Face à la crise du pastoralisme, aggravée par l’insécurité au Sahel, des responsables d’éleveurs se sont mobilisés et ont lancé un appel d'urgence à Niamey, entendu par le président du Niger, qui est devenu leur ambassadeur. En avant-première sur le rapport « Pastoralisme et insécurité », entretien avec Mathieu Pellerin, son principal auteur.
Mathieu Pellerin est un chercheur sur le Sahel qui intervient pour l’Institut français des relations internationales (Ifri) et pour l’International Crisis Group (ICG). Il est l'auteur principal du rapport « Pastoralisme et insécurité », à paraître fin juin.
RFI : Mathieu Pellerin, expliquez-nous ce qu'est cet appel de Niamey, qui a été lancé par des représentants des éleveurs le 29 mai dernier ?
Mathieu Pellerin : Cet appel est celui de plus de 80 responsables d’associations d’éleveurs du Sahel, leaders coutumiers, élus locaux des pays du Sahel et d’Afrique de l’Ouest. Ils appellent à une prise de conscience sur l’urgence de remédier à la crise du pastoralisme qui, aujourd’hui, accentue l’insécurité. Ce constat résulte d’une étude qui a été menée par le Réseau Billital Maroobé (RBM) sur les impacts réciproques entre crise du pastoralisme et crise sécuritaire. Cette étude a recueilli la perception de 2 000 personnes dont 1 700 éleveurs dans 23 régions administratives les plus touchées par l’insécurité actuelle dans sept pays du Sahel central et d’Afrique de l’Ouest. Elle livre un diagnostic très clair dans lequel les auteurs de l’appel de Niamey se reconnaissent. Cet appel a été entendu par le président du Niger, Mohamed Bazoum, qui a accepté d’endosser le rôle d’ambassadeur des organisations pastorales pour résoudre cette double crise, pastorale et sécuritaire.