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Lettre ouverte au Président de la République du Niger, Président en Exercice de la CEDEAO sur la crise au Mali : Par Djibrilla Mainassara Baré - Citoyen Nigérien

Publié le mardi 28 juillet 2020  |  nigerdiaspora.net
Plénière
© aNiamey.com par DR
Plénière de la Session extraordinaire virtuelle 2020 du Parlement de la Cedeao
Abuja, 25 juillet 2020. Clôture de la Session extraordinaire virtuelle de la 5ème Législature du Parlement de la Cedeao ouverte le mardi 21 juillet 2020.
Comment


Monsieur le Président de la République,

J’ai suivi avec un grand intérêt, à l’instar de tous nos compatriotes et les membres de notre communauté ouest africaine, la mission que vous avez eu à conduire en compagnie de vos homologues de la Côte d’Ivoire, du Ghana, du Nigéria, et du Sénégal, ce jeudi, à Bamako, pour tenter d’obtenir un accord sur la contestation qui secoue le Mali depuis maintenant plus d’un mois. Le tout dans le cadre du Protocole A/SP1/12/01 Sur la Démocratie et la Bonne Gouvernance Additionnel au Protocole Relatif au Mécanisme de Prévention, de Gestion, de Règlement des Conflits, de Maintien de la Paix et de la Sécurité, régissant notre communauté. Votre mission faisait suite aux difficultés rencontrées par les deux premières missions dépêchées par la CEDEAO.

Les Africains dans leur ensemble fondent un grand espoir sur ce Sommet Extraordinaire des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO par visioconférence que vous aurez à présider ce jour afin de trouver une solution consensuelle à la crise malienne.

A l’instar de nombreux autres Africains et citoyens du monde, je me pose la question de savoir si vous êtes la personnalité la mieux indiquée pour mener à bien cette stratégique et délicate mission. Puisque, à y regarder de près, les griefs que le peuple Malien impute à son président, c’est-à-dire la mal gouvernance, est identique à quelques points près à celle que l’opposition politique Nigérienne a décrite à travers ses précédentes déclarations des 13 et 20 juin 2020. Si l’on tient compte du fait que, malgré les travers de sa gestion, que lui reprochent ses pourfendeurs, le président Malien n’a pas enfoncé et maintenu son pays au dernier rang du classement mondial annuel des pays en termes d’Indice de Développement Humain (IDH), qui demeure l’un des indicateurs les plus significatifs de la bonne gouvernance économique, huit (8) fois en 9 ans de gouvernance.

Le président Malien a, certes, « juré devant Dieu et le peuple Malien », avant sa prise fonction, donc contrairement à vous, il n’a pas prêté serment « sur Le Livre Saint de sa confession », ce qui constitue un serment autrement plus engageant, et porteur de malédictions de toutes sortes en cas de parjure. Les autres présidents et chefs d’institutions, contrairement aux nôtres, n’ont pas non plus été soumis à un serment confessionnel plus contraignant.

Ne pouvez-vous pas alors, vous inspirer du proverbe Arabe qui dit que « Celui qui enseigne le bien aux autres, sans le faire, est semblable à l’aveugle qui porterait une lanterne », et vous désister ?

Puisque à entendre l’Opposition Politique Nigérienne, tel qu’il ressort de ses précédentes déclarations :

Dès votre élection en 2011, n’avez-vous pas mis en place un système de prédation fondée sur la corruption et l’impunité qui ont gravement impacté l’ensemble des secteurs de la vie sociale, économique, politique, administrative, culturelle et surtout la situation sécuritaire du Niger, voire de la sous-région ?
N’avez-vous pas, avec vos amis politiques, mis en place un véritable système de captation des richesses nationales, de mainmise sur l’appareil d’Etat et sur l’administration publique, de prise d’intérêts personnels dans tous les secteurs économiques et financiers ?
Et en définitive, cette façon de gérer, n’a-t-elle pas empêché l’Etat d’assumer ses fonctions régaliennes de sécurité et de développement, et a conduit le Niger au bord du gouffre et compromis la stabilité dans le Sahel ?
Cette situation, n’a-t-elle pas eu pour conséquence :

l’immixtion flagrante d’intérêts privés qui ont pris le contrôle total de la gestion des affaires publiques ?
des détournements massifs et documentés des fonds alloués, y compris ceux alloués à nos Forces de défense et de sécurité, pour un pays en guerre et sous assistance africaine et internationale ?
l’instrumentalisation de la crise dans les Régions de Tillabéry à l’Ouest et de Diffa à l’Est pour un enrichissement personnel ?
le développement de toutes sortes de trafics et de pratiques impactant la sous-région ?
la remise en cause de l’unité nationale et du vivre-ensemble par le concassage des partis politiques et le massacre de populations civiles ?
du laxisme et des complicités dans la lutte contre le terrorisme qui a été importé à tort des pays voisins par des postures va-t’en guerre des autorités pour des raisons inavouables ?
le non-respect de multiples engagements pour la décrispation de la situation sociopolitique et sécuritaire ?
l’abandon de secteurs entiers de la vie socio-économique (école, santé, secteur agricole, infrastructures …) ?
des arrestations arbitraires et les incarcérations ?
Des violations répétées de la Constitution ?
des fraudes électorales qui ne permettent plus aux élections de jouer leur rôle régulateur, notamment lors l’élection des députés en 2015 et du scrutin présidentiel de 2016 ?
des interdictions systématiques des manifestations et/ou leurs répressions sanglantes ?
Dans la présente lettre ouverte, je me garderais d’énumérer les dizaines de scandales financiers qui ont émaillé, tout au long de ces neuf dernières années, votre gouvernance que vous avez baptisée du nom de « Renaissance ».

Puisque gouverner c’est prévoir, et afin d’éviter à notre pays une crise de l’ampleur de celle qui prévaut au Mali voisin et qui plongerait davantage notre sous-région dans l’incertitude, ne pensez-vous pas qu’il soit grand temps pour vous de vous impliquer davantage sur le déroulement du processus électoral en cours qui fera à coup sûr le lit d’une crise, et vous sensibiliser sur le contenu du livre blanc que l’opposition politique vient d’élaborer et publier, ce 23 juillet 2020 ?

J’ai tenu, à travers la présente lettre, à informer l’opinion internationale en particulier Régionale, dont vos pairs de la CEDEAO sont les Hauts représentants qui animeront le Sommet Extraordinaire sur la crise au Mali que vous aurez l’honneur de présider ce jour du fait qu’à l’instar de ce pays :

La situation sociopolitique de notre pays se caractérise par une régression manifeste des valeurs et des acquis républicains et démocratiques qui ne rassurent guère quant à la volonté d’organiser des élections libres et honnêtes. L’adoption d’un Code électoral taillé sur mesure, la mise en place d’une CENI non consensuelle, le remplacement arbitraire des conseils municipaux élus, par des organes administratifs animés par des militants du PNDS-Tarayya, sont illustratifs de cette dérive, notamment par la fixation tardive de la date d’organisation des élections régionales et municipales.
Le régime semi-présidentiel que consacre notre Loi Fondamentale s’est mué en régime présidentialiste marqué par la concentration de tous les pouvoirs entre les mains du Chef de l’Etat.
L’examen du processus électoral à la lumière des règles de bonne conduite en la matière laisse apparaître que le PNDS-Tarayya, le parti qui vous a porté au pouvoir, s’est allégrement affranchi du respect des normes et usages constitutionnels ainsi que des standards internationaux.

L’analyse du processus biométrique a fait donc ressortir de nombreux dysfonctionnements et irrégularités à toutes les étapes. :
L’opposition politique nigérienne a conclu qu’au regard de la situation chaotique qui se pointe à l’horizon, seule, la création d’un cadre de dialogue national inclusif et sincère pourrait contribuer à désamorcer la situation tendue entre l’opposition que nous représentons et le pouvoir.

Ce dialogue pourrait avoir comme sujets à débattre, les questions ci-après :

l’adoption d’un Code électoral et la mise en place d’une CENI consensuels ;
la réhabilitation du Conseil National de Dialogue Politique (CNDP) ;
l’accès équitable aux médias d’Etat ;
l’enrôlement et le vote des nigériens de l’extérieur ;
la démission des membres actuels de la Cour Constitutionnelle et sa recomposition sur une base consensuelle ;
la décrispation du climat politique et social.
Il ressort de ce qui précède que le cadre du processus électoral tel qu’il est conduit dans notre pays, ne laisse entrevoir aucune possibilité favorable à des élections libres, transparentes, honnêtes et inclusives que vous avez toujours déclaré souhaiter organiser à l’issue de votre deuxième et dernier mandat. Ce qui représente un facteur conflictuel grave dans notre pays connu pour son instabilité politique et sa fragilité.

Vous l’avez certainement noté, l’Opposition Politique Nigérienne a réaffirmé sa détermination à se battre pour la restauration de la démocratie, de l’Etat de droit et de la défense de la République. Donc de relever le défi de pouvoir inverser le rapport de force qui lui a été lancé par le président et candidat de votre parti à la présidentielle.

C’est pourquoi, je me fais le porte-parole de mes compatriotes en particulier, et des Africains en général, soucieux de la stabilité et de la paix pour notre pays et notre Sous-région, pour vous implorer de vous impliquer personnellement dans la résolution de cette crise préélectorale qui risque de s’aggraver et se greffer à celle du Mali avec son cortège de morts et de blessés parce qu’au moins dans ce pays, les autorités permettent au peuple d’exprimer son mécontentement dans la rue.

Veuillez agréer, Monsieur le président de la République, l’expression de ma déférence.


A Niamey, le 27 juillet 2020

Djibrilla Mainassara Baré - Citoyen Nigérien et Malien de cœur

Candidat à l’élection présidentielle 2020-2021au titre de l’UDFP SAWABA
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