Si cela ne tenait qu’à la seule volonté du gouvernement nigérien, la marche de protestation organisée le samedi 21 décembre dernier contre la société française AREVA n’allait sans doute jamais avoir lieu. Mais la justice a finalement décidé autrement.
Interdite par le tout nouveau maire central de Niamey, la marche organisée par le Réseau des Organisations pour la Transparence et l’Analyse Budgétaire (ROTAB-NIGER) a finalement été autorisée par le juge de référé du tribunal de grande instance hors classe de Niamey. Ce dernier a tout simplement annulé l’arrêté liberticide du premier responsable de la ville de Niamey qui lui-même s’est inspiré du scélérat message-radio du ministre de l’Intérieur interdisant certaines manifestations sous le fallacieux prétexte des raisons d’ordre public. En annulant son arrêté, la justice a non seulement désavoué le maire central de Niamey, mais aussi à travers lui tout le gouvernement qui semble faire sienne la décision du ministre de l’Intérieur de restreindre la liberté de manifestation pourtant consacrée par la Constitution nigérienne. L’acte posé par le juge de référé du tribunal de grande instance hors classe de Niamey honore la justice nigérienne et prouve que ce corps de métier renferme encore des magistrats qui, comme la brave ancienne présidente de la Cour constitutionnelle Mme Salifou Fatimata Bazèye, ne badinent pas avec le droit. Grâce donc à la décision du juge de référé, le Réseau des Organisations pour la Transparence et l’Analyse Budgétaire (ROTAB-NIGER) a pu organiser sa marche le samedi 21 décembre dernier. Ils étaient plusieurs centaines les acteurs de la société civile, de simples citoyens et même deux députés nationaux à avoir pris part à cette marche qui a débuté à la Place de la Concertation, sise devant l’hémicycle de l’Assemblée nationale, pour finir au siège de la société AREVA situé à l’immeuble SONARA II. Malheureusement, les manifestants n’ont pas pu atteindre cette destination car, ils ont été stoppés par un dispositif de la police anti-émeute qui a pris position à environ 300 mètres du siège d’AREVA. C’est donc en cours de chemin que la manifestation s’est terminée avec un bref meeting au cours duquel le Coordonnateur du ROTAB, M. Ali Idrissa avait lu un mémorandum dans lequel son organisation a fustigé le comportement de la société AREVA et exigé de cette société et du gouvernement nigérien le respect scrupuleux du code minier nigérien dans le cadre des négociations en cours autour de la révision des contrats miniers entre AREVA et l’Etat du Niger.