Pour remporter le prix Ibrahim 2020 pour le leadership africain, et le prix de 5 millions de dollars qui y est associé, le président du Niger, Mahamadou Issoufou, a dû quitter ses fonctions.
Sa décision de se retirer après deux mandats a permis au le Niger de connaître la première transition démocratique entre des dirigeants élus depuis qu’il est devenu indépendant de la France il y a plus de 60 ans.
Mais ce n’est pas la seule raison pour laquelle il a été récompensé. Le comité du prix a fait l’éloge de son leadership après avoir hérité de l’une des économies les plus pauvres du monde.
Il a déclaré qu’il avait « favorisé la croissance économique, fait preuve d’un engagement inébranlable en faveur de la stabilité régionale et de la constitution, et défendu la démocratie africaine ».
Pour un prix qui n’a pas été décerné depuis quelques années, faute de lauréat approprié, les références de M. Issoufou ne doivent pas être considérées comme acquises.
A 68 ans l’ex président du Niger aurait pu tenter de rester au pouvoir et imiter ainsi d’autres présidents d’Afrique de l’Ouest qui ont réussi à faire modifier la constitution pour pouvoir prolonger leur mandat.
Mais ses convictions ne l’ont pas laissé faire, a-t-il déclaré à la BBC avant les élections du mois dernier.
« Je respecte la constitution. Je respecte la promesse que j’ai faite au peuple nigérien qui m’a fait l’honneur de le diriger pendant deux mandats. Cette décision est en accord avec mes convictions et ma vision de ce que devrait être l’avenir démocratique du Niger », a-t-il déclaré.
Son seul regret
Le Niger est le pays le plus pauvre du monde, selon le classement de 189 pays établi par les Nations unies. Il est confronté à de fréquentes sécheresses, à des insurrections et à une pauvreté généralisée.
Il est actuellement impliqué dans deux conflits, qui sont les retombées des insurrections djihadistes au Burkina Faso, au Mali et au Nigeria voisins, et qui ont forcé des centaines de milliers de personnes à fuir leurs foyers.
Des groupes liés à Al-Qaïda, au groupe État islamique et au groupe nigérian Boko Haram sont tous présents au Niger, mais en termes de nombre total d’attaques, le pays a moins souffert que ses voisins.