Les chrétiens du monde entier fêtent, aujourd’hui, la nativité du Christ ou Noël. Dans notre pays, les différentes communautés chrétiennes ont entonné, avec les anges, l’hymne de la gloire au Seigneur. A la cathédrale de Niamey, c’est à 22 heures, le mardi dernier qu’avait débuté la veillée de Noël. Venus soutenir la communauté chrétienne, il y’avait aux premières loges, le ministre en charge de l’Intérieur et des affaires religieuses, M. Massoudou Hassoumi, le ministre délégué aux affaires coutumières et religieuses, M. Mohamed Sanoussi Elhadji Samro, le gouverneur de la région de Niamey, M. Hamidou Garba, ainsi que des représentants de différentes associations islamiques. A Rome, des milliers de fidèles ont pu suivre le pape François qui célèbre ce premier Noël neuf mois et demi après son élection. "Ne craignez pas ! Notre Père est patient, il nous aime, il nous donne Jésus pour nous guider sur le chemin vers la terre promise. Il est la miséricorde, notre Père pardonne toujours. Il est la lumière qui resplendit dans les ténèbres. Il est notre paix", annonce le pape François dans son homélie pour la nuit de Noël, en la basilique Saint-Pierre de Rome. Evoluant dans le même contexte, à Niamey, l’Archevêque de Niamey, Mgr Michel Cartatéguy insiste sur la naissance du Sauveur. Cette annonce extraordinaire de l’ange aux bergers de Palestine, dit-il, doit non seulement nous émouvoir mais nous mouvoir pour aller à sa rencontre car il est venu pour nous. «C’est par amour qu’en Jésus, Dieu se fait proche de nous. Il ne vient pas nous écraser de sa puissance, ni même nous imposer de lourds fardeaux pesants et écrasants mais il vient nous libérer en se faisant l’un de nous. Il prend le même chemin que nous. Il s’incarne au milieu de nous. Il se fait chair pour nous » a ajouté l’Archevêque de Niamey.
Intégrant la naissance du Christ dans le contexte actuel, Mgr Michel Cartatéguy, souligne que Noël, c’est Dieu qui naît parmi nous, mais c’est aussi nous qui naissons en Dieu. « Mais y a-t-il une place pour lui dans notre vie ? Ce soir où va-t-il naître dans notre humanité ? Déjà ses parents n’avaient pas trouvé de place dans la salle commune au moment de l’enfantement. Sera-t-il contraint encore aujourd’hui de naitre là où l’indifférence l’aura repoussé ? », s’est-il posé comme questions. Selon lui, l’indifférence nous guette constamment. L’indifférence c’est de se dire que l’histoire des autres, ce n’est pas notre histoire. Certes à l’instant de l’information d’un drame on s’émeut mais l’émotion disparaît presque dans le même temps et demain est un autre jour. C’est pourquoi, l’archevêque de Niamey revient sur les différents drames que notre pays a vécus. «Qui ne s’est pas ému à l’annonce de ces enfants nigériens retrouvés morts avec leurs mères dans le désert alors qu’ils cherchaient des jours meilleurs ailleurs ? Depuis, faisons nous une place pour ces familles en désespérance et en errance ou avons-nous laissé place à nouveau à l’indifférence ? Qui ne s’est pas ému à l’annonce de tant de nos frères et sœurs nigériens qui connaîtront encore cette année la famine à cause d’une pluviométrie irrégulière et capricieuse ? Depuis, faisons-nous une place à ceux qui comptent sur nos gestes de solidarité et de partage ou avons-nous laissé place à nouveau à l’indifférence ? Qui ne s’est pas ému à l’annonce de tant de massacres entre croyants dans les pays qui nous sont proches provoquant des tueries atroces ? Depuis faisons-nous une place à la fraternité entre croyants, entre les peuples, entre les différents milieux sociaux ou avons-nous laissé place à nouveau à l’indifférence ? », a-t-il dit.
Citant le pasteur Martin Luther King, l’Archevêque de Niamey indique : « Je ne crains pas la méchanceté des mauvais mais l’indifférence des bons. ». Mgr Michel Cartatéguy a dit que le Pape François, pleurant sur les 20 000 morts anonymes qui ont payé de leur vie à Lampedusa a demandé pardon pour « la globalisation de l’indifférence », dans laquelle se déroulent aujourd’hui les drames. Le drame de l’indifférence, a t-il continué, c’est qu’elle provoque les drames humains atroces. L’indifférence fait que personne ne se sent responsable de ce qui arrive. L’indifférence c’est refuser délibérément de lier sa vie avec la vie des autres. C’est refuser de lier son histoire avec l’histoire des autres. L’indifférence creuse de jour en jour un abîme infranchissable entre l’autre et moi. Selon ses explications, l’enfant Jésus qui nait aujourd’hui doit réveiller nos consciences pour nous sortir de cette indigne indifférence si nous sommes prêts à le prendre dans nos bras et si on lui fait une place dans notre cœur. Au cours de cette messe qui a été retransmise en direct à la télévision nationale, l’Archevêque de Niamey, a souhaité comme à l’accoutumée, le traditionnel joyeux Noël à toutes les communautés chrétiennes de notre pays selon leurs spécificités. Dans la matinée d’hier, c’est avec les détenus de la prison civile de Niamey que l’Archevêque de Niamey, Mgr Michel Cartatéguy, a partagé la bonne nouvelle de la naissance du Christ.
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