Le Niger a, jusqu'à présent, été relativement épargné par la pandémie. Les habitants en oublient les gestes simples contre le virus.
Avec à peine 69 morts depuis le début de la pandémie, le Niger est un des pays les moins touchés en Afrique. La conséquence est une démobilisation de la population qui ne respecte plus les mesures de prévention, comme cela s'est vu lors de la rentrée scolaire récente. Pourtant, le gouvernement a prorogé l'état d'urgence sanitaire et imposé le port obligatoire du masque dans les lieux fermés.
Mais rien n'y fait. Avec la baisse des cas de Covid-19 dans le pays -en moyenne quatre nouveaux cas par semaine- les Nigériens oublient les gestes barrières. Dans les mosquées, aucune distance n'est respectée. Pas de port de masque et de distanciation sociale.
Face à cela, Boubacar Seydou Touré, islamologue, rappelle que l'islam ne "tolère pas le suicide". Pour lui, ne pas respecter les mesures édictées par le gouvernement, c'est risquer de transmettre une maladie potentiellement mortelle. "On ne doit pas s'entre tuer nous-mêmes, sachant que cette maladie-là, elle est fatale, cela peut décimer toute une famille", insiste-t-il. "Vous savez que cette maladie existe, on dit de se protéger, ne pas se protéger c'est comme si vous cherchiez à vous donner la mort".
Les transports sous pression
Dans les mosquées, les marchés et les transports en commun, partout le constat est le même. Les citoyens ne croient plus à la maladie alors que les autorités sanitaires rappellent qu'elle est toujours présente. Dans les taxis, les passagers sont serrés les uns contre les autres sans porter de masques. Les chauffeurs ont aussi le visage découvert. "Si le gouvernement estime que nous devons porter des masques, on le fera", assure pourtant Gamatié Mahamadou, secrétaire général de l'Union des syndicats des transports et assimilés.
Mais les professionnels demandent aussi des contreparties aux autorités. "S'ils estiment qu'il faut faire la distanciation sociale, on va le faire. Mais il faut aussi que le gouvernement comprenne qu'il faut des mesures d'accompagnement", insiste Gamatié Mahamadou.
Obligatoire dans l'administration
Les autorités du ministère de la Santé sont très préoccupées par cette négligence des Nigériens, particulièrement au niveau des grandes villes. Le gouvernement apparait impuissant à faire respecter les mesures sanitaires en dépit des dispositifs de répression mis en place. "Là où il y a des résistances, au niveau des transports en commun, au niveau des mosquées, au niveau des marchés, c'est un peu difficile", reconnait le docteur Abaché Ranaou, le secrétaire général du ministère de la santé publique. "C'est un déni total de la maladie". Abaché Ranaou faire cependant preuve de fermeté en ce qui concerne l'accès à l'administration. "Les gens savent que pour avoir accès à l'administration, au moins il faut avoir son masque."
Avec la rentrée des classes et face au risque de propagation que cela représente, le gouvernement rappellent que les gestes barrières demeurent obligatoires pour tous les citoyens.