Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Afrique
Article
Afrique

«L’Afrique doit devenir de manière durable et inclusive le prochain grand centre manufacturier du monde. C’est à travers l’industrie que nous pouvons réaliser la modernisation et la transformation structurelle des économies africaines», déclare SEM. Issoufou Mahamadou

Publié le lundi 23 novembre 2020  |  Le Sahel
«L’Afrique
© Autre presse par DR
«L’Afrique doit devenir de manière durable et inclusive le prochain grand centre manufacturier du monde. C’est à travers l’industrie que nous pouvons réaliser la modernisation et la transformation structurelle des économies africaines», déclare SEM. Issoufou Mahamadou
Comment


«Excellence Monsieur Andry Rajoelina, Président de la République de Madagascar, Champion de l’Industrialisation;

Excellence, Dr. Olusegun Obasanjo, ancien Président de la République Fédérale du Nigéria, membre de l’Initiative Afro-Champions et co-Président de la Coalition pour le dialogue sur l’Afrique ;

Honorables Ministres ;

Excellence M. Li Yong, Directeur Général de l’Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel ;

Dr Vera Songwe, Sous Secrétaire Générale des Nations Unies et Secrétaire Exécutive de la Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique ;

Ambassadeur Albert Muchanga, Commissaire au Commerce et à l’Industrie ;

Madame Pamela Coke-Hamilton, Directrice Exécutive du Centre du Commerce International ;

Professeur Benedict Oramah, Président du Conseil d’Administration, Banque Africaine d’Import-Export;

Directeurs Généraux d’Entreprises et autres participants à cette session de haut niveau de la Semaine de l’Industrialisation de l’Afrique;

Mesdames et Messieurs.

La Commission de l’Union Africaine, l’Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel, la Commission Economique des Nations Unies pourl’Afrique et la Banque Africaine d’Import-Export ont jugé pertinent de me distinguer à l’occasion de cette édition de la semaine de l’industrialisation de l’Afrique, en ma double qualité de champion, de la zone de libre-échangecontinentale africaine (ZLECAf) d’une part et de l’industrialisation de l’Afrique d’autre part.

J’en suis très honoré et vous comprendrez toute mon émotion surtout en ce moment où je me prépare à transmettre la charge de leadership du peuple Nigérien au candidat qui sera élu à la prochaine élection présidentielle,dont le premier tour est prévu le 27 Décembre prochain. Permettez-moi de remercier les Organisations ci-dessus citées pour l’honneur qu’elles me font.

Permettez-moi de dédier cette distinction à la jeunesse africaine qui attend avec impatience les retombées, notamment en termes d’emplois, des actions d’intégration que nous mettons en œuvre sur le continent.

Par ailleurs, j’ai certes mis tout mon cœur et déployé l’énergie nécessaire pour assumer les fonctions de champion de la zone de libre-échange continentale de l’Union Africaine et de champion de l’industrialisation de l’Afrique qui m’ont été confiées, mais je dois très sincèrement avouer et reconnaitre que le mérite des résultats obtenus revient à tous. Il revient aux dirigeants de notre continent qui ont compris que le rôle historique de notre génération est de réaliser l’intégration économique du continent, les générations précédentes ayant réalisé sa totale décolonisation. Il revient à laCommission de l’Union Africaine, aux autres Organisations Continentalescomme la CEA et aux Communautés Economiques Régionales ainsi qu’à nos administrations en charge du Commerce et de l’Industrie qui ont conduit les négociations et obtenu des compromis sur des sujets délicats. Il revient également à nos industriels et hommes d’affaires qui ont maintenu la pression sur leur Etat respectif en vue de la signature et de la ratification de l’Accord instituant la ZLECAf.

Le succès enregistré prouve, s’il en est besoin, l’importance du leadership en matière de développement. Le leadership continental est cristallisé dans une vision, celle de l’agenda 2063 dont la ZLECAfest un des projets phares en vue de sortir notre continent de la pauvreté en bâtissant une Afrique résiliente et autonome. Parmi ces projets phares figure «le plan d’action pour le développement industriel accéléré de l’Afrique» (AIDA) et sa composante «plan d’action pour la stimulation du commerce intra-africain»(BIAT). Le lien entre Industrie et Commerce est évident.

Par ailleurs, au niveau mondial, l’Assemblée générale des Nations Unies a déclaré lapériode 2016 à 2025 comme «Troisième Décennie du Développement Industriel de l’Afrique» en conformité avec les objectifs du développement durable dont l’industrie et l’innovation sont une priorité.

Mesdames, Messieurs,

L’industrialisation de notre continent est donc considérée comme une priorité aussi bien au niveau continental qu’au niveau mondial. La prise de conscience de son importance nous a amené à consacrer, depuis 1989, le 20 novembre de chaque année comme journée de l’industrialisation de l’Afrique.

Depuis 2018, la journée de l’industrialisation de l’Afrique a été commémorée sur une semaine. Permettez-moi de féliciter la Commission de l’Union Africaine pour cette innovation. Le thème retenu pour cette année est «industrialisation inclusive et durable dans l’ère de la ZLECAF». De ce thème je retiens deux mots importants : inclusif et durable.

L’Afrique doit devenir de manière durable et inclusive le prochain grand centre manufacturier du monde. C’est à travers l’industrie que nous pouvons réaliser la modernisation et la transformation structurelle des économies africaines.

L’inclusivité signifie simplement que nous ne devons exclure personne. Personne ne doit être laissé pour compte. L’industrialisationdoit être au service de tous, elle doit profiter à tous. L’industrialisation doit être conduite dans l’intérêt de tous y compris des générations futures d’où la liaison avec la durabilité qui signifie conservation de la nature. Nous ne devons jamais oublier que «nous n’héritons pas la terre de nos ancêtres mais nous l’empruntons à nos enfants».

Pour promouvoir un développement industriel inclusif et durable, il est indispensable de disposer d’un grand espace de marché. Les programmes initiaux d’industrialisation par substitution aux importations que la plupart de nos pays ont suivis peu après l’indépendance, ont échoué simplement parce que les marchés nationaux étaient trop étroits et fragmentés. L’Afrique est en effet trop balkanisée avec 55 Etats et près de 84.000 km de frontières, autant d’obstacles qui limitent les échanges entre les citoyens du continent.

De ce qui précède découle l’importance de la Zone de Libre-Echange Continentale Africaine grâce à laquelle nous créons un vaste marché unique de 1,3 milliard de personnes où les biens et les services peuvent s’échanger librement. Le démarrage des échanges dans le cadre de la ZLECAf, initialement prévu en juillet 2020, retardé du fait de la COVID 19, est finalement programmé pour le 1er janvier 2021. Ce sera un nouveau signal fort que l’Afrique lancera au monde. Cela confirmera sa ferme volonté à participer unie à un système commercial multilatéral équitable.

L’accélération de la deuxième phase des négociations sur les investissements, la concurrence et la propriété intellectuelle renforcera cette volonté.

Mesdames, Messieurs,

L’industrialisation suppose aussi l’harmonisation des politiques, règles, réglementations et normes.

Elle nécessite l’élaboration d’une politique africaine sur les infrastructures industrielles de qualité. Le président de la Commission de l’Union Africaine m’a informé qu’un projet de document sur la politique de qualité africaine est maintenant prêt pour examen par le Comité Technique Spécialisé des Ministres du Commerce, de l’Industrie et des Mines de l’Union Africaine. J’attends avec impatience son approbation par les ministres et sa soumission à la conférence pour adoption en février 2021. Une fois que cela sera fait, notre continent sera mieux placé pour adopter la norme “Made in Africa”, dont la mise en œuvre supprimera les obstacles techniques au commerce dans le Zone de Libre-Echange Continentale Africaine et, ce faisant, nous rapprochera d’un marché unique.

La mécanisation, la production de masse, les technologies de l’information et de la communication, l’automatisation et la numérisation font partie des processus technologiques associés à l’industrialisation. La quatrième révolution industrielle dans laquelle nous nous trouvons actuellement entraîne de nouvelles exigences d’innovation et de durabilité. L’Afrique doit tirer parti de cette révolution et de la prochaine qui se profile déjà à l’horizon, la cinquième révolution industrielle qui se caractérisera par une interaction accrue entre les machines et les humains et se concentrera également sur la création d’un monde meilleur. C’est l’esprit de durabilité, l’un des éléments clés de la Semaine Africaine de l’Industrialisation de cette année.

Dans ce contexte de l’éventail multiforme de technologies industrielles, les partenariats, impliquant des institutions universitaires à travers l’Afrique, le secteur privé et les gouvernements sont essentiels pour promouvoir le développement des compétences, la recherche et le développement ainsi que le design industriel. Ce n’est que par l’innovation que l’Afrique peut s’approprier et contrôler le processus d’industrialisation.

Nous devons également promouvoir l’employabilité dans le cadre du programme d’industrialisation. Avec une population jeune, l’Afrique est également confrontée au défi de créer 10 à 12 millions d’emplois par an aujourd’hui et 20 millions à l’horizon 2040-2050. La main-d’œuvre africaine continuera donc de croître, ce qui soulève à nouveau la nécessité d’un développement des compétences adaptées aux industries du présent et de l’avenir. Certains économistes du travail prévoient que dans moins de 10 ans, 77% des emplois exigeront des compétences techniques approfondies et spécifiques et que 65% des élèves du primaire d’aujourd’hui occuperont des emplois qui n’ont pas encore été inventés. Nous devons donc préparer les générations futures aux exigences technologiques de demain et être mieux positionnés pour assurer notre futur succès industriel.

Mesdames, Messieurs,

Permettez-moi de souligner d’autres domaines sur lesquels nous devrions nous concentrer dans notre quête pour un développement durable inclusif.

Premièrement, nous devons tirer parti des abondantes ressources naturelles dont dispose notre continent. Celles-ci vont des minéraux à l’eau et aux terres arables. Un élément clé de cet effet de levier est de transformer nos ressources en richesse ce qui permet à l’Afrique de sortir du statut de simple réservoir de matières premières.Cela nécessite de l’innovation et cela nous ramène aux enjeux clés du développement des compétences industrielles, de la recherche et développement et du design industriel. Des grappes industrielles viables, des chaines de valeurs régionales et continentales faciliteront l’intégration du continent dans le système mondial de production et de commerce.

Deuxièmement, l’Afrique est également confrontée au défi d’industrialiser l’agriculture grâce à la mécanisation et à l’application de technologies intelligentes et, ce faisant, à augmenter la productivité du secteur agricole. À cela s’ajoute la nécessité de promouvoir l’agro-industrie, qui est également essentielle pour réduire la forte dépendance du continent à l’égard des denrées alimentaires importées.

Troisièmement, l’exploitation de ce vaste marché de 30 millions de kilomètres carrés nécessite des infrastructures de transport et de logistique modernes. Avec les vastes opportunités créées par la Zone de Libre-Echange Continentale Africaine, je m’attends à ce que des partenariats public-privé émergent bientôt pour investir dans le développement des réseaux de transport, de communication et de distribution sur toute la longueur et la largeur de notre continent. Faire baisser les coûts de transport à travers la promotion du rail, promouvoir l’énergie à faible coût, notamment l’hydroélectricité dont seulement 5% du potentiel est exploité en Afrique et le solaire, développer le secteur financier, l’éducation et la formation sont autant de défis à relever.

Quatrièmement, la majorité des entreprises du secteur privé africain sont des micros, petites et moyennes entreprises. Selon la Société Financière Internationale (SFI), celles-ci représentent jusqu’à 90% de toutes les entreprises de ce marché. C’est en reconnaissance de cela que dans le Plan d’Action pour le Développement Industriel Accéléré de l’Afrique (AIDA) est intégrée la stratégie des Petites et Moyennes Entreprises (PME) et le plan directeur 2017-2021 y afférant.

Je ne manquerai pas d’évoquer les zones économiques spéciales, qui sont dans certains pays appelées parcs industriels. Celles-ci ont historiquement joué un rôle critique dans la conduite du programme d’industrialisation dans de nombreux pays du monde, y compris ceux d’Afrique comme Maurice. Au moment où nous nous dirigeons vers l’opérationnalisation de la Zone de Libre-Echange Continentale Africaine, des négociations sont en cours, concernant les Règles d’Origine, pour faciliter leur implication dans le Commerce Intra-Africain tant en ce qui concerne les Zones Economiques Spéciales (ZES) nationales que régionales. Je ne peux qu’exhorter les structures de négociation de la Zone de Libre-Echange Continentale Africaine à conclure de toute urgence les négociations sur cette question.

Mesdames, Messieurs,

Alors que nous œuvronsà la promotion de l’industrialisation à travers l’Afrique, une urgence critique que nous ne pouvons ignorer est la pandémie de la COVID-19. C’est une menace majeure à la fois pour la santé humaine et pour nos économies. Malgré les contraintes budgétaires, les pays africains, comme tous les autres pays du monde, sont tenus de développer des systèmes de santé résilients qui réduisent la propagation communautaire de la pandémie COVID-19.

Toutes les économies du monde, y compris celles l’Afrique, sont affectées négativement par la COVID-19. Conséquence directe de cette pandémie, l’Afrique est en récession, pour la première fois depuis 1995. Au milieu d’un endettement qui devient difficile à entretenir et de la faiblesse des prix des matières premières provoquée par la pandémie COVID-19, le stress économique des pays africains va s’intensifier. Par ailleurs, la pandémie a ouvertement exposé le vide des économies africaines sur plusieurs fronts notamment celui de la fragilité et de la faiblesse des capacités industrielles. Elle constitue un argument de plus qui doit nous amener à accélérer la mise en œuvre du plan d’action pour le Développement Industriel Accéléré de l’Afrique.

J’appelle donc tous les pays africains à se lancer de manière agressive dans une industrialisation durable inclusive en tant qu’ancrage de base d’un rétablissement rapide post COVID-19. En outre, j’appelle également tous les États membres de l’Union Africaine à signer et à ratifier l’Accord établissant la ZLECAf afin que grâce au marché unique ainsi créé soient attirés des investissements accrus essentiels à la création d’emplois et à une relancepost COVID-19 plus rapide. J’espère que le monde trouvera très prochainement un vaccin contre cette terrible pandémie.

En constatant que la présente édition de la semaine d’industrialisation de l’Afriquea pu atteindre tous ses objectifs et en présentant toutes mes félicitations à la Commission de l’Union Africaine et aux autres partenaires, je réitère mon appel solennel au Secrétaire Général des Nations Unies en vue de l’organisation d’un sommet spécial sur l’industrialisation de l’Afrique que le Niger sera heureux d’abriter en novembre 2021.

Je vous remercie.»
Commentaires