L’exposition des enfants aux écrans, est devenue aujourd’hui un phénomène, qui prend de plus en plus de l’ampleur dans notre société. Cette exposition est dans un premier temps liée à l’usage souvent immodéré que les parents font des écrans. En effet, de nos jours, dès la naissance, les enfants sont exposés aux écrans des appareils de leurs parents qui ont parfois du mal à se passer de leurs smartphones et tablettes en présence des enfants. Aussi certains parents sont tentés malgré tout de s’en servir afin de calmer leurs enfants qui pleurent ou pour canaliser leur attention pendant qu’eux, vaquent à d’autres occupations. Aujourd’hui, il est bien établi que, l’exposition aux écrans, à savoir, la télévision, smartphone, la tablette, les jeux vidéo, l’ordinateur, surtout quand elle est précoce et abusive, comporte des dangers pouvant avoir des conséquences néfastes sur la santé l’enfant.
Selon les explications de Dr Ahmed Moulaye Ali Pédiatre, une exposition est considérée précoce quand elle concerne les enfants âgés de moins de 2 à 3 ans. En effet, a-t-il dit, l’enfant commence à distinguer la réalité de l’imaginaire à partir de l’âge de 3 ans, donc avant cet âge, les écrans peuvent avoir des perturbations sur son développement. En effet, a-t-il poursuivi, les écrans surtout passifs comme la télévision, sont très peu susceptibles de nourrir leur apprentissage. En revanche les enfants apprennent mieux, lors des échanges directs avec leurs parents et des personnes qui s’occupent d’eux.
Selon le pédiatre cette pratique peut avoir des conséquences sur le développement de l’enfant. « Des études scientifiques ont montré une corrélation significative entre l’exposition précoce aux écrans et un important retard de langage chez les enfants. Parce que chez ces enfants qui sont trop exposés aux écrans, il y a une réduction drastique des échanges intrafamiliaux nécessaires au développement de leur langage. Et, aussi il a été rapporté des troubles de concentration d’attention et de communication chez ces enfants », a-t-il indiqué.
Aussi, a dit Dr Ahmed Moulaye Ali, la surexposition peut entrainer également des troubles visuels, car la lumière bleue de l’écran est reconnue pour ses effets néfastes sur la rétine. « Cette lumière bleue inhibe aussi la sécrétion d’une substance appelée mélatonine, avec comme conséquence, dérégler le cycle circadien entrainant des troubles de l’humeur et du sommeil », a-t-il poursuivi.
Sur le plan de la santé physique, a-t-il fait savoir, plusieurs données indiquent que les enfants qui passent beaucoup de leurs temps devant les écrans ont un risque important de développer une obésité. Car cela, diminue beaucoup le temps d’activités physiques chez ces enfants, et favorise un comportement alimentaire inadéquat, les poussant à grignoter beaucoup plus.
Limiter le temps d’utilisation des écrans chez les enfants
Tous ces effets, pris isolément ou conjugués, peuvent avoir une conséquence sur la scolarité de l’enfant. Et aussi dans ses relations sociales, surtout si l’on ajoute l’effet néfaste que peut avoir le contenu d’un média qui n’est pas adapté (la violence, des contenus érotiques, etc.)
Dr Ahmed Moulaye Ali a, par ailleurs, reconnu que certains contenus peuvent avoir des effets bénéfiques sur les enfants mais avec une utilisation raisonnée et appropriée.
Les parents doivent selon lui, interdire les écrans pour les enfants de moins de deux ans. Ils doivent également limiter le temps d’écran quotidien à une heure sinon maximum deux par jour, chez les enfants âgés de plus de 2 à 5 ans car, selon lui, avant cet âge, l’enfant a exclusivement besoin d’interagir avec son environnement en faisant appel à ses cinq sens. Bien loin de la passivité engendrée par la télévision. Et aucun programme n’est réellement adapté à ce jeune âge.
Eviter les écrans au moins 1 heure avant le coucher en raison de leurs effets sur l’inhibition de la mélatonine, et accompagner les enfants lors de l’utilisation des écrans et préférer les émissions à contenus éducatifs et interactifs adaptées à l’âge. « L’utilisation des écrans ne doit pas prendre la place des autres activités physiques et ludiques (jeux, lecture etc.) », a conclu Dr Ahmed Moulaye Ali.
La révolution numérique qui n’a pas épargné les enfants peut se relever nocive ; et de nombreux experts alertent en effet sur l’utilisation précoce et abusive qui ne seraient pas sans risque pour leur développement. Comme l’explique le Professeur Douma Maïga Djibo Psychiatre.
Risque de ralentissement du développement psychomoteur de l’enfant
Le Professeur Douma Maiga Djibo, Psychiatre sur le développement du cerveau en tant qu’organe (développement des neurones), l’usage précoce des écrans n’a pas un impact négatif puisque cette utilisation ne va pas entrainer une lésion ni une tumeur, néanmoins, là où ça aura un impact négatif c’est au niveau du développement du fonctionnement du cerveau. En effet, a-t-il ajouté, « l’être humain se construit par apprentissage, ce que nous sommes aujourd hui est le resultat des apprentissages que nous avons eu à avoir depuis notre naissance jusqu’à maintenant ».
Or ce à quoi on assiste aujourd’hui, a-t-il souligné, les écrans sont entrain de remplacer les parents et donc l’enfant va apprendre à partir de ce qu’il voit sur les écrans.
En effet, selon le Professeur Douma Maiga Djibo, l’enfant est une page vierge sur laquelle il faut écrire, ce sont les parents qui écrivent sur cette page vierge à travers ce qu’ils apprennent à l’enfant et l’éducation qu’ils lui donnent.
« Si les parents ne sont pas là et qu’ils sont substitués par ces écrans, alors ce sera l’écran qui éduquera l’enfant », a- t-il déploré.
Pour conséquence, il y’aura un ralentissement du développement psychomoteur de l’enfant, car a-t-il expliqué, pour qu’il se développe sur le plan psycho moteur de façon cohérente il faut que l’enfant soit stimulé par les autres êtres humains, qu’il soit éduqué dans un environnement social. Si les écrans remplacent les parents, l’enfant sera totalement asocial, et ne comprendra pas la valeur de l’humanité de l’autre.
« Le fonctionnement intellectuel, social, psychologique seront retardés par contre son développement organique ne le sera pas », a-t-il dit.
Dans un second temps, il va se passer une dépendance à ces écrans, ce qu’on appelle, selon lui, les addictions comportementales, l’enfant va devenir totalement dépendant de l’écran comparable à celui qui est dépendant d’une drogue. « Dès qu’il n’y a pas d’écran l’enfant est perdu », a fait savoir le docteur.
Afin d’éviter cela, le Professeur Douma recommande aux parents de reprendre leur place qu’ils sont entrain de laisser aux écrans. « Eduquer un enfant ce n’est pas seulement de le mettre au monde et lui donner à manger, éduquer un enfant c’est le stimuler, lui apprendre et interagir avec lui », a-t-il dit. Et le médecin d’ajouter : « ceux qui laissent leur enfant avec les écrans, ils laissent l’éducation de leur enfant à ceux qui fournissent des informations aux réseaux sociaux, aux dessins animés et tous les autres programmes».