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Un nouvel ennemi américain au Sahel…

Publié le vendredi 2 juillet 2021  |  fr.saharamedias.net
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© Autre presse par DR
La population de la région s`attendait à des représailles des djihadistes.
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Le ministère américain des affaires étrangères a annoncé lundi dernier qu’elle a inscrit le nommé Ousmane Alias Djobo sur la liste mondiale des terroristes.

Celui-ci est un dirigeant de l’état islamique dans le grand Sahara, un mouvement actif au Niger, au Mali et au Burkina Faso.

Mais qui est le nouvel ennemi américain au Sahel ?

Le communiqué signé du secrétaire d’état américain Antony Blinken n’est pas prolifique en matière d’information et précise simplement qu’il est actif dans la bande frontalière entre le mali et le Niger, notamment la région malienne de Ménaka, fief de Daech.

Le communiqué ajoute que Djibo entretient une relation étroite avec le chef de l’état islamique dans le grand Sahara Abou El Welid Sahraoui et avait demandé à ses combattants de mettre en place un réseau pour l’enlèvement des ressortissants occidentaux au Niger et dans les zones qui en sont proches.

Le ministère américain avait lié le nom de Djibo aux attaques qui ont visé l’armée nigérienne au cours des dernières années, notamment une embuscade pour une unité de l’armée près de la localité de « Toungo Toungo » en mai 2019, au cours de laquelle il avait fait prisonnier 6 soldats.

Il serait également responsable de l’attaque contre la base militaire de « d’Inat » le 1er juillet 2019 au cours de laquelle 18 personnes ont péri dont des soldats et une importante cargaison d’armes a été saisie.

Le communiqué américain interdit à tout ressortissant américain d’entreprendre une quelconque opération avec Djibo, ajoutant que ses biens seront saisis et ses intérêts sous tutelle de la justice américaine.

Des sources locales ont estimé cependant que la décision américaine a donné à l’homme plus que sa stature, dans une zone trouble.

Mais qui est l’homme que craignent désormais les américains ?

Ousmane Alias Djibo est connu dans les milieux locaux sous le nom du « petit Chavoury » et on ne dispose pas d’information précise sur sa date de naissance, mais ce qui est sûr c’est qu’il est né dans la localité de « Tirza », dans la commune « d’ouwalam », à l’est de la région de « Tillabéry », dans l’ouest du Niger.

L’homme est donc originaire dans la région où a été enregistré le plus grand nombre d’attaques de l’état islamique dans le grand Sahara et c’est la région dans laquelle ont été tués en 2017 quatre soldats des forces spéciales américaines par des combattants de Daech.

Il appartient à la composante « Toliby », une fraction importante des Foulans, présente dans des villages de l’ouest nigérien, sur la bande frontalière avec le Mali, vivant de l’élevage des bovins dans une zone bédouine, dépourvue dans beaucoup de cas des aspects de l’état et de l’autorité.

Certaines sources révèlent que lors de sa jeunesse, Djibo avait appartenu à des milices locales créées par sa tribu pour défendre leurs villages et leur bétail après la rébellion touarègue au Niger et au Mali de 2007 à 2009 et c’est au cours de cette période qu’il s’est familiarisé avec les armes et la guerre.

Dès le début de la rébellion dans le nord Mali en 2011 et qui a permis à Al Qaida au Maghreb arabe de s’installer dans le nord du pays, Djibo a rejoint les rangs du mouvement « TEWHID WE EL JIHAD » en Afrique de l’ouest qui occupait en 2012 la ville de Gao.

Sa notoriété dans le groupe naitra des relations qu’il va nouer avec Adnan Abou Al Welid Sahraoui.

Après l’intervention française dans le nord Mali en 2013, Djibo, fera partie des combattants qui traverseront la frontière à destination du Niger et mènera de violents combats contre les milices touarègues soutenant les français dans la guerre contre le terrorisme avant d’être arrêté par les nigériens en 2014.

Son emprisonnement ne durera que quelques mois, Al Qaida ayant obtenu sa libération dans le cadre d’un échange avec l’otage français Serge Lazarevic, enlevé par Al Qaida en novembre 2011, alors qu’il résidait dans un hôtel malien dans le nord du pays avec un autre français qui sera exécuté par ses ravisseurs.

Al Qaida avait accusé les deux hommes de travailler pour les renseignements français ce qui n’a pas empêché le mouvement de négocier la libération de Lazarevic, après trois années de détention, accueilli à l’époque par le président français François Hollande, saluant à l’époque la libération du dernier otage français dans le monde.

L’autre facette cachée de cette opération a été son coût exorbitant, qui a permis la libération de chefs importants de Daech dont Djibo, aujourd’hui l’un des plus importants chefs du mouvement dans le grand Sahara.

Après sa libération Djibo a rejoint les bases du groupe Al Mourabitounes qui s’est constitué d’une fusion entre le groupe Tewhid we Al Jihad en Afrique de l’ouest dirigé par Abou Al Welid Sahraoui et la Ketiba « des signataires avec le sang » dirigée par l’algérien Mokhtar Belmoctar, alors que certains rapports disaient qu’il était en étroite relation avec le chef du mouvement Ansar Eddine Iyad Ag Ghali dont il était considéré l’ombre, sur la frontière entre le Niger et le Mali.

Ce flou dans le parcours de Djibo s’explique par la profondeur des mutations qu’a connue la région à l’époque ?

Son ami Abou Al Walid Sahraoui a fait scission avec Al Mourabitounes et fait allégeance à l’organisation état islamique en 2015.

C’est au cours de cette année que le mouvement Al Mourabitounes est retourné dans le giron d’Al Qaida et qu’il s’est engagé d au sein de la première alliance djihadiste au Sahel, né de la fusion entre « l’émirat du Sahara », « Ansar Eddine » et « la Kétiba Macina » pour constituer le groupe « Nousratou Al Islam We Al Mouslimine » dirigé désormais par Iyad Ag Ghali alias Abou Al Vadl.

Quant à la France elle avait mis fin à l’opération SERVAL et mis en place BARKHAN, plus élargie celle-là pour le groupe du G5 sahel afin de faire face au cycle de la violence dont l’espace s’est élargi.

Pendant ce temps, Djibo et son ami Sahraoui tentaient de convaincre Daech d’intégrer la nouvelle composante qui porte désormais le nom de « l’organisation de l’état islamique dans le grand Sahara ».

Il va falloir attendre un an pour que le groupe fasse allégeance à ce groupe.

Cette même année de 2016, le mouvement mènera sa première opération d’envergure, début octobre 2017, en tendant une embuscade à une unité de l’armée nigérienne (30 soldats) accompagnée de 11 soldats américains, membres de la force spéciale.

Cette embuscade, tendue près de la localité de « TOUNGO TOUNGO » a couté la vie à quatre soldats américains et 5 soldats nigériens tandis que deux soldats américains ont été blessés, lors de ces combats particulièrement violents, comme l’ont confirmé les images vidéos d’une caméra frontale de l’un des soldats américains qui a été tué.

Cette embuscade a révélé, pour la première fois, la présence militaire américaine dans la région du Sahel, les militaires américains étaient partis à la recherche de chefs de l’organisation de l’état islamique dans le grand Sahara sur la base de renseignements obtenus.

Arrivés sur place les soldats nigériens et américains ont trouvé que ceux-ci avaient déjà quitté les lieux et c’est au retour qu’ils sont tombés dans l‘embuscade.

Celle-ci a prouvé le degré de puissance auquel est parvenue l’organisation de l’état islamique dans la grand Sahara, car un rapport américain, présenté par une commission d’enquête devant le sénat américain a décrit la force qui a tendu l’embuscade « d’organisée, disciplinée et fortement armée ».
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