Avec la participation de son président au Sommet de N’Djamena, organisé lundi et mardi derniers, le Sénégal a fait un grand pas vers son entrée dans le G5 Sénégal.
Une chronique de Francis Sahel
Ce n’est pas encore le ticket d’entrée. Mais, en se rendant au Sommet du G5 organisé les 15 et 16 février à N’Djamena, le président sénégalais Macky Sall a accru les chances de son pays de devenir membre du G5 Sahel qui regroupe à ce jour le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad.
Outre sa participation en présentiel, là où Macron intervenait en visioconférence depuis Paris, Macky Sall a versé au Secrétariat exécutif du G5 Sahel la somme d’un milliard de FCFA (près de 1,5 million d’euro) et promis un engagement militaire du Sénégal sur le fuseau Ouest (Mauritanie/Mali) de la force conjointe du G5 Sahel.
La médiation de la Mauritanie
Les portes du G5 Sahel étaient restées fermées à double tour au Sénégal, notamment à cause du véto de l’ancien président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz qui entretenait de mauvaises relations avec son homologue sénégalais. Avec Mohamed Ould Ghazouani, les relations entre Dakar et Nouakchott ont pris un autre cap. C’est d’ailleurs le président mauritanien, président sortant du G5 Sahel, qui avait invité Macky Sall au sommet de N’Djamena.
Pour le G5 Sahel, l’entrée du Sénégal dans ses rangs devrait être une opération rentable. En rejoignant le fuseau Ouest de la force conjointe qui regroupe le Mali et la Mauritanie, l’armée sénégalaise apportera son appui à la lutte contre la katiba Macina du prédicateur malien Amadou Koufa, numéro 2 du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) dirigé par Iyad Ag Ghali.
Nouveaux horizons
Même si elle a fait un pas important, l’adhésion du Sénégal au G5 Sahel nécessite une révision des textes portant création de l’organisation. Tirant les enseignements de l’échec du Comité mixte d’état-major opérationnel conjoint (CEMOC), qui regroupait l’Algérie, le Mali, la Mauritanie et le Niger, les pays du G5 avaient fermé toute possibilité d’accueillir un nouveau membre. En dépit du soutien de la France, la candidature du Sénégal s’est heurtée à cet obstacle juridique, mais surtout au véto mauritanien sous le règne de l’ancien président mauritanien Aziz.
Après sept années d’existence, le G5 semble désormais inscrire son action dans une ouverture à la coopération avec d’autres Etats africains et des organisations sous-régionales. Le président ghanéen Nana Akuffo-Ado, président en exercice de la CEDEAO, était présent au Sommet de N’Djamena ainsi que le président de la Commission de l’Union africaine Moussa Faki qui a annoncé une contribution financière de l’organisation panafricaine.
En quête de financements stables
Au-delà de l’élargissement à d’autres pays de la région et du renforcement de la coopération internationale, le G5 Sahel reste mobilisé sur l’urgence d’obtenir le placement de sa force conjointe sous le chapitre 7 de la Charte des Nations unies. Ce qui lui garantirait un financement pérenne. Avec le soutien de la France, de l’Union africaine, de l’Union européenne et du Secrétaire des Nations unies, les pays du G5 réclament ce placement sous chapitre 7 qui s’est constamment heurté au refus de l’administration américaine sous Trump.
Tous espèrent un revirement de la position américaine avec l’arrivée de Joe Biden qui affiche nettement une meilleure prévenance pour les dossiers africains. Il n’est finalement pas exclu donc que ce placement sous le chapitre 7 intervienne en même temps que l’élargissement du G5 Sahel au Sénégal.