestation des acteurs de la société civile et de la journaliste Samira Sabou : La position de la France est où dans cette dictature qui s’installe au Niger

Publié le lundi 20 juillet 2020  |  nigerdiaspora.net
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© Autre presse par DR
Le Palais de Justice de Niamey
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Ces défenseurs des Droits humains ne vont d’ailleurs pas pour la première fois en prison, ils sont coutumiers des geôles du régime du camarade socialiste qui ne peut s’accommoder de voix discordantes aidé en cela par les complaisances calculées de la France qui l’y encouragent, du moins par son indifférence vis-à-vis des droits humains et l’état des libertés dans le pays. Le Collectif français ne peut d’ailleurs pas donner sens à cet état de fait notamment lorsque ces défenseurs des Droits humains «croupissent en prison dans l’indifférence honteuse de notre [le collectif français] diplomatie française». Rien ne permet de comprendre cet acharnement contre ces hommes qui ne demandent pour leurs populations que la liberté, qu’une meilleure démocratie et une bonne et saine gestion des deniers publics aujourd’hui dilapidés par une clique de prédateurs qui doivent avoir eu une licence pour perpétuer le crime, la concussion. Pourquoi donc ce sont ceux-là qui vont en prison, non ceux qui ont spolié l’Etat, volé l’argent du contribuable ? Pourquoi la France peut-elle l’admettre au Niger et le refuser vigoureusement ailleurs dans d’autres pays dont les régimes sont constamment dénoncés par la France, et souvent même mis au ban de la communauté internationale ? Qu’a fait Issoufou Mahamadou pour la France pour mériter tant d’indulgence et de tolérance même en faveur de la malgouvernance et des atteintes aux Droits de l’homme ? La France, serait- elle décidée à renier ses valeurs pour protéger au Niger un de ses dispositifs les plus corvéables de la Françafrique ? On ne peut donc comprendre, lorsque ce régime s’accommode de narcotrafiquants notoirement reconnus et employés dans la sphère du pouvoir comme conseillers ou députés national, que l’on fasse semblant de combattre le terrorisme alors que l’on s’en sert à s’en mettre pleines les poches, lorsque la démocratie est louvoyée et que les élections sont trafiquées, lorsqu’on détourne de gros milliards , et qu’on continue à se taire, refusant de soutenir des acteurs qui ont fait le choix risqué pour leur vie et pour leurs libertés de défendre des valeurs de la République et de la démocratie.

Le collectif français rassure que les prisonniers du système Issoufou n’ont pourtant pas commis de crime. Comme a pu le dire Moussa Tchangari à sa sortie-surprise de prison, «c’est une affaire de force», ce que corroborent les associations françaises qui se demandent pour ce qui leur est arrivé quel pouvait être : «Leur crime ? Promouvoir [répond-il] » l’espace démocratique dans leur pays, le Niger, en demandant des comptes après que de graves allégations de détournements de fonds au sein du ministère de la Défense – des dizaines de millions d’euros alloués à la lutte contre les groupes armés – ont été rendues publiques en début d’année». Pourquoi donc ce sont de tels hommes à saluer et à soutenir et qui défendent la vérité et la démocratie qui vont en prison dans notre Etat de droit, non la pègre qui infeste le système que le régime est décidé à protéger. La France et l’Amérique, peuventelles comprendre la répression qui s’abat sur les Nigériens de la part d’un gouvernement pris en flagrant délit de faute qu’il cherche coûte que coûte à étouffer pour protéger ses acteurs indélicats, prenant le prétexte de la pandémie quand celle-ci n’a pas empêché que l’Amérique s’embrase à la suite de l’assassinant de George Floyd aux Etats-Unis et ce malgré que l’Amérique soit plus touchée par le Covid-19 ? Pourquoi donc les Nigériens, comme en peuple asservi, ne doivent-ils pas avoir le droit de manifester quand ça va mal dans le pays ? Le Collectif français en sait quelque chose, lui qui avise : «Le 15 mars, une manifestation organisée pour dénoncer cette situation [au ministère de la Défense] » et réclamer justice a été violemment réprimée par les autorités au prétexte de restrictions liées à la pandémie du Covid-19. Aujourd’hui des acteurs pacifiques sont en prison, sans doute abusivement, le système tentant de se débarrasser de ces «emmerdeurs» et autres trouble-fêtes à qui on cherche, par quelques montages grossiers, à faire endosser la responsabilités des bavures en les chargeant d’accusations graves et trouver ainsi le moyen facile de leur clouer le bec définitivement. D’ailleurs, pourquoi trois seuls doivent rester en prison quand c’est ensemble qu’ils mènent leurs actions, épargnant certains d’entre eux sans qu’on ne sache pourquoi ?

Le Collectif a noté que l’intention est de faire porter aux acteurs de la société civile la responsabilité de la tragédie issue de la gestion peu professionnelle du maintien d’ordre à l’occasion d’une manifestation pacifique où trois personnes ont trouvé la mort. «Aujourd’hui [, souligne-t-il ;] on veut leur faire porter la responsabilité de cette tragédie en fabriquant de graves charges contre eux [alors qu’ils n’avaient ni arme ni allumettes dans les mains, absents même du lieu de la manifestation]. Le prix pour ne pas avoir voulu se taire ?», s’interroge- t-il. Pourtant, à l’époque tous les témoins et même le correspondant de rfi arrivé sur les lieux du sinistre, avaient confirmé que l’incendie des boutiques était causé par les gaz lacrymogènes lancés par la police sur les manifestants pacifiques poursuivis jusque dans le marché Tagabatti.

Le silence de la France est d’autant curieux que parmi ceux-là, il y a un que la France honorait il y a quelques mois pour son combat citoyen : «Les nombreux appels au ministère des Affaires étrangères français [, se plaint le Collectif,] pour intervenir en faveur de leur libération sont restés sans réponse». Pire, pourra-t-on dire, « […] récompensé en décembre 2018 par le prix des Droits de l’homme de la République française, Maïkoul Zodi n’a même pas bénéficié de la protection de la France, et comme d’autres acteurs arrêtés, ne pourrait même pas mériter une liberté provisoire.

Descente aux enfers ?

Avec cette volonté désormais affichée du régime d’Issoufou Mahamadou de museler les Nigériens, avec ces élections électriques qui arrivent dans l’insouciance du gouvernement de Brigi Rafini, le Niger n’est pas loin de l’implosion surtout quand on peut voir de plus en plus d’acteurs se préoccuper de la situation inquiétante du pays avec bien d’acteurs qui s’en démarquent, pour l’instant du moins, dans les discours.

Pour ce pays qui tangue et où les langues commencent à se délier, le collectif ne peut cacher ses appréhensions : « […] la France garde un silence coupable sur l’inquiétante dégradation des libertés publiques au Niger que [les] organisations constatent et dénoncent depuis plusieurs années, et qui s’intensifie ces derniers mois. Le confinement imposé pour limiter la progression de la pandémie du Covid-19 n’a malheureusement pas confiné la répression. Il semble au contraire avoir servi d’accélérateur à un rétrécissement toujours plus étroit de l’espace civique».

Aujourd’hui donc la situation du Niger est très préoccupante. Beaucoup de Nigériens s’inquiètent pour leur pays et il y a depuis des jours une prise de conscience nationale et nationaliste de la part d’acteurs et de regroupements associatifs qui commencent à donner de la voix depuis qu’ici et là, l’on a fini par comprendre l’intention du parti de Bazoum Mohamed de «voler» les élections pour se donner une majorité qui pourrait lui permettre de se passer d’alliance et donc de ne pas s’encombrer de l’attelage d’autres partis politiques. C’est pourquoi, aujourd’hui, les observateurs de la scène politique africaine et les Nigériens plus particulièrement, ne comprennent pas ces mutismes coupables d’une France qui a subitement appris à être gentille pour une aussi scabreuse affaire que d’aucuns qualifient de scandale du siècle.

Ne pas tenir compte de cette donne pourrait être fatal pour une Renaissance si têtue à ne rien entendre et à ne tenir compte de rien et de personne.

La France est où dans cette crise qui s’installe, se demande-t-on encore ?



A.I
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