-Tout est rose selon Issoufou - Tout est noir selon l’opposition - Le front social en ébullition « Mes chers concitoyens, comme vous venez de le constater, le gouvernement a honoré la quasi-totalité des engagements pris dans le cadre du programme de la renaissance. De plus en plus, les chantiers surgissent partout au Niger… ».
C’est par cette phase que le Président Issoufou a conclu son message à la nation qu’il a livré le 6 avril dernier, veille de la célébration du 2ème anniversaire de son accession à la magistrature suprême de notre pays. Dans la présentation de ce bilan très flatteur, le Président Issoufou a affirmé haut et fort que son régime a honoré la quasi-totalité des engagements pris devant le peuple dans le cadre du programme de la renaissance et tous les secteurs ont connu des avancées sensibles en deux années seulement d’exercice du pouvoir d’Etat. En somme un bilan rose présenté par le Chef de l’Etat. Pourtant, il y a quelques jours de cela, à l’occasion de la célébration du 22ème annivesaire du Mouvement pour la société de développement (MNSD/Nassara), et comme pour prendre les devants, l’opposition politique a qualifié de désastreuses, les actions menées par le régime de la 7ème République, en deux ans de gestion des affaires de la cité. Pour l’opposition, c’est un bilan sombre qui se dégage de toutes les actions, jusque là menées par le régime actuel.
Et comme pour enfoncer le clou, à quarante heures du message à la nation du Chef de l’Etat, l’Intersyndicale des travailleurs du Niger (ITN) est montrée au créneau pour exiger du gouvernement le respect des engagements pris, faute de quoi, elle usera de tous les moyens de droit pour le faire fléchir, contrariant ainsi l’autosatisfaction générale du pouvoir. Les scolaires pour leur part, à travers l’UENUN, piqués par une mouche invisible, posent pour la première fois, des revendications politiques sur la présence d’AREVA au Niger.
Si le régime ne prend garde face à toutes ces actions qui risquent d’être combinées dans les prochains jours par d’autres actions de ses adversaires internes, mais aussi de l’opposition qui, par la voix de son chef, a assuré que « les prochains jours seront pour le MNSD-NASSARA, des moments de hautes luttes politiques sous toutes leurs formes, pour arrêter cette descente aux enfers du Niger et de ses laborieuses populations ».
La situation sociale et politique du pays risquerait alors d’être électrique dans les tous prochains jours, avec toutes ces annonces de luttes faites d’abord par le principal parti de l’opposition, puis par l’Intersyndicale des travailleurs du Niger (ITN), auxquelles il faut ajouter les revendications posées par les étudiants de l’université de Niamey.
Il appartient donc au Président Issoufou qui mordra certainement les doigts de n’avoir pas pu ouvrir les yeux très tôt, en mettant en exergue son ambitieux programme de lutte contre l’impunité, donnant ainsi l’occasion aux prédateurs embusqués des biens publics de lui rendre la tâche difficile dans conduite du train Niger.
Tout est rose selon Issoufou
La mission du programme de la renaissance qui s’appui sur trois piliers essentiels que sont: la sécurité, les institutions démocratiques fortes et le développement socioéconomique, «est de faire passé le Niger du groupe des pays à indice du développement humain faible à celui des pays à indice de développement moyen », a dit le Président Issoufou.
Ainsi, dans le domaine de la sécurité, le Chef de l’Etat a dit que pendant deux ans d’exercice du pouvoir, la formation et l’encadrement des forces de défense et de sécurité ont été au centre de ses préoccupations. Et pour la première fois de notre histoire, « la masse de soldats est égale à la masse du feu » avec le renforcement de matériels automobiles et de moyens logistiques d’appui et de soutien à nos forces du terrain, pendant que les forces aériennes, en plus de la remise en état de toute la flotte aérienne et de l’acquisition de nouveaux hélicoptères de combats sont dotés des avions de chasse. Le gouvernement, devait-il poursuivre, a également renforcer le moral de troupes y compris à travers l’accroissement de leur rémunération, afin qu’elles puissent assurer une couverture optimale de l’ensemble du territoire national. Beaucoup d’autres actions de sécurisation des personnes et de leurs biens à travers tout le pays sont menées, ce qui a permis au Niger d’être aujourd’hui en paix.
Dans le domaine de la stabilité des institutions démocratiques et républicaines, l’exercice démocratique du pouvoir, la réhabilitation de l’administration, « des résultats importants ont été atteints » a dit le Chef de l’Etat, ce qui explique selon lui, le rôle qu’occupe notre pays dans le classement relatif à la liberté de la presse, celui de l’indice de la perception de la corruption ainsi que l’éligibilité de notre pays au programme compact du MCC des Etats-Unis d’Amérique.
S’agissant de la justice, de la dépolitisation de l’administration, de l’objectif « impunité zéro », de la lutte contre la corruption, de la restauration du monopole fiscal de l’Etat, de l’efficacité de la dépense, le Chef de l’Etat a encouragé les magistrats pour que la justice déléguée, celle rendue au nom du peuple, soit une réalité.
Il a également encouragé la HALCIA, l’Inspection générale d’Etat, les contrôleurs financiers des ministères et les autres structures du même ordre à redoubler d’efforts afin que soit réalisé l’objectif de moralisation de la vie publique.
Le dynamisme de la diplomatie nigérienne, a dit le Chef de l’Etat a permis au Niger d’atteindre ses objectifs et des performances ont été réalisées dans le domine de la croissance avec un taux de réalisation de plus de 91% pour un objectif de croissance économique annuelle de 7% prévu durant son mandat.
Les dispositions prises dans le cadre de la mise en œuvre de l’initiative 3N ont permis, selon le Président Issoufou de démontrer que sécheresse n’est pas synonyme de famine garce à un investissement de plus de 155 milliards de Fcfa. « Le Niger qui est importateur de céréale depuis plusieurs années est devenu autosuffisant et même en devenir exportateur », a dit le Chef de l’Etat. Toujours dans ce volet 3N, le gouvernement a réhabilité 1500 aménagements hydro agricoles, 2000ha de superficies nouvelles pour la grande irrigation, plus de 12000ha de nouvelles superficies pour la petite irrigation. Dans le domaine de l’élevage, le gouvernement a renforcé les capacités des services de ce secteur, fourni des aliments pour bétail, veille sur le plan de la protection du cheptel et a réalisé des puits pastoraux. Dans le cadre de la prévention et de crise alimentaire, le gouvernement a porté le niveau de stock de sécurité à plus de 174 000 tonnes, donc au-delà es prévisions du programme de la renaissance. Il a également opéré des ventes à prix modéré, des distributions gratuites de vivres et de transfert d’argent. Quant à la prévalence de la malnutrition, elle a été réduite. S’agissant des infrastructures, des résultats forts appréciables ont été enregistrés ces deux dernières années, selon Issoufou. Ainsi, 745 km de routes bitumées sont en cours de réalisation, 497 km de routes bitumées en cours d’étude ou de lancement d’appels d’offres, tandis que la sélection des bureaux d’étude est également en cours pour le bitumage de 10 tronçons de routes, totalisant 1273 k. Et des travaux de réalisation de routes bitumées sont en cours sur plus de 450 km. Des études pour le lancement des appels d’offres sont également en cours sur 187 km et un projet d’entretien sur 425 km est en cours. S’agissant des routes rurales, environ 800 km sont terminés, soit au stade d’appels d’offres ou en cours d’étude. Dans le domaine de l’énergie électrique, nos capacités de réserves fortes ont été renforcées, le réseau de transport et de distribution ont également été rénové, les travaux du barrage de Kandadji, le financement de la ligne électrique de raffinerie, Zinder, Maradi, Malbaza est acquis, les travaux de la centrale thermique de Gorou banda de 100Mgwatt ont été lancés, le projet de construction de la centrale thermique de 200 Mgwatt et une usine de briqueterie de charbon minéral à usage domestique de 100 000T/an à Salkadamna est en cours de négociation. L’essentiel des activités d’exploitation pétrolière a généré 95 milliards de recettes, longtemps déjà supérieur aux recettes du secteur de l’uranium, a dit le Chef de l’Etat. Quant à la mise en service du gisement Imouraren, elle interviendra, selon lui à la mi-2015. Des perspectives prometteuses s’annoncent également dans le développement industriel. Des efforts sont également faits dans le secteur commercial, le transport, le tourisme, l’hôtellerie et on assiste à une croissance de création d’entreprise, une amélioration de notre balance commerciale et un renforcement de trafic aérien. Les réalisations ans le cadre du projet Niamey N’Gnala se poursuivent et des résultats significatifs sont enregistrés, note le Chef de l’Etat.
Au niveau du secteur hydraulique rurale, 4264 points d’eau ont été réalisés, 467 sont en cours de réalisation, 1682 ont été réhabilités. Au niveau urbain, 42 forages et plus de 18 000 branchements sociaux et 537 bornes fontaines ont été réalisés. A cela s’ajoute la pose de plus de 400 km de conduite de distribution d’eau. Dans le domaine de l’assainissement de base, plus de 25 000 ouvrages ont été réalisés. S’agissant de l’école nigérienne, 3207 classes ont été construites et équipées en eux ans et 2991 sont en cours de construction, soit 6198 classes auxquelles s’y ajoutent 187 classes construites et 181 en cours de construction au niveau du cycle moyen. En plus, au niveau du cycle de base II, 134 collèges publics ont été créés, 722 centres d’alphabétisation des adultes et 12 écoles de seconde chance ont été ouverts. Plus de 7000 nouveaux enseignants ont été formés, 550 professeurs du CEG sont en cours de formation, 168 instituteurs d’alphabétisation ont été formés et 12 463 sans formation initiale ont reçu une formation de 30 à 45 jours. Au terme de la formation continue, plus de 62 000 enseignants ont été formés au cours des sessions de CAPED, 217 encadreurs pédagogiques ont reçu une formation sanctionnée par un diplôme et 523 autres ont reçu une formation continue. Pour le chef de l’Etat, « la mise en œuvre de toutes ces actions a permis de rehausser le taux brut de scolarisation de base I et II ainsi que celui du cycle moyen au-delà du taux brut ». Quant au nombre des étudiants, il a fortement augmenté, a dit le Président Issoufou, en particulier, celui des boursiers qui a été multiplié par deux dans toutes les universités du Niger où des infrastructures ont été construites. Dans le domaine de la formation professionnelle, l’objectif du gouvernement est de porter la proportion des apprenants de 8% des effectifs à 25% en 2015.
Dans le secteur de la santé, la construction des infrastructures, la mise à niveau des équipements, le recrutement de nombre important des médecins et infirmiers, la poursuite de la gratuité des soins ont permis d’augmenter la couverture sanitaire, vaccinale, le taux de soin curatif, celui des accouchements assistés par un personnel qualifié, la prévalence de la malnutrition aiguë, globale a été réduite, ainsi que le taux de la mortalité maternelle et infantile.
Dans le domaine de la lutte contre le chômage, la mise en œuvre du programme de la renaissance, a dit le Président Issoufou a permis de créer plus de 251 000 emplois, dont plus de 52 000 emplois permanents. Pour le financement du programme, environ 1453 milliards de Fcfa ont été mobilisés au titre de recettes internes, soit un taux de réalisation de 102% par rapport aux prévisions. S’agissant des ressources externes, des conventions de financement ont été signées avec les partenaires techniques et financiers pour un montant de de 1591 milliards de Fcfa. D’autres financements feront l’objet de signature. Les dépenses réalisées sur deux ans, a dit le Président Issoufou sont d’un montant de plus de 1950 milliards qui ont servi à fiancer le programme de la renaissance. Au regard de toutes ces réalisations et convaincu que beaucoup reste à faire, le Chef de l’Etat, satisfait des actions menées dans le cadre de la renaissance, a demandé au gouvernement d’être à l’écoute des citoyens, de prendre leurs critiques y compris les critiques de la « Hassada » pour capitaliser les acquis et améliorer les performances.
Mais pour l’opposition politique qui s’exprimait quelques jours auparavant, « il s’agit là de deux ans de faux bilans, voire de mensonge érigé en système de gouvernance »
Tout est noir selon l’opposition
« Deux ans de violations de la loi fondamentale, de modifications des lois et règlements de la République à des fins personnelles et politiciennes ainsi que de refus de respecter les décisions de justice; deux ans de désillusion, de déception et de désespoir; deux ans de faux bilans, voire de mensonge érigé en système de gouvernance; deux ans de divergence notoire des gouvernants dans leurs appréciations de la situation politique et socioéconomique du pays; deux ans d’amateurisme, d’extravagance, d’irrationalité dans la gouvernance actuelle ; deux ans de scandales politico-financiers; deux ans émaillés de répressions sauvages des grèves et manifestations ayant occasionné trois assassinats à Zinder et à Gaya et plusieurs blessés dont des cas graves jusqu’à présent jamais élucidés; deux ans d’exclusion; de cadres compétents et expérimentés de l’administration, ainsi que des opérateurs économiques ayant fait leur preuve en matière d’exécution de marchés publics, deux ans de rupture entre les gouvernants et les populations qu’ils sont censés représenter et servir; deux ans d’insécurité alimentaire et d’insécurité tout court; deux ans de mauvaise gestion de la situation scolaire et universitaire;deux ans de paupérisation aggravée du peuple nigérien; justifiant le dernier rang qu’occupe notre pays en indice de développement humain tel que l’atteste le dernier rapport du PNUD, deux ans enfin de menace permanente à l’endroit de la presse indépendante, des syndicats et des organisations de la société civile à Zinder et à Niamey », tel se présente ainsi, le bilan de deux années du pouvoir d’Etat par le président Issoufou Mahamadou et ses alliés, selon l’ARN. Pour son président, Mahamane Ousmane qui bossait ce bilan lors de la célébration du 22ème anniversaire du MNSD/Nassara, « Assurément, en deux ans, cette renaissance est entrain de conduire le Niger à l’agonie ». Une vision partagée par le Chef de file de l’Opposition, Seïni Oumarou, qui affirme, dans le discours prononcé à cette occasion, que « Notre pays va mal car il est mal gouverné. Notre économie est en ruine, car elle est pillée. Nos ressources de sous-sol échappent à nos contrôles et les recettes qu'elles génèrent sont aussi détournées de l'intérieur et de l'extérieur ».
Il poursuit que « Notre administration est grippée, car fortement politisée et instrumentalisée à outrance », malgré la promesse faite par le Président de la République dans son discours d'investiture d’œuvrer pour le bonheur de l’ensemble de nigériens.
Une situation que l’opposition entend combattre farouchement sans relâche ni répit. A ce niveau, Seïni Oumarou avertit les autorités de la 7ème République que « les prochains jours seront pour le MNSD-NASSARA, des moments de hautes luttes politiques sous toutes leurs formes pour arrêter cette descente aux enfers du Niger et de ses laborieuses populations ». Il appelle ainsi à la « mobilisation des militants partout où ils se trouvent pour mener avec foi, détermination et abnégation, les luttes qui libéreront le Niger et son peuple des emprises de ces politiciens incapables, incompétents et affairistes ».
C’est dans ce contexte que le front social est entré en ébullition avec cette déclaration musclée de l’Intersyndicale des travailleurs du Niger (ITN), rendue publique le vendredi 5 avril dernier, dans laquelle les travailleurs dénoncent le non respect par le gouvernement des engagements pris, tout en menaçant de faire recours aux moyens dont ils disposent pour faire aboutir ses revendications.
Un bilan sur fond de la montée du front social
Par cette déclaration de l’ITN, ajoutée à la sortie des étudiants pour revendiquer un partenariat plus équilibré avec Areva, un des partenaires stratégiques du Niger dans l’exploitation d’uranium au Niger, en passant par la grogne des commerçants du petit marché qui attendent toujours la reconstruction de leur cadre d’affaires et la marche projetée par certaines structures de la société pour interpeller le gouvernement à créer les conditions d’un épanouissement harmonieux du peuple nigérien, tel est l’état actuel de la situation sociopolitique du pays, annonçant ainsi une difficile entame de la 3ème année du mandat de Issoufou à la tête du Niger. Déjà, les dernières semaines de deux ans de gestion du pouvoir par le régime actuel a durement été secoué par la décision prise par l’opposition de suspendre sa participation aux travaux du Conseil national du dialogue politique CNDP, puis par les séries de grèves du CPRASE, sans oublié les événements intervenus à Gaya.
Cette montée du front social risque d’empoisonner la vie au gouvernement, surtout avec cet appel à la mobilisation des militants, lancé par le chef de file de l’opposition, Seini Oumarou, pour contraindre le gouvernement à asseoir une véritable gouvernance au Niger.
Au regard de la situation ainsi décrite, point de doute que le « Guri » a du souci à se faire dans ce tournant décisif de la vie politique nationale du pays au lendemain de l’entrée du président de la renaissance dans sa troisième année de gestion du pouvoir de la 7ème République.