Vingt enfants ont été tués au Niger, lors de l’incendie de leur école à Niamey, mardi 13 avril. Le feu s’est rapidement propagé dans les salles de classe en paillote et a pris au piège les élèves. Suite à cet évènement, des enseignants s’inquiètent pour la sécurité des élèves. Ils déplorent l’état de nombreux établissements scolaires, et l’insuffisance de moyens pour les améliorer ou les entretenir.
À Niamey, il ne reste plus grand-chose de l’école du quartier Pays-Bas. Seules les carcasses calcinées des tables et des bancs sont encore visibles dans la rue. Cette école, composée de huttes de pailles, a pris feu mardi 13 avril, dans l’après-midi. Vingt élèves sont morts dans l’incendie.
Le lendemain du drame, les membres du Syndicat national des enseignants du Niger se sont rendus sur place pour constater les dégâts et apporter leur soutien aux familles. « Nous étions révoltés de voir les conditions dans lesquelles l’école était implantée, s’indigne Issoufou Arzika Nanaïjé, le secrétaire général du syndicat. À notre arrivée, nous avons trouvé une concession scolaire exiguë, morcelée et vendue à des particuliers, ce qui a fait que les constructions étaient collées les unes aux autres. Il n’y avait pas un espace d’aération suffisant entre les salles de classe. » D’après lui, ce type de bâtiment construit avec des matériaux inflammables est très courant dans le pays. « Près de la moitié des salles de classe au Niger sont en paillotte, et les incendies sont devenus monnaie courante », explique-t-il.
Le coût des infrastructures difficile à supporter
Mais le Niger n’est pas un cas isolé. En Afrique de l’Ouest, selon Cécilia Balbeh, conseillère régionale éducation pour le bureau régional de l'Unicef « beaucoup de pays ne peuvent pas supporter le coût de solides bâtiments, faits en blocs de ciment par exemple ». Les infrastructures scolaires, trop souvent, sont donc fragiles ou en mauvais état. « Ces pays s’appuient donc sur des communautés qui utilisent des matériaux alternatifs qui ne sont pas forcément sûrs pour les enfants », ajoute-t-elle.
C’est notamment le cas au Burkina Faso, où François Yaméogo travaille. Il fait partie du syndicat général des instituteurs et constate qu’« au fur et à mesure qu’on avance, le nombre d’écoles en habitat précaire s’allonge. Il y a des infrastructures qu’on construit ici qui ne durent pas plus de cinq mois, parce que c’est mal fait ».
Au Mali aussi, la situation de certaines écoles est préoccupante. Alors qu’il enseignait les mathématiques au lycée de Diéma, Semoro Caranta a assisté, impuissant, à l’effondrement d’une salle de classe. « C’était le 5 octobre 2020, explique-t-il. Les élèves étaient en train de travailler avec les professeurs dans la salle contiguë. » Cette insécurité, il la dénonce régulièrement, tout comme monsieur Zoumarou. Il est directeur d’école à Perma, dans le nord du Bénin et fournit chaque année des informations sur l’état des locaux aux autorités. Malgré ses signalements, « rien ne change » déplore-t-il.
L’enseignement numérique comme solution
Pour éviter que des accidents tels que l’incendie de l’école de Niamey ne se reproduisent, Cécilia Balbeh réfléchit à des solutions. « On pourrait peut-être utiliser la crise du Covid comme une opportunité pour réinventer l’éducation, propose-t-elle. On pourrait penser à d’autres options qui seraient proposées aux enfants, et qui pourraient compléter l’enseignement basique. Comme par exemple l’enseignement numérique, l’apprentissage par la radio ou par la télévision. » Un moyen selon elle, de protéger les enfants et de faciliter leur apprentissage.