Le Premier ministre, Chef du gouvernement, SE Brigi Rfini a présidé, hier 18 février 2021, à l’Hôtel Bravia de Niamey, une table ronde sur les migrations de transit au Niger. Plusieurs membres du gouvernement, des Ambassadeurs accrédités dans notre pays, des Représentants du Corps diplomatique, ceux des PTF, du Système des Nations-Unies dont des responsables de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), des Organisations Internationales et de la région d’Agadez, étaient présents à cette rencontre. Des allocutions, des projections et des échanges étaient au menu de l’activité.
Dans son intervention, le Chef du gouvernement a rappelé que le Niger est un pays de transit des migrants étrangers, en provenance des pays du Maghreb ou en partance vers l’Europe. « Le Niger est donc au cœur des défis migratoires. Il connait l’ampleur du phénomène, autant que ses coûts sur le plan économique et social, avec tous ces hommes, femmes et enfants, qui empruntent des embarcations de fortune, pour échouer dans le désert ou dans la mer », a souligné S.E Brigi Rafini. Selon lui, le Niger mesure, à leur juste dimension, les interrelations entre migration et sécurité. « Ce sont là, autant de raisons, qui ont motivé l’adoption d’une loi qui criminalise la migration irrégulière. Même si l’ampleur de la migration irrégulière a considérablement diminué en raison des nombreuses dispositions législatives que le gouvernement à prises, force est de constater que la migration de transit diminue », a ajouté le premier ministre.
Selon lui, entre 2017 et 2020, près de 40.000 migrants étrangers, retournés d’Algérie, ont été enregistrés, qu’il faut assister directement. « C’est par Agadez que ces migrants sont pris en charge. La cohabitation entre ces migrants et les populations hôtes ne sont pas sans heurt. Avec la survenue de la pandémie de la Covid-19, la migration de transit est citée comme favorisant la circulation du virus. Sans compter les fortes demandes en services sociaux de base, qu’il faut nécessairement satisfaire », a souligné SE Brigi Rafini.
Le Chef du gouvernement a ensuite rassuré que, en dépit de ces défis, le Niger ne se dérobera pas face à ses engagements internationaux, ‘‘même si le phénomène pèse, très lourdement sur nos propres capacités, alors que le pays connait tant d’autres défis aussi pressants, tels ceux liés à la sécurité et l’humanitaire, auxquels il doit absolument faire face’’. SE Brigi Rafini a estimé qu’il est nécessaire d’organiser cette table ronde, pour dynamiser et renforcer le partenariat stratégique et parvenir à des solutions concertées dans l’assistance aux migrants. « Cela est d’autant plus nécessaire que l’OIM fait face à l’épuisement de ressources de son programme dans le cadre de l’initiative conjointe avec l’Union européenne, pour la protection et la réintégration des migrants en Afrique de l’ouest et du centre. C’est là un nouveau défi majeur que les différents partenaires doivent contribuer à relever en synergie », a-t-il indiqué. Selon lui, l’épuisement de ces ressources de l’OIM aura pour conséquence immédiate, l’arrêt des opérations de prise en charge des migrants dans les centres de transit de la région d’Agadez, la suspension du rapatriement de ces migrants vers leurs pays d’origines et la persistance des tensions sur nos capacités de prise en charge, en tant que pays de transit. « Le gouvernement du Niger, reste sensible à cette situation, susceptible de déboucher sur une crise humanitaire ; appuie fortement le cri de cœur des responsable de l’OIM pour renouveler les ressources en faveur de la protection et de la réintégration des migrants en Afrique de l’ouest et du centre. Le gouvernement encourage la poursuite du dialogue politique entre les différents partenaires intéressés par les questions de migrations. Les partenariats stratégiques doivent se consolider et se renforcer pour apporter des réponses communes et durables au défi du financement de l’assistance du migrant », a déclaré le Chef du gouvernement.
C’est une urgence à laquelle, estime-t-il, ‘‘nous devons collectivement faire face, pour éviter la fermeture du site d’accueil d’Assamaka et des centres de transit d’Agadez, Arlit et Dirkou, faute de financement’’. « J’en appelle donc à tous les partenaires pour une action collective, à la hauteur des défis à relever. Car, il s’agit de sauver des vies et de donner d’espoir à des êtres humains », a lancé le Premier ministre.
Auparavant, la Coordinatrice Résidente du Système des Nations-Unies (SNU), Louise Aubin et la Cheffe de Mission de l’OIM, Mme Barbara Rijks, ont successivement intervenu, pour expliquer les efforts que le SNU, en général et l’OIM, en particulier, déploient pour venir en aide aux populations et pour appuyer le gouvernement Nigérien dans ses efforts d’amélioration des conditions de vie des populations et de la lutte contre la migration irrégulière. Quant au Chef de Projet, ‘‘Retour volontaire des migrants’’ de l’OIM, M. Marques David, il a livré des statistiques illustrant les flux des migrants et les dépenses liées à leur prise en charge et leur évacuation dans leurs pays d’origine. « Pour ces prises en charge, l’OIM dépense, en moyenne, 1.500.000 euros », a indiqué M. David.