Dans une déclaration publiée le samedi 7 décembre dernier, au siège du Mouvement démocratique nigérien pour une fédération africaine (MODEN/FA LUMANA-AFRICA), l’Alliance pour la Réconciliation, la Démocratie et la République (ARDR) a vigoureusement réagi aux deux dernières décisions du ministre de l’Intérieur portant sur l’interdiction des marches et meetings de l’opposition et la menace de suspension de la Convention démocratique et sociale (CDS-RAHAMA).
Pour la coalition des partis politiques de l’opposition, ces deux décisions du ministre Hassoumi Massaoudou ne sont ni plus ni moins qu’une déclaration de guerre à son encontre. Et l’ARDR se dit bien prête à croiser le fer avec le pouvoir.
L’Alliance pour la Réconciliation, la Démocratie et la République s’est toujours d’abord offusquée que c’est au moment où «le monde entier pleure la disparition de Nelson Mandela qui a sacrifié l’essentiel de sa vie, dont 27 ans de prison pour mettre fin à l’inégalité, l’injustice et la discrimination», que s’installe au Niger «un pouvoir inique décidé à mettre fin aux libertés des citoyens et des partis politiques». Après avoir rendu hommage à la mémoire de Nelson Mandela, l’opposition politique nigérienne a indiqué qu’en même temps qu’il pleure sa disparition, le Niger pleure aussi devant le danger qui menace sa liberté individuelle et collective. «En effet, le ministre de l’Intérieur Hassoumi Massaoudou bras armé du Guri-Système a reçu l’ordre de museler l’opposition politique et de lui interdire tout mouvement à l’intérieur du pays en violation flagrante des dispositions de l’article 32 de la Constitution», a déploré l’Alliance pour la Réconciliation, la Démocratie et la République. Selon l’ARDR, cette mesure est «d’autant plus inacceptable qu’elle suggère que les partis politiques de la mouvance présidentielle sont quant à eux ouvertement autorisés à manifester, à agresser à leur guise tout citoyen ne partageant pas leur vue». La coalition de l’opposition ajoute que «cette discrimination est encore plus flagrante à travers les médias publics» qui ont reçu l’ordre «de censurer et de dénigrer l’opposition politique». Parlant du message radio que le ministre de l’Intérieur a adressé aux gouverneurs des différentes régions pour interdire ses marches et meetings, l’opposition a estimé qu’une telle mesure est scandaleuse et honteuse, surtout qu’elle vient d’un régime dont le président proclame au plan national et international qu’il est un démocrate et qu’il s’est battu pendant plus de vingt ans pour l’instauration d’une véritable démocratie au Niger. L’ARDR rappelle d’ailleurs aux tenants du pouvoir que pendant les vingt ans qu’ils disent avoir passé à l’opposition, ils n’ont jamais été interdits de manifester par les régimes antérieurs qu’ils qualifiaient pourtant de dictateurs. «Le danger qui guette aujourd’hui les nigériens, c’est d’avoir aux commandes de l’Etat des individus sans scrupules qui semblent ignorer les textes régissant les organisations et les associations qu’ils sont censés gérer», a averti la coalition de l’opposition. Mais pour l’Alliance pour la Réconciliation, la Démocratie et la République, ce n’est pas que le ministre de l’Intérieur ignore l’article 32 de la Constitution et l’article 4 de la Charte des partis politiques sur le droit de manifestation reconnu aux partis politiques. Selon l’ARDR, la démarche du ministre Hassoumi Massaoudou s’inscrit dans une logique déjà programmée par le pouvoir de dissoudre les partis de l’opposition. Toujours selon l’opposition ARDR, la menace de suspension que le ministre Hassoumi Massaoudou a brandi au parti CDS-RAHAMA participe de cette même logique du pouvoir. «Il y a lieu de relever là également, une violation délibérée de la charte des partis politiques et une ingérence grave du pouvoir exécutif dans les affaires judiciaires surtout si on sait que suite à l’arrêt de la cour d’état N° 150/CA de Niamey en date du 19 août 2013, arrêt qui ne met d’ailleurs nullement en cause les délibérations de délégation régionale et du congrès de Zinder de septembre 2011, le bureau de ce parti a introduit un pourvoi en rétractation dont les effets courent toujours», a relevé l’Alliance pour la Réconciliation, la Démocratie et la République.
La logique de la confrontation
Pour l’opposition politique – qui n’a pas encore fini de digérer les crises qu’elle accuse le pouvoir en place d’avoir provoquées au sein de ses principaux partis – les deux dernières décisions du ministre de l’Intérieur Hassoumi Massaoudou sonnent comme une véritable déclaration de guerre. Tout en rejettent lesdites décisions, l’Alliance pour la Réconciliation, la Démocratie et la République a décidé de se battre contre ce qu’elle considère comme la tyrannie des tenants du pouvoir. A ce propos, elle a demandé à ses militants, sympathisants et à tous les démocrates sincères «de se tenir prêts pour répondre à tous les mots d’ordre qui leur seront donnés dans les jours à venir». Même si l’ARDR n’a pas dévoilé les formes d’actions qu’elle compte entreprendre, beaucoup d’analystes estiment que face à un pouvoir visiblement décidé à la dévorer, l’opposition n’a d’autre choix que de prendre son courage à deux mains et exercer tous les droits que lui confèrent la Constitution et les autres lois de la République, comme l’avait du reste courageusement fait l’actuel Président de la République Issoufou Mahamadou quand il était à l’opposition. En tout cas il n’y a pas encore en Afrique un pays où une opposition a réussi à faire prévaloir ses droits et à créer les conditions d’une alternance à travers des simples déclarations.