Dix jours qu'Internet est coupé au Niger. Cette coupure est intervenue au lendemain de la proclamation des résultats provisoires du 24 février dernier qui ont donné le candidat Mohamed Bazoum vainqueur de l'élection présidentielle. Dans la foulée des protestations de l'opposition, qui ont fait deux morts selon Amnesty International, le chef de l'opposition Hama Amadou est lui toujours emprisonné.
C'est le dixième jour sans internet au Niger. Le pays est coupé du reste du monde, depuis que les résultats du second tour de la présidentielle ont été contestés par l'opposant Mahamane Ousmane. Selon Amnesty, plusieurs utilisateurs passent par des technologies VPN et satellite pour contourner l'interdiction. Les opérateurs Niger Telecom, Zamani Telecom, Moov Africa Niger et Airtel Niger n'ont pas publiquement communiqué sur cette interruption. Pendant ce temps, des organisations de la société civile menacent de porter plainte contre l'Etat nigérien. Les autorités n'ont toujours pas commenté cette coupure qui paralyse les communications et les transactions financières dans le pays,
Après la proclamation des résultats provisoires de la présidentielle du 21 février, des manifestations avaient éclaté le 23 février dans la capitale Niamey et dans plusieurs villes à l'annonce de la victoire de Mohamed Bazoum crédité de 55,7% des voix par la commission électorale indépendante. Deux personnes ont perdu la vie, Amnesty International appelle à l'ouverture d'une enquête :
''Toutes les parties doivent faire preuve de retenue dans cette situation déjà tendue. Nous appelons les autorités nigériennes à enquêter sur ces décès, à poursuivre en justice les responsables présumés dans le cadre de procès équitables et à prendre toutes les mesures nécessaires pour permettre à tous d’exercer le droit de manifester pacifiquement'', a déclaré Ousmane Diallo, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International.
L'opposition exige la libération de Hama Amadou
Mercredi, l'opposition nigérienne a dénoncé l'incarcération de trois de ses militants après plusieurs jours de garde à vue. Il s'agit du général à la retraite Moumouni Boureima, ancien chef d'état-major des armées, incarcéré à la prison de Ouallam (nord de Niamey), Abdou Maman à la prison de Kollo (sud de Niamey) et Seydou Tahirou Mayaki, un ex-colonel des douanes, à la prison de Say (sud de Niamey), selon un communiqué des députés de l'opposition.
De plus, les députés ont également dénoncé "la déportation" lundi de l'opposant et ancien Premier ministre Hama Amadou à la prison de Filingué, une zone désertique située à 200 km au nord de la capitale.
Hama Amadou Amadou, ancien président de l'Assemblée nationale, est accusé par les autorités d'être le responsable des troubles qui ont éclaté après l'annonce le 23 février de la victoire du candidat du pouvoir Mohamed Bazoum au second tour de la présidentielle, face à l'ex-président Mahamane Ousmane soutenu par l'opposition.
Des opposants retrouvent la liberté
Dans la foulée, plusieurs opposants ont par ailleurs été remis en liberté, selon leurs entourages. Djibrilla Baré Maïnassara, candidat au premier tour qui a soutenu M. Ousmane, a été "inculpé pour diffusion de données pouvant troubler l'ordre public mais laissé en liberté provisoire", selon son avocat.
A Zinder, deuxième ville du Niger, une dizaine d'opposants interpellés après des troubles ont été inculpés par un juge d'instruction qui les a remis en liberté, selon Me Lirwana Abdourahamane, l'avocat de Mahamane Ousmane. Les chefs retenus contre eux sont notamment : "appel et incitation à un mouvement insurrectionnel, participation à un attroupement non autorisé, dégradation de biens publics et privés", a précisé l'avocat.