La Fondation « Mo Ibrahim » a attribué le 08 mars 2021 son prestigieux prix de bonne gouvernance au président sortant du Niger, Mahamadou Issoufou. Si cette attribution est applaudie par certains, le mouvement « Tournons La Page » (TLP) estime qu’il est « légitime d’émettre des doutes » sur le choix du président nigérien si seulement ce prix est décerné pour récompenser le leadership en Afrique et au regard des indicateurs sur lesquels l’attribution du prix devrait se baser.
Le Prix « Mo Ibrahim » est censé évaluer la gouvernance des dirigeants africains tant sur la transparence, la lutte corruption, le respect des droits humains et des libertés fondamentales que sur le climat politique ou l’accès aux besoins fondamentaux que sont l’éducation, la santé ou l’eau. A cet égard, le mouvement TLP est surprise qu’il soit décerné au président nigérien alors même que le Niger n’atteint même pas 50% d’approbation dans les catégories « niveau de gouvernance » (47,8%) et « Participation aux droits et Inclusion » (49,5%).
« Une offense à tous les citoyens nigériens » …
Au regard des incarcérations répétitives, de la dégradation de la situation économique avec des scandales de corruption importants, des atteintes à la liberté de presse, des interdictions de manifestation dont le régime de Issoufou fait montre depuis bientôt 10 ans, TLP estime quela président nigérien est loin d’être le méritant du prix « Mo Ibrahim ».
« Pour nous, ce prix sonne comme une offense à tous les citoyens nigériens qui depuis 10 ans payent le prix d’une gouvernance dysfonctionnelle », soutient le mouvement « Tournons La Page » dans un communiqué. « Ce prix intervient qui plus dans un climat de division profonde et de polarisation violente de la vie politique et sociale, dont le président Mahamadou Issoufou est le premier responsable », souligne encore le communiqué du mouvement.
Par ailleurs, indique-t-il, le lauréat du prix « Mo Ibrahim » doit répondre à certains critères que Issoufou ne remplit évidemment pas. En effet, selon « Tournons La Page », le lauréat doit être ancien président ou premier ministre ayant quitté sa fonction depuis maximum 3 ans ; élu démocratiquement et ayant terminé son mandat constitutionnel. Or, jusqu’à avril 2021, M. Issoufou est le président du Niger, il n’a pas quitté sa fonction et n’a donc pas terminé son mandat constitutionnel, relève TLP.
Le choix d’Issoufou, une consécration de la faillite de la démocratie en Afrique
Selon toujours TLP, si le président nigérien part après ses deux mandats, il n’a que juste respecté la loi fondamentale et cela ne doit pas constituer un critère de base pour une si prestigieuse récompense. La limitation de mandat n’est qu’une condition de la bonne gouvernance. « Honoré d’un prix richement doté un homme ayant respecté un seul article de la constitution à défaut de nombreux autres, c’est consacrer la faillite de la démocratie en Afrique », a avancé le mouvement TLP concluant qu’il ne peut s’y résigner.