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Mahamadou Issoufou - Kassoum Moctar : coups de pied au nez de la presse en région ?
Publié le mardi 16 avril 2013   |  Le gardien


Mahamadou
© Autre presse par DR
Mahamadou Issoufou


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Il est difficile de parler, dans la même phrase, du président de la République, chef de l’Etat, SEM Mahamadou Issoufou et du président du Conseil de Ville de Maradi, Kassoum Mamane Moctar ; tant les deux personnages semblent antithétiques. Pourtant, si l’on regarde de près, les deux hommes présentent bien de points communs, notamment dans leurs relations avec les médias et les hommes des médias.



Dès que l’on évoque les relations du Président Issoufou avec la presse, on a directement à l’esprit la fameuse déclaration de la table de la montagne qu’il a signée et qui met les journalistes à l’abri de toute poursuite pour délit commis par voie de presse. Le Président Issoufou a lui-même répété à maintes occasions que, jamais, il ne poursuivrait un journaliste. Pour nombre d’observateurs donc, Mahamadou Issoufou est l’un des rares leaders politiques, sinon le seul à ne pas avoir bâti sa réputation dans les procès contre les organes de presse ou des journalistes. En plus, il rencontre la presse plus fréquemment que tous les présidents que nous avons connus jusque là, et ce au point où certains de ses adversaires politiques le taxent d’être avide de paroles. Ca, c’est le Mahamadou Issoufou que l’on connaissait, celui qui nous épatait. Mais malheureusement, depuis peu et comme un sphinx, la figure du président Issoufou semble se dédoubler. A côté ou en dessous de l’homme gentil et toujours à l’écoute se trouve un autre : celui qui divise, catégorise et hiérarchise sans grille objective.

Ainsi tout le monde se rappelle qu’à l’approche de la commémoration du deuxième anniversaire de son accession au pouvoir et certainement pour marquer un grand coup médiatique, les services de communication de la présidence ont commandé une mission de journalistes du public et du privé dans toutes les régions. Cette campagne de communication avait pour but de montrer les réalisations obtenues dans le cadre de la mise en œuvre du fameux programme de la renaissance, un programme à l’arrière parfum des bottes d’un certain général Salou Djibo.

Mais tout celui qui regarde les programmes de la télévision publique, notamment le journal des régions sait qu’on parle beaucoup du programme de la renaissance. La renaissance est aussi médiatisée que le Tazarcé ou même plus. On en parle d’ailleurs tellement et si maladroitement qu’on met les téléspectateurs dans une position inconfortable. Ainsi au moment même où ils n’ont rien en poche et sont criblés de dettes, on leur apprend que tout va bien au Niger, qu’on a ou qu’on aura une croissance à deux chiffres, comme si n’importe quel pays avec n’importe quelle équipe gouvernementale dans n’importe quelles conditions pouvait réaliser les prouesses de la chine.

C’est donc pour embrigader davantage les masses paupérisées (le paupérisme, c’est que nous vivons en région, le Président doit le savoir : rien ne va plus et les ménages sont au bord de l’implosion à cause du couper coller quotidien) que les confrères de la capitale, les « grands journalistes de Niamey » sont venus tendre le micro et ou pointer l’objectif de la caméra pour entendre les directeurs régionaux et autres responsables des services techniques. Ces derniers, politiquement venus pour la plupart, n’ont pas d’autre choix que de jouer le jeu en dressant des bilans hautement élogieux mais franchement mensongers.

Dans le principe, l’idée est très pertinente car nous vivons dans un monde dominé par la communication. Mais pouvait-on avoir une telle idée et ignorer comment la mettre en œuvre ? Qui est étroit d’esprit au point d’ignorer que tous les organes de presse représentatifs de l’univers médiatique national ont des correspondants et des représentations en région. Qui est plus proche des populations que ceux-là même qui vivent avec eux et partagent leurs véritables préoccupations ? Les services de communication de la présidence ne savent pas cela ? Ne savent-ils pas aussi que ceux qui sont en région sont des journalistes et qu’ils connaissent le terrain mieux que quelqu’un qui est juste de passage, qui n’a pas d’attache avec le terroir. C’est dire que cette mission a beaucoup frustré les confrères des régions visitées, quoique leurs organes aient fait échos de la mission. Mais le président de la République, puisque c’est lui qui a un mandat (les autres étant justes des survêtements dont on peut se défaire), pouvait-il accepter que ses propres services de communication catégorisent les journalistes ?

En réalité, les populations en région ont eu l’impression que le sujet était tellement délicat que seuls ceux venus de Niamey pouvaient s’en sortir. Et elles avaient certainement raison dans une certaine mesure car la gymnastique à accomplir était telle que celui qui avec est les populations ne peut tenir certains propos sans être ridicule. En effet, la mission était à Maradi exactement un an, jour pour jour après la dernière visite du président de la République. A cette occasion, le chef avait annoncé un taux de croissance de 15% et invité les opérateurs économiques de la région à prendre une part active dans le renouveau économique. Ce renouveau se fait encore attendre comme d’ailleurs le fameux taux de croissance qui est retourné dans les valises présidentielles, vivement qu’il sorte d’ailleurs. Pendant la période du passage de cette même mission à Maradi, la mesure de mil valait 750F, le transit était en grande difficulté et les recettes douanières en baisse drastique. Au même moment et comme pour démentir les confrères, le CEPRASE était débrayage pour réclamer le paiement des pécules des enseignants contractuels. Syndicats d’enseignants et d’élèves rivalisaient d’ardeur pour essayer de battre le nombre de jours de grève au cours d’une année scolaire.

Mieux, l’interlocuteur direct en pareille circonstance, ce sont les services du gouvernorat. A Maradi, la mission a constaté que les feux optiques sont rendus invisibles par une horde de mendiants juste à l’entrée du gouvernorat, véritable symbole de l’Etat et qui prouve que si la misère est présente jusqu’aux portes du gouvernorat, inutile d’aller dans les quartiers populaires. Le nigériens n’est pas dupe. Si tout va bien, il sent dans sa poche, dans son foyer, son quartier, sa mosquée….. Mais là tout se passe comme si on voulait nous allons bien dans notre corps et notre esprit alors que les indices que nous percevons prouvent le contraire. Sinon quel est le nigérien qui n’a aucune relation avec le pouvoir en place et dont les affaires prospèrent ? Tout se passe comme si la démocratie consiste à gaver ceux qui ont milité en lisant juste quelque slogan et à affamer les populations. Mais dans ce cas, à quoi sert-elle ?

Du point de vue sanitaire, la région fait face à une monstrueuse démission des pouvoirs publics. Le mur de clôture et la plupart des pavillons du Centre Hospitalier Régional sont construits par les bonnes volontés alors même que c’est un hôpital public. Pire, la région compte plus de trois millions d’âmes au même moment cet hôpital ne dispose ni de scanner ni de matériel de fibroscopie. Beaucoup de malades, surtout les accidentés, décèdent faute de soins et de plateau technique de pointe. Les responsables politiques et administratifs, leurs proches et tous ceux qui ont crié pendant la campagne pouvant aisément être évacués en cas de nécessité à Niamey ou à l’extérieur, c’est comme si on disait aux pauvres d’aller se faire voir au pluriel ! Pourtant, le Président Issoufou a maintes fois affirmé qu’il avait comme modèle le Calif Oumar Bin Kathab. Quand on sait que celui se promenait nuitamment à Médine pour sonder les foyers où il n’y avait pas à manger et que la justice sociale est le terme le plus vide de sens au Niger.

En somme, la mission commandée par les éminences grises de la présidence s’est soldée par un échec cuisant, un fiasco total tout simplement parce qu’elle a été mal conçue, mal pensée et mal exécutée. A dire que l’on y a injecté des sommes astronomiques pour produire juste un effet boomerang, les populations ayant eu l’impression qu’on se moquait d’elles. Le Chef de l’Etat a donc péché en comptant pour rien les petites perceptions dont on ne s’aperçoit que rarement, à savoir la presse en région. Le traitement privilégié qu’il accorde aux médias de la capitale n’a d’égale que le mépris qu’il affiche pour ceux des régions. Ainsi lors de sa visite pour le lancement des travaux de la route Maradi-Madarounfa, le Président Issoufou a donné à l’ensemble des journalistes présents sur place (une vingtaine d’organes de presse) la rondelette somme de cinquante mille(50.000). Actuellement, le montant n’a pas pu être partagé, tellement il est ridicule.

Quant à Kassoum, il procède de la même manière ; et ce n’est donc pas un hasard si les deux acteurs se retrouvent dans la renaissance. Mais Kassoum présente mieux que lui les caractéristiques d’une gouttière. Ainsi, le premier acte posé par le président du Conseil de Ville de Maradi a consisté à augmenter le budget alloué à la communication, à la satisfaction générale des responsables des organes de presse. Mais à leur grande surprise, ce budget a dépensé dans un favoritisme total. Ainsi pour la même activité, les organes de presse sont payés différemment, comme à la tête du client. Certains organes sont considérés comme les favoris de Kassoum du fait du traitement privilégié qu’il leur réserverait. Au cours de l’année 2012, c’est une montage d’arriérés que les médias ont à la mairie centrale.

Nonobstant cela et comme remercier ces organes de presse, Kassoum ne manque aucune occasion pour faire venir à Maradi des médias d’autres régions pour leur réserver un traitement princier avec l’argent du contribuable de Maradi. La région en général et la ville en particulier perdent les petits impôts que l’on perçoit en pareil cas.

Le Président Kassoum poussera l’audace lors de la 4è journée des Municipalités du Niger. Se sachant endetté vis-à-vis des médias de la région et comme pour les remercier de leur franche collaboration, il n’a pas trouvé mieux à faire d’inviter des chaînes privées de Zinder et de Niamey pour lui tourner peut-être les images des prochaines campagnes. La dernières ayant été faite avec les images de Tandja alors même que celui-ci était en prison, il fallait donc tourner des images avec le Président Issoufou, surtout en cette ère de renaissance. Mais mal lui en pris, car les équipes qu’il a hébergées chez lui à cette fin n’ont pas pu franchir le cordon de sécurité. Justice divine ou simple coïncidence, chacun se fait sa propre idée quoique nombre de confrères évoque la notion de « Amana ».

Comme si tout cela ne suffisait pas et alors même qu’il ne fait pas partie du comité d’organisation, le président kassoum a demandé à l’ensemble des organes de presse de déposer leurs factures en donnant, comme d’habitude qu’elles seront réglées. Aujourd’hui plusieurs semaines après la clôture des travaux, les factures des médias et celles des autres prestataires dorment dans les tiroirs de la mairie de Maradi. Se sont environ dix millions d’impayés que l’association des municipalités traîne à Maradi. Mais dans le même temps, il a pu se débrouiller pour libérer ses hôtes.

S’il y a donc un point commun entre les deux hommes, celui-ci serait certainement leur façon de traiter les organes de presse, en particulier la presse en région. Mais connaissant les services que les médias ont rendus à l’un et à l’autre, on peut sincèrement s’interroger sur que signifie pour eux la reconnaissance.

Garba Boureyma

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