Au Niger, la tension politique reste encore vive, alors que le pays attend le jugement de la Cour suprême sur la validité des résultats provisoires de l’élection présidentielle. La semaine dernière, le procureur de la République a annoncé qu’environ 350 personnes allaient être poursuivies pour leur rôle dans les violences de la crise post-électorale. D’après leurs avocats, certaines de ces personnes ont été arrêtées pour des données diffusées sur les réseaux sociaux. Internet avait été suspendu pendant dix jours, après l’annonce des résultats provisoires. Et malgré le retour de la connexion, certains Nigériens restent discrets sur les réseaux sociaux, car ils redoutent de tomber sous le coup de la loi de lutte contre la cybercriminalité.
Avec notre envoyée spéciale à Niamey, Gaëlle Laleix
Au fond d’un café, un petit groupe de jeunes discutent. Cette étudiante se dit accroc aux réseaux sociaux, mais depuis le rétablissement d’internet, elle ne s’exprime qu’avec parcimonie…
« Je ne dis pas ce que je pense clairement, surtout en ce qui concerne la politique. Si ça n'a pas plus aux autorités, on peut te chercher. À cause de ça, maintenant, je préfère me taire. »
L’article 31 de la loi de lutte contre la cybercriminalité affirme que « la diffusion par le biais d’un moyen de communication électronique de données de nature à troubler l’ordre public est puni d’une peine d’emprisonnement ». Pour Maître Moustapha Hamidou, président de l’association des jeunes avocats du Niger, cet article laisse trop de part à l’interprétation, au risque d’être liberticide : « Au lieu d'être une loi sanction, c'est une loi préventive. Parce que l'objectif de la loi n'est pas de sanctionner des faits qui ont troublé l'ordre public.... suite de l'article sur RFI