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Levée de corps de Inoussa Ousseïni : Le Niger rend un dernier hommage au diplomate et à l’homme de culture

Publié le lundi 11 janvier 2021  |  Le Sahel
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C’est dans une atmosphère de recueillement, de tristesse et de prière, que la levée de corps de feu Inoussa Ousseïni a eu lieu, hier dimanche matin, à l’Hôpital Général de Référence de Niamey. Inoussa Ousseïni, cinéaste, sociologue, ancien ministre et Représentant Permanent du Niger à l’Unesco, est décédé le mardi 5 janvier dernier à Paris, à l’âge de 72 ans. Le Premier ministre, Chef du gouvernement, S.E Brigi Rafini, des députés nationaux, des membres du gouvernement, ceux du corps diplomatique, des parents, amis et connaissances du défunt ont pris part à cette cérémonie de levée de corps. Après la lecture de l’oraison funèbre par M. Djibo Ali dit Max, l’Imam de la Grande mosquée de Niamey et l’assistance ont dit une Fatiha pour le repos de l’âme du disparu. Par la suite, S.E Brigi Rafini s’est rendu auprès de la famille du défunt pour lui présenter ses condoléances attristées et celles du peuple Nigérien, pour cette perte inestimable pour le monde culturel nigérien et africain.

Le parcours de ce grand homme de culture, a été fidèlement retracé lors de l’oraison funèbre. Originaire de Kéllé dans le département de Gouré (Région de Zinder), Inoussa Ousseïni a effectué des études de sociologie à Paris avant de rejoindre la fonction publique nigérienne. «Il gravit rapidement les échelons de l’administration et devient directeur national de la culture. Sa passion pour le cinéma l’amena à réaliser plusieurs films documentaires. Inoussa Ousseïni fut également acteur dans de nombreux films. En 1993, il obtient un siège à l’Assemblée nationale avant de devenir ministre de la Culture, de la Communication, de la Jeunesse et sports», dira M. Djibo Ali. Il occupa au cours des futures années le poste de conseiller auprès des différents présidents de la République avant d’être dépêché comme ambassadeur auprès de l’UNESCO. Pionnier du film documentaire en Afrique, il fut aussi l’un des membres fondateurs de la fondation Jean Rouch, dont il revendiquait être le disciple.

En effet, il avait été l’un des compagnons de route de Jean Rouch. C’est au ciné-club de Niamey qu’Inoussa Ousseïni, alors lycéen de 15 ans, avait rencontré le cinéaste ethnologue. Celui-ci le prend ‘‘sous son aile’’. Arrivé en France en 1968, le jeune aspirant réalisateur passe son Bac puis s’inscrit à la Faculté des Lettres de Tours, tout en suivant les cours de son mentor à la Cinémathèque de Paris. Grâce à lui il va rencontrer toute la fine fleur de l’ethnologie et de la sociologie françaises, notamment le chercheur Robert Jaulin, qui lui conseille d’étudier les Européens, en faisant de l’ethnologie sur les Français. Par la suite, Inoussa Ousseïni réalise ainsi ‘‘La Sangsue’’, un film sur la sexualité des Français, puis ‘’Paris c’est joli’’, sur les expériences d’un Africain entré illégalement en France. Le film décroche le prix de la critique au Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou (Fespaco) en 1976.

De retour au Niger, on lui confie la direction du département audiovisuel du CNRS de Niamey, créé par Jean Rouch. Dans le même temps, Inoussa Ousseini accompagne le cinéaste Jean Rouch dans ses missions à l’intérieur du pays et continue à tourner ses propres films : ‘‘Ganga’’, ‘‘Fantasia’’ ou encore ‘‘Fêtes traditionnelles populaires du Niger’’. Il réalisa aussi le documentaire ‘‘Wassan kara’’, une sorte de festival local qui imite les personnalités politiques, coutumières, administratives, etc. En 2004, Ousseïni fut nommé Représentant Permanent du Niger auprès de l’Unesco. Il a fondé le Forum africain du film documentaire de Niamey, qui s’est tenu pour la première fois en décembre 2006.

Sa disparition représente une grande perte pour le monde culturel nigérien et africain. En résumé, le défunt Inoussa Ousseïni a réalisé plusieurs courts métrages, dont ‘‘Sangsue’’ (La) (1970), ‘‘Paris c’est joli !’’(1974), Prix de la critique FESPACO 1976, Dinard 1974, Grand prix Ganga (1975), ‘‘Médecines et médecins’’ (1976), ‘‘Une jeunesse face à la culture’’ (1976), ‘‘Lutte saharienne’’ (1976), ‘‘Le Griot Badye’’ (1977), ‘‘Fêtes traditionnelles populaires du Niger’’ (1980), ‘‘Fantasia’’ (1980), ‘‘ Le Shoro’’ (1980), ‘‘Wassan kara’’ (1980) et ‘‘Tahoua an 2 le festival’’ (1986).

Mahamadou Diallo
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