Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article
Société

Partenariat UEMOA-CORAF : grâce à la recherche, de grandes avancées pour une agriculture plus productive et compétitive en Afrique de l’ouest

Publié le lundi 27 juillet 2020  |  actuniger.com
Agriculture
© Autre presse par DR
Agriculture : 1 500 000 hectares de cultures affectés par une mineuse d’épis dans la région de Maradi
Comment


Dans le cadre de la convention de partenariat entre l’UEMOA et le CORAF pour la mise en œuvre du Programme de recherche sur les secteurs agricoles prioritaires (PreFAP), une conférence de presse virtuelle de présentation des acquis enregistrés a été organisée le mercredi 22 juillet 2020 dans les 8 pays membres de l’Union. A cette occasion, le Commissaire à l’Agriculture de l’UEMOA, Jonas Gbian, et le Directeur exécutif du CORAF, Dr Abdou Tenkouano, ont exposé les résultats atteints à travers la mise en œuvre de trois principaux programmes par le CORAF sur financement de l’UEMOA sur la période 2014-2019, et qui ont permis, entres autres, de booster la production agricole, d’améliorer l’accès des populations à une alimentation saine et de renforcer la compétitivité des produits locaux.

Dans le cadre de la mise en œuvre de la Politique agricole de l’Union (PAU), l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) a signé le 17 décembre 2014, une convention de partenariat avec le Centre de recherche ouest africain pour la recherche et le développement de l’agriculture (CORAF). Dotée d’une subvention de 1,5 milliards de francs CFA financé par l’UEMOA, cette convention est destinée à mettre en œuvre le Programme de recherche sur les secteurs agricoles prioritaires (PreFAP) pour une durée de cinq (5) années. L’investissement devrait particulièrement servir à améliorer les secteurs du maïs, du coton, de l’élevage, de la volaille et de l’aquaculture grâce à la recherche et pour une meilleure mise en œuvre du PreFAP, il a été subdivisé en trois principaux programmes. Il s’agit du Projet pour l’Amélioration de l’accès au financement des acteurs du maillon commercialisation de la filière maïs (AMAFINE) ; du Projet pour la Valorisation des tiges de coton en panneaux de particules (VATICOPP) et du Projet pour la Valorisation des ressources génétiques animales et de l’aquaculture locale (PROGEVAL).

Le PreFAP qui est un programme de recherche collaborative s’est achevé en décembre 2019 et selon le rapport d’activités élaborées par l’UEMOA et le CORAF, publié le 14 juillet dernier, il a significativement permis de revitaliser les secteurs du coton, du maïs et de l’élevage. En Afrique de l’Ouest. Le programme a également permis de renforcer la résilience des communautés bénéficiaires et a contribué à améliorer les moyens de subsistance de milliers de personnes dans les États membres de l’UEMOA. Selon le rapport, l’économie alimentaire des pays membres de l’Union est actuellement estimée à 43 milliards de dollars US, ce qui représente près de 30 % du produit intérieur brut. Cela fait du système alimentaire un pilier majeur des huit économies de l’UEMOA. Du Bénin au Burkina Faso en passant par la Côte d’Ivoire, les petits exploitants agricoles ont considérablement amélioré leur situation grâce à l’adoption d’innovations éprouvées diffusées par le CORAF et les partenaires nationaux des instituts de recherche. «Pour nous, ces résultats répondent de manière significative à nos attentes», s’est félicité M. Abdallah Boureima, Président de la Commission de l’UEMOA. De son coté, Dr Abdou Tenkouano, Directeur Exécutif du CORAF, a aussi souligné que «cet investissement a considérablement renforcé la résilience et les moyens de subsistance des bénéficiaires dans la communauté de l’UEMOA».

Résultats satisfaisants

Tous les huit pays de l’UEMOA ont tous bénéficié du projet. Le Bénin, le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire pour le projet AMAFINE. Le Bénin, le Mali et le Togo pour le projet VATICOPP. Et le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée Bissau, le Niger et le Sénégal pour le projet PROGEVAL. Au total, huit mille cinq cent quarante-six (8.546) ménages ont bénéficié directement du projet, dont vingt-trois pour cent sont des femmes. La plupart des technologies générées tout au long du projet ont été diffusées par le biais de plateformes d’innovation. Il s’agit de lieux d’échange, d’apprentissage, de partage et d’adoption informels de technologies, d’innovations et de meilleures pratiques agricoles entre les principaux acteurs de la chaîne alimentaire d’une communauté donnée. Au total, quinze plateformes d’innovation ont été créées et fonctionnent dans les huit pays de l’UEMOA. Environ 5 500 personnes ont interagi sur ces plateformes, ce qui représente 27 % des femmes. Emile Adimou est le président d’une plateforme d’innovation regroupant les acteurs de la filière cotonnière au Bénin. Le Bénin, le Mali et le Togo ont participé à la diffusion d’une technologie innovante 14 Juillet 2020 pour transformer les tiges de cotonniers en panneaux de particules. Le résultat a permis de transformer un résidu jusqu’alors sans valeur en une activité génératrice de revenus. «Je pense que c’est une bonne initiative qui contribuera à réduire la pauvreté et à augmenter les revenus des femmes et des jeunes au Bénin, déclare Emile Adimou. «La pisciculture a sauvé ma vie et celle de ma famille,» Près d’un quart de l’investissement total a été consacré à la compréhension de la composition génétique des ovins, bovins, pintades, tilapias, etc. ainsi qu’à l’augmentation de leur production. Les résultats des recherches menées dans le cadre du volet «élevage» du projet ont contribué à l’augmentation des revenus et des moyens de subsistance des pisciculteurs de la région et en particulier de la Côte d’Ivoire. Ivoirien de 54 ans, Klodan Sanogo a été l’un des bénéficiaires de la technologie de pisciculture. «La pisciculture a sauvé ma vie et celle de ma famille. Depuis que j’ai reçu de nouveaux aliments et des alevins, ma production a considérablement augmenté», explique Klodan Sanogo. Outre l’amélioration des revenus, l’un des impacts indirects les plus importants du projet a fini par être le renforcement des liens sociaux entre des tribus auparavant antagonistes. En réunissant des pisciculteurs de tribus auparavant hostiles, les anciennes rivalités ont été apaisées et les vieilles blessures ont été guéries. La Côte d’Ivoire a connu une crise civile brutale après les élections de 2010. Entre décembre 2010 et avril 2011, environ 3.000 personnes auraient été tuées à la suite d’une impasse sur le vainqueur des élections présidentielles. Le projet a également contribué à préparer la future génération de scientifiques en Afrique de l’Ouest avec 25 étudiants - dont 36 % sont des femmes, ont obtenu des masters et des doctorats grâce au projet.

Productivité et compétitivité, des priorités de la politique agricole de l’UEMOA

La conférence de présentation et de vulgarisation des résultats obtenus grâce à la convention entre la Commission de l’UEMOA et le CORAF a réuni une cinquantaine de journaliste des pays membres de l’Union. A cette occasion, le Commissaire de l’UEMOA en charge de l’Agriculture, des Ressources en Eau et de l’Environnement, Mr Jonas GBIAN a situé le contexte dans lequel a été signée cette convention ainsi que les raisons qui ont justifié le financement par l’UEMOA du PreFAP qui a été mis en œuvre par le CORAF. Il a en ce sens rappelé que l’objectif principal de la Politique Agricole de l’Union (PAU), adoptée en 2001 par les plus Hautes Autorités de l’UEMOA vise principalement l’autosuffisance alimentaire des populations et l’amélioration. La PAU est aussi axée sur l’intensification des systèmes de production et l’amélioration de l’environnement de la production, a poursuivi le Commissaire GBIAN, qui a également rappelé le secteur agricole participe pour une part importante, à la formation du PIB régional et emploie près de 80% de la population active. Cependant, a-t-il ajouté, « malgré cette position stratégique de l’Agriculture dans les économies de nos Etats, notre production agricole se caractérise par une faible productivité, une prévalence de la malnutrition, une pauvreté rurale ainsi qu’une insécurité alimentaire récurrente ». C’est pourquoi et pour faire face à cette situation, « l’accroissement des productions agricoles est devenu un axe majeur pour la réalisation de la sécurité alimentaire ». Ainsi, selon le Commissaire en charge de l’Agriculture de l’UEMOA, la Commission de l’UEMOA a décidé de financer la Convention de mise en œuvre des programmes prioritaires de recherche agricole de l’espace communautaire.

« L’appui financier ainsi apporté au CORAF sous forme de subvention a permis d’enregistrer des acquis appréciables permettant d’améliorer la productivité et la compétitivité de cinq (05) filières prioritaires retenues par les Etats membres et sur lesquelles la Commission de l’UEMOA travaille, à savoir : le riz, le maïs, le coton, le bétail-viande et l’aviculture. Il faut souligner que les contraintes liées à l’amélioration de la compétitivité de la filière aquacole ont également été prises en compte dans la mise en œuvre de cette Convention. Cette contribution financière de la Commission de l’UEMOA a permis entre autres : de générer des technologies au profit des utilisateurs ; de renforcer les capacités des institutions de recherche agricole de la sous-région, en les dotant d’équipements de laboratoire de pointe et de consommables ; de renforcer le capital humain à travers l’initiation à la recherche de jeunes chercheurs et les formations diplômantes qui ont produit de nombreux ingénieurs ainsi que des titulaires de Masters et de thèses de doctorat ». M. Jonas Gbian, Commissaire de l’UEMOA en charge de l’Agriculture, des Ressources en Eau et de l’Environnement.

Selon le Commissaire Jonas Gbian, cette contribution vient s’ajouter à des financements des actions de recherche-développement à travers plusieurs conventions d’appui que la Commission de l’UEMOA a signées avec d’autres partenaires, notamment : AfricaRice pour le « projet d’appui technique au programme de mise en œuvre des grandes orientations de la PAU en vue de la relance du secteur rizicole en Afrique de l’Ouest ; l’Université Nazi BONI de Bobo-Dioulasso pour la mise en œuvre du « Projet de Développement d’une filière de production de semences améliorées de poissons tilapia du Nil (Oreochromis niloticus) et de poisson chat africain (Clarias gariepinus), pour améliorer la disponibilité des stocks génétiquement plus productifs de ces deux espèces, le CILSS (Comité Permanent Inter-Etats de lutte contre la sécheresse au Sahel) pour le renforcement du dispositif sur la sécurité alimentaire, la lutte antiacridienne et la gestion des pesticides ; le Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de l’Innovation « MESRSI » du Burkina Faso pour la valorisation de variétés de maïs à haut rendement dans l’espace UEMOA et enfin; le Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest pour des réflexions stratégiques sur des thématiques transversales touchant la sécurité alimentaire et nutritionnelle, l’urbanisation, l’économie alimentaire, le genre et développement.

Dans son intervention, le Commissaire Jonas Gbian n’a pas manqué de féliciter toutes les parties prenantes et les acteurs qui ont contribué à la mise en œuvre diligente de la Convention et les a inviter à s’approprier et à mettre à l’échelle, les acquis obtenus durant ces cinq (05) années de travail. Au nom de la Commission de l’UEMOA, il a remercié le Directeur exécutif et l’ensemble de l’équipe du CORAF pour la qualité du travail et des résultats obtenus, en si peu de temps. Il a enfin « réaffirmer la disponibilité de la Commission de l’UEMOA à accompagner les Etats membres de l’Union pour l’amélioration de la productivité et de la compétitivité de nos filières agricoles en vue de contribuer, de manière durable, à la sécurité alimentaire et nutritionnelle au sein de notre espace ».

Capitalisation et pérennisation des acquis

Intervenant à son tour, le Directeur exécutif du CORAF a, au nom de Dr. Ângela Maria P. B. da Veiga Moreno, la PCA de l’institution qui est basée à Dakar au Sénégal, est revenue sur le travail qui a été fait par le CORAF pour atteindre les objectifs assignés dans la convention avec l’UEMOA. « Le PreFAP a mobilisé les intelligences des acteurs des chaines de valeur ajoutées concernant le maïs, le coton, le bétail-viande, l’aviculture et l’aquaculture avec comme mots clés : intégration régionale, partenariat, coalition, inclusion, mutualisation des efforts, avec en ligne de mire l’amélioration durable des conditions de vie des populations de l’UEMOA », a fait savoir Dr Seidou Tenkouano, qui a ajouté que le CORAF, c’est 23 Systèmes Nationaux de Recherche agricole (y compris les Universités) d’Afrique de l’Ouest et du Centre et leurs partenaires des Organisations Régionales de Producteurs, de la Société Civile, du Secteur Privé, des Institutions Internationales de Recherche Agricole et des Organisations Non-Gouvernementales, qui se sont mis en ensemble pour fédérer leurs efforts de recherche et de développement agricole.

« Nous sommes heureux de constater que les efforts conjoints du CORAF et de l’UEMOA pour répondre à une partie de nos besoins alimentaires, principalement grâce à la production nationale, se sont progressivement réalisés avec des effets favorables sur la balance commerciale régionale. Nous devons donc être conscients que dans notre région, nous n’avons pas encore atteint les objectifs recommandés en termes d’autosuffisance en ce qui concerne les produits tels que les racines et les tubercules, les céréales et les légumineuses. Et que nous avons également le défi régional de créer des opportunités pour les familles en vue de l’amélioration de leurs moyens de subsistance et de l’atteinte de l’objectif 2 des ODD. En dépit des améliorations de la production et de la productivité agricoles au cours de ces dernières années, l’insécurité alimentaire demeure une préoccupation dans plusieurs pays de notre région ; ce qui représente un indicateur de l’urgence de la mise en œuvre des programmes intégrés de développement rural pour les populations vulnérables. Au nombre de ceux-ci, en plus de la pandémie actuelle, nous avons le changement climatique, l’utilisation de la bioénergie et l’augmentation significative du prix des céréales. Ces nouveaux problèmes qui sont d’actualité méritent notre réflexion et la prise de mesures conservatoires au niveau mondial, et, j’en suis convaincu, ils seront abordés au cours de nos réflexions sur la manière de capitaliser sur les résultats obtenus dans ces 3 importants projets ». Dr Seidou Tenkouano, Directeur exécutif du CORAF.

Il faut noter qu’au cours des échanges entre les médias et les responsables de l’UEMOA et du CORAF, il a été mis en exergue la nécessité de capitaliser sur les résultats atteints et surtout de pérenniser sur les résultats acquis par ces projets pilotes. Au regard du potentiel de la sous-région et surtout de l’importance cruciale de l’agriculture dans le développement économique de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, il devient nécessaire de renforcer l’adoption des innovations et technologies dans le secteur agricole afin d’accroitre la productivité agricole, de surmonter la pauvreté, d’améliorer la sécurité alimentaire et d’augmenter les revenus des populations surtout rurales. C’est ce que vient de démontrer le partenariat entre le CORAF et l’UEMOA, qui a incontestablement contribuer, comme en témoignent les résultats enregistrés en cinq ans et grâce à une subvention assez modeste, à booster la productivité agricole et améliorer la compétitivité des produits locaux de la zone.
Commentaires