Accueil    Shopping    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Niger    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article




  Sondage


 Autres articles



Comment

Politique

Visite du président iranien : le Niger manque encore un grand rendez-vous !
Publié le jeudi 18 avril 2013   |  nigerdiaspora.info


Le
© AFP par BOUREIMA HAMA
Le Président de la République Islamique d’Iran, SEM Mahmoud Ahmadinejad en viste à Niamey
lundi 15 Avril 2013, Niamey. Arrivée du dirigeant Iranien, Mahmoud Ahmadinejad


 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier

Le Président de la République Islamique d’Iran a entrepris une tournée africaine qui l’a conduit au Bénin, au Niger et au Ghana. Mais c’est particulièrement l’étape de Niamey qui a attiré l’attention des observateurs. Et pour cause, l’Iran est arbitrairement classée par l’impérialisme international sur l’axe du mal.

Ce pays figure en bonne place dans la liste non moins arbitraire des « Etats voyous », un néologisme crée et distillé dans l’alambic de la haine contre l’islam et les musulmans par l’administration Bush.
C’est pourquoi dès l’annonce de l’arrivée du Dr Ahmadinejad au Niger, les débats étaient cristallisés autour de la question de l’uranium. Deux arguments militaient, en effet, à la faveur de cette thèse. Le premier est que l’Iran, pour contrer l’hégémonie israélienne a impérativement besoin d’une défense persuasive. A cet effet, la République islamique a mis au point un programme nucléaire aussi avancé que controversé. Les grandes puissances ne veulent aucunement pas entendre associer les noms d’Iran et de bombe atomique, alors même qu’Israël a développé la sienne sans être inquiété. Placée sous embargo et toujours sous la menace d’une frappe « préventive » d’Israël, l’Iran pactiserait aujourd’hui avec le diable pour faire aboutir son programme nucléaire. Un rapprochement avec Niamey serait une aubaine pour Téhéran. Voilà la raison pour laquelle la visite du président iranien ne manquait pas d’intérêt au double sens diplomatique et stratégique.
Le second argument est que le Niger depuis quarante ans entretient un partenaire unijambiste avec la société française, AREVA, dans le cadre de l’exploitation de l’Uranium. Mais depuis toujours ce partenariat a été taxé d’injuste, car ne faisant pas les affaires du Niger. L’uranium contribue seulement à hauteur de 5% à la constitution du PNB. Tout récemment, le gouvernement a dénoncé ce partenariat en caractérisant comme « déséquilibré ». Pour ce faire, une renégociation devrait être envisagée pour faire prévaloir les intérêts du Niger. N’eût été le clash inutile entre le directeur de cabinet du chef de l’Etat et le ministre des mines lors de leur balade à Paris, peut-être que ce dossier aurait déjà avancé. En plus de ces éléments, le Niger se plaint beaucoup du retard dans le projet Imouraren.
Tous ces arguments combinés amènent naturellement, légitimement, à penser que le Niger n’étant pas content, on envisagerait de trouver d’autres partenaires plus sérieux. Le Niger a tant besoin de ressources financières pour amorcer son développement social et économique. Et c’est sur les ressources naturelles, notamment les industries extractives que le Niger compte légitimement.
C’est à la lumière de ces deux exigences que les médias et les chancelleries occidentales étaient focalisés sur l’étape du Niger, au moment où celle du Bénin est passée inaperçue, anodine. Tout le monde était impatient de savoir si le Rubicon a été franchi, si la question de l’uranium était au centre des débats.
A l’arrivée, la montagne a accouché d’une petite souris maigrichonne et malade de surcroît. En effet, au cours de la conférence de presse conjointe que les deux chefs d’Etat ont organisée, la question a été effectivement posée par les journalistes. Mais malheureusement la réponse, répugnante, est tombée comme un couperet de guillotine. Le président Issoufou a déclaré : « aussi surprenant que cela puisse vous paraître, l’Iran lui-même produit de l’uranium, donc cette question relative spécifiquement à l’uranium n’a pas été évoquée ». Mais ce qui est surprenant, ce n’est nullement le fait que l’Iran produise ce minerai ; çà on le savait déjà. La surprise dont parle le chef de l’Etat n’est autre que l’absence du sujet dans le menu des discussions entre les deux délégations.
Feinte ou faiblesse, voilà la question qui taraude les esprits ! Car il se peut que la question ait été évoquée, discutée en profondeurs, mais que pour ménager les susceptibilités, on l’a biffée du communiqué officiel. Si c’est cela, c’est très stratégique, surtout si dans les mois à venir nous voyons les iraniens sur nos dunes. En ce moment, il faudrait reconnaître que le Président Issoufou est un grand patriote doublé d’un stratège. Comme un certain Baré Mainassara, il pourrait lui aussi vendre l’uranium au diable si cela avantage son pays.
Mais, parce qu’il y a un mais ; si au contraire la question n’a même pas été effleurée, en ce moment précis les nigériens ont de sérieuses raisons de s’inquiéter. Déjà RFI a titré son site : « Uranium : Mahmoud Hamadinejad repart bredouille du Niger ». Ce média étant parfaitement informé des coulisses diplomatiques, cela amène à penser que le Président iranien apprécierait bel et bien un partenariat avec le Niger dans ce domaine. Qu’il reparte bredouille arrange certainement quelqu’un. Mais à qui profite le crime dans ce cas ? Au Niger et à son peuple ? Certainement pas ! A la France ? Absolument !!!
Dans ce cas le Président ISSOUFOU aurait-il sacrifié les intérêts du Niger à son amitié avec Hollande et aux impératifs de la Françafrique?
En tout cas le soulagement qui a suivi l’annonce du président issoufou est plein d’enseignements. Pour la France, c’est un ouf de soulagement, car ses intérêts sont sauvegardés. Mais pour le Niger, on pourrait véritablement dire qu’il s’agit encore là d’un rendez-vous manqué. Car la visite du président Ahmadinejad aurait pu être une sorte d’argument géostratégique pour faire infléchir les positions d’AREVA. Si le président Issoufou avait dit que les deux pays étant frères, il n’y a aucun sujet tabou, cela aurait fait frémir plus d’un, à commencer par nos faux partenaires. Ceci aurait pu les amener à assouplir leur position sur la question de revalorisation du contrat. Et si en plus le président Issoufou avait affirmé explicitement que la question a été abordée, que rien n’est encore signé, mais les discussions se poursuivront par voie diplomatique, alors cela aurait fait l’effet d’un séisme en hexagone. Et c’est ce que les nigériens attendaient de leur président. Il était franchement inutile qu’un président parlât d’une petite clinique, fût-elle d’Iran ! Un président, c’est grand et ça doit se focaliser sur les grandes questions, les grands dossiers.
Garba Boureyma

 Commentaires