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Insécurité et instabilité dans le Liptako-Gourma : un séminaire régional à Niamey sur la gestion des conflits locaux et communautaires

Publié le mercredi 30 juin 2021  |  actuniger.com
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© Autre presse par DR
Déclaration des ressortissants de la région de Diffa résidant et de passage à Niamey relative à l`insécurité
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Du 28 au 30 juin, la capitale nigérienne abrite un séminaire régional sur la gestion des conflits locaux et communautaires dans le Liptako-Gourma. Organisé à l’initiative de la Médiature de la République, en collaboration avec celle du Bénin du Burkina et du Mali ainsi que de plusieurs partenaires au développement, cette rencontre de trois (3) jours va permettre aux participants d’identifier ensemble les causes et de proposer des solutions communes à l’insécurité que connait cette zone frontalière depuis quelques années.

C’est le Premier ministre, M. Ouhoumoudou Mahamadou qui a présidé, lundi 28 juin 2021 à l’hôtel Bravia de Niamey, l’ouverture du séminaire régional sur la gestion des conflits locaux et communautaires dans la zone frontalière du Liptako-Gourma. L’évènement a été également rehaussé par la présence du Médiateur de la République Me Ali Sirfi Maiga et de ses homologues des pays voisins, des présidents d’institutions nationales, des membres du gouvernement, des députés nationaux, des représentants du corps diplomatique et des organisations internationales ainsi que des partenaires techniques et financiers, des autorités régionales et municipales ainsi que de plusieurs invités au rang desquels les représentants de la société civile et des leaders et représentants des communautés locales des pays frontaliers de la zone du Liptako-Gourma.

Le Séminaire régional est une initiative du Médiateur de la République du Niger, en collaboration avec ses homologues du Bénin, du Burkina Faso et du Mali. Durant trois (3) jours, les participants vont réfléchir et identifier « la recherche de solutions à l’insécurité que vit la région et le partage d’expériences et des bonnes pratiques des Médiateurs du Burkina Faso, du Mali et du Bénin dans le but d’une bonne collaboration dans la prévention et la gestion des conflits dans la zone du Liptako-Gourma » qui est en proie, depuis quelques années, à une amplification des conflits locaux et communautaires.

Menaces sécuritaires et défis de développement

En procédant à l’ouverture officielle de la rencontre, après le mot de bienvenue d’usage du Gouverneur de la Région de Niamey, le chef du gouvernement a tenu à félicité le Médiateur de la République pour cette initiative opportune qui vise à identifier les pistes de solutions à ces problèmes qui affectent sévèrement les populations de la région du Liptako Gourma. « La présente rencontre se veut donc un cadre de concertation entre les différents acteurs de la région pour discuter de la problématique de l’instabilité dans le Liptako Gourma et un espace d’échanges libre, particulier, participatif et inclusif entre les participants afin qu’ils fassent part de leurs connaissances, expériences et suggestions », a indiqué M. Ouhoumoudou Mahamadou pour qui, « c’est aussi le lieu où chacun, en ce qui le concerne, prendra conscience du rôle qu’il a à jouer dans le cadre de la stabilisation de cette zone importante pour l’économie du Niger et des autres pays qui la composent ».

Le Premier ministre Ouhoumoudou a ensuite rappelé le contexte dans lequel se tient ce séminaire régional et qui est particulièrement marqué par une insécurité grandissante qui affecte les pays membres du G5 Sahel et ceux riverains du Lac Tchad, du fait de l’activisme des groupes armés terroristes, des trafiquants et des bandits armés. « Si par le passé, ces groupes armés terroristes s’attaquaient aux cibles militaires, ce n’est plus le cas malheureusement à l’heure actuelle car les tueries en masse des populations civiles désormais, les assassinats ciblés des leaders communautaires et religieux, les enlèvements des personnes contre rançon, les raquettes, les vols des bétails, l’enrôlement forcé des enfants sont devenus monnaie courante », a fait remarquer M. Ouhoumoudou Mahamadou, qui a ajouté par la meme occasion, que « ces tueries et ces actes barbares ont pour conséquence de pousser les populations à l’auto-défense voire à la vendetta sur d’autres populations tout aussi civiles et innocentes du simple fait de l’appartenance de la majorité des éléments des groupes armés terroristes et bandits à ces communautés ». Il a surtout regretté le fait que « de vengeance en versage, les communautés, naguère paisibles, entrent dans un cycle infernal de conflits intercommunautaires », même si, a-t-il reconnu les conflits intercommunautaires et communautaires ont certes toujours existé dans la zone mais pour d’autres raisons notamment les questions relatives à l’accès aux terres de cultures, à l’accès aux pâturages, à l’accès au point d’eau et aux foncés urbains.

Poursuivant son allocution, le chef du gouvernement a souligné que ces conflits étaient moins fréquents et moins violents du fait que les populations n’utilisaient que leurs poings où tout au plus des armes blanches. Cependant, a-t-il ajouté, « la prolifération des armes à feux de tout calibre rend ces conflits des plus meurtriers ». Ce qui selon le Premier ministre engendre des conséquences économiques et sociales graves, notamment les déplacements des populations, la perturbation des circuits de productions et de commerce, ainsi que la perte du capital et du revenu des populations affectées. Une sombre situation d’insécurité à laquelle viennent s’ajouter les répercussions du changement climatique et le difficile accès des populations aux ressources naturelles. Aussi, a-t-il poursuivi, « cette situation impacte négativement les efforts du gouvernement et de ses démembrements dans leurs luttes pour la paix et le développement durables ». C’est pourquoi, M. Ouhoumoudou Mahamadou a fondé l’espoir que la qualité des débats ainsi que celles des institutions et spécialistes présents à cette rencontre de Niamey, sont de nature à démontrer l’intérêt particulier de vos institutions pour la sécurité de tous. Le Premier ministre n’a pas manqué de souligner, à ce niveau, que « plusieurs actions ont été déjà menées par nos Etats et les partenaires au développement en termes d’offre de service et de sécurité pour ces populations victimes de représailles même si beaucoup reste à faire ».

Des réponses communes pour une sécurité collective

Auparavant, le Médiateur de la République, Me Ali Sirfi Maiga, a pris la parole pour remercier les participants pour leur participation massive à cette rencontre, ce qui prouve si besoin est, leur intéret pour la sécurité collective dans la zone du Liptako-Gourma et au délà dans tout le Sahel et l’Afrique de l’ouest. Le Médiateur a, à juste titre, rappeler l’émergence de la sécurité collective, un concept forgé il y a quelques décennies par la Communauté internationale afin de faire face multiples crises qui menaçaient la paix mondiale. «Ce concept qui fut un grand référentiel dans les relations internationales et qui a fortement déterminé l’avènement des mécanismes internationaux de prévention et de règlement des conflits réels ou supposés entre les nations ou entre les blocs de nations », a indiqué Me Ali Sirfi Maiga, pour qui « la crise sécuritaire qui affecte le Sahel et même au-delà, d’autres pays de la CEDEAO, actualise ce concept ».

Pour le Médiateur, en effet, la dégradation de la sécurité dans cette zone se présente comme une problématique majeure qui met en relief un grand espace, l’Afrique au sud du Sahara, donc l’existence de millions de personnes réparties sur plusieurs pays africains. «Cette crise sécuritaire prend plusieurs formes que l’on peut résumer en conflits inter ou intracommunautaires, radicalisme religieux qui s’exprime sous forme de terreur infligée à d’innocentes populations ainsi que banditisme armé», a poursuivi Me Ali Sirfi Maiga qui pour qui, l’épicentre de cette crise insupportable pour les populations se situe dans la zone des frontières des trois pays membres du Liptako-Gourma à savoir le Burkina-Faso, le Mali et le Niger, comme en témoignent la multiplication des attaques meurtrières de ces derniers mois dans la zone. «Cette évolution de la cruauté vient interpeller davantage les acteurs sur les mobiles réels de ces terroristes d’un nouvel âge qui, il faut le rappeler, n’ont ni identité, ni revendication», a expliqué le Médiateur de la République qui a invité les Etats à « conjuguer les efforts et les énergies, à exploiter les études et les rapports et à renforcer les forces armées et les stratégies militaires, les alliances et les unions, pour non seulement stabiliser ce désastre sécuritaire et humanitaire, mais aussi surtout pour vaincre pour toujours, les ennemis de Dieu ».

Le Médiateur de la République a aussi présenté les objectifs assignés à ce séminaire régional qui participe justement à contribuer à cette lutte commune contre l’insécurité et l’instabilité dans la zone. Il a en ce sens assuré les autorités nationales que les participants vont veiller à atteindre les objectifs assignés à cette rencontre. « Nous allons analyser en profondeur le sens de cette insécurité, partager les visions et les bonnes pratiques et jeter les bases d’un cadre permanent de suivi de cette situation », a déclaré Me Sirfi Maiga, qui a profité de l’occasion pour lancer un vibrant appel à ses pairs du Bénin, du Burkina et du Mali pour une union sacrée face aux menaces communes. « C’est ensemble que nous pouvons éradiquer ce fléau. Unissons nos forces, car un Liptako sans djihadistes, un Liptako sans groupes armés, un Liptako sans violences est possible », a estimé Le Médiateur de la République.

A noté qu’à l’issue des trois jours des travaux, les participants auront à dresser un diagnostic sans complaisance de la situation et qui va permettre de mieux appréhender les facteurs d’instabilités dans la région et formuleront d’importantes recommandations et des propositions de solutions pour le retour de la paix et de sécurité dans le Liptako Gourma.

A.K.M
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