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Intervention du Président de la République au Sommet virtuel G5 sahel-Union Européenne : «Face à la COVID-19 nous devons concevoir un nouveau paradigme permettant notamment de trouver une autre solution au problème de la dette», déclare SE. Issoufou Mahamadou

Publié le mardi 1 decembre 2020  |  Le Sahel
Table
© Autre presse par DR
Table ronde virtuelle sur la résilience africaine et l’après Covid 19
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Excellence Monsieur Charles Michel Président du conseil Européen,

Excellence Monsieur Mohamed Ould Ghazouani, Président en Exercice du G5-Sahel

Messieurs les chefs d’Etat et de Gouvernement

Monsieur le Secrétaire Général des Nations Unies

Monsieur le Président de la Commission de l’Union Africaine,

Monsieur le Haut Représentant de l’UE pour les Affaires Étrangères du Sahel

Mesdames et Messieurs,

Permettez-moi de féliciter le Président Roch Christian Kaboré pour sa réélection.

Permettez-moi de remercier le Président Charles Michel pour la convocation de la présente visioconférence qui est une suite logique de notre rencontre virtuelle du 28 Avril 2020.

Notre rencontre du 28 Avril 2020 a été conclue sur une déclaration réaffirmant la mise en place d’une coalition pour le Sahel afin d’accroître le soutien international, de renforcer la cohérence et la coordination entre les initiatives préexistantes et fixant les orientations politiques et stratégiques de notre engagement commun autour de 4 piliers: Intensification de la lutte contre le terrorisme, renforcement des capacités militaires des Etats du G5, appui au retour de l’État et des administrations, aide au développement.

Il nous est proposé trois points à considérer pour la présente rencontre : le suivi des engagements de la déclaration du 28 avril 2020, la révision de la stratégie Sahel de l’Union Européenne et l’allègement de la dette.

1. Sur le suivi des engagements de la déclaration du 28 avril 2020

Nous devons reconnaitre que les capacités techniques et opérationnelles de nos Forces de Défense et de Sécurité (FDS) se renforcent :

– Tous les préalables à l’élargissement des activités de formation de EUTM-Mali et EUCAP-Sahel aux autres pays membres du G5 Sahel sont levés. D’autres activités de formation sont conduites dans le cadre de la coopération bilatérale entre les Etats du Sahel et les pays membres de l’Union Européenne.

– Les activités de construction des postes militaires de type nouveau avec Expertise France sont lancées.

– Les premiers éléments de la force TAKUBA sont en place et viennent de participer à l’opération «Bourrasque» conduite récemment conjointement par la Force Barkhane, Takuba, la Force conjointe du G5 Sahel, les FAN, les FAMA, les USA, la MINUSMA. Cette opération a permis d’obtenir d’excellents résultats. Une autre opération permettant de consolider les acquis est en cours. Par ailleurs, nous attendons le contingent de 3.000 hommes promis par l’Union Africaine pour la fin de l’année et nous souhaitons la mise en place d’un financement pérenne pour la force conjointe à l’image par exemple de ce que propose le Secrétaire Général des Nations Unies, le modèle de l’AMISOM.

– Ces opérations permettent le retour de l’Etat dans les zones frontières, le retour et la sécurisation des populations, la délivrance des services sociaux de base : eau, éducation, santé notamment.

– Les projets conduits par l’Alliance Sahel avancent à la satisfaction des populations. La coordination entre Alliance Sahel et les Structures locales a été renforcée. Cependant d’autres besoins non pris en charge dans le programme d’urgence apparaissent et il est souhaité une plus grande flexibilité dans la gestion des programmes de l’Alliance Sahel pour les prendre en compte. C’est le cas pour l’Education et la Santé. Ainsi, il est recommandé le regroupement des écoles et le transfert des élèves dans des centres plus sécurisés ainsi que le développement de la médecine ambulatoire.

– Les dossiers relatifs aux allégations de violation des droits humains ont fait l’objet d’enquête et sont transmis aux juridictions compétentes.

2. Sur la révision de la stratégie Sahel de l’Union Européenne

La prochaine stratégie de l’Union Européenne doit permettre d’accompagner les Etats du Sahel dans la mise en œuvre des priorités suivantes :

– La mise en place d’institutions démocratiques fortes, car un des défis du Sahel, c’est la faiblesse de l’Etat. Ces institutions doivent être capables de promouvoir la bonne gouvernance politique et économique,

– La lutte contre le terrorisme et le crime organisé afin d’y restaurer une paix durable. Dans cette perspective, le Niger a décidé de doubler les effectifs de ses forces de défense et de sécurité, de former plusieurs bataillons de forces spéciales et renforcer l’équipement de ces forces.

– Le développement des infrastructures : routes, chemin de fer, énergie, télécommunications.

Ce sont là les externalités nécessaires pour asseoir les bases du développement économique.

– Le développement de l’agriculture pour assurer la sécurité alimentaire aux populations et lutter contre la pauvreté qui est rurale et féminine dans la plupart des pays du Sahel. Il s’agit de développer une agriculture intelligente et résiliente face aux effets du changement climatique.

– Le développement du capital humain à travers l’éducation, la formation professionnelle et technique ainsi que la santé ; l’éducation et la santé doivent contribuer à créer les conditions de la transition démographique ainsi qu’à transformer l’actif démographique des pays du sahel en dividende économique.

– Le développement des chaines de valeurs permettant notamment de créer davantage d’emploi afin de mettre fin à la migration clandestine.

Pour accompagner cette stratégie, des ressources financières importantes sont nécessaires. Il faut promouvoir un plan Marshal, notamment amplifier le plan d’investissement extérieur de l’Union Européenne. Les Etats du G5 Sahel devront eux-mêmes mobiliser les ressources internes au moins à hauteur de 20% de leur PIB. L’Union Européenne peut les accompagner dans les réformes nécessaires à la réalisation d’un tel objectif. La stratégie de l’Union Européenne pour le sahel doit être bien sûr alignée sur sa stratégie générale pour l’Afrique, stratégie qui doit tenir compte de l’agenda 2063.

3. Sur l’allègement de la dette

La COVID 19 a été un choc terrible pour le monde. Elle a provoqué une crise sans précédent depuis les deux guerres mondiales et la crise de 1929. Or, on s’en souvient, pour redresser l’économie des pays dévastés par ces chocs il a fallu concevoir un nouveau paradigme qui a d’ailleurs permis de régler le problème de la dette par l’inflation. C’était ce qu’on a appelé l’euthanasie des rentiers en Europe. Il ne s’agit pas ici de reprendre une telle solution.

Face à la COVID19 nous

devons concevoir un nouveau paradigme permettant notamment de trouver une autre solution au problème de la dette. Pour le Sahel il faut envisager son annulation pure et simple. Un geste de l’Union européenne dans ce domaine constituera un signal fort pour les autres partenaires bilatéraux et multilatéraux qui n’hésiteront pas à lui emboiter le pas. Dans la perspective de la sortie de la crise du COVID19 et de la relance de leur économie, les États du G5 Sahel ont besoin d’un tel geste. Le Sahel a besoin de soutien de l’Union Européenne pour un accès rapide au vaccin contre la covid19.


Je vous remercie.
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