La ville de Gaya a vibré, du 3 au 5 septembre 2021 dernier, au rythme de ses impressionnantes traditions et histoires mystiques. C’est une manifestation culturelle riche en couleurs et première du genre qui a été organisée par l’association Union Dendi avec l’appui des autorités départementales et communales de Gaya et la participation du Ministère de la Culture. Cette première édition du festival intitulé «Semaine culturelle du Dendi», placée sous le parrainage du Haut représentant du Président de la République, a été une véritable vitrine de la richesse culturelle du terroir du Dendi, dans toute sa diversité.
Les riches ressources culturelles d’antan du département de Gaya (dans la région de Dosso) semblent être en voie de disparition. Cette identité dendi a été pourtant pendant longtemps une source d’inspiration de la célèbre troupe artistique Tchanguey de Gaya, plusieurs fois primée aux festivals de la jeunesse qui s’organisaient jadis avec notamment des ballets comme «Ganyakoye» et «Danbenkarhé» des années 1980 mais qui reviennent encore très souvent sur la télévision nationale. «Le patrimoine culturel mérite d’être sauvegardé», a dit le président de l’Union Dendi, association des ressortissants du département de Gaya, M. Moumouni Hassane, au lancement des activités culturelles en présence du Haut Représentant du Président de la République M. Foumakoye Gado.
Ce faisant, des animations et spectacles culturels ont eu lieu à la maison des jeunes et de la culture Adamou Fodi de Gaya, ainsi qu’à la Samaria (place publique) du quartier Dendi. La semaine a été marquée aussi par une excursion publique sur les sites historiques des fameux serpents génies, anges gardiens de l’histoire du canton, à savoir : la grotte de Kombalati qui fait face au fleuve Niger et la falaise de «Barri Zangou» au Nord-ouest du village de Tara (situé à15 km a l’Ouest de Gaya). Il faut noter que le répertoire artistique du département de Gaya traduit à suffisance le vécu de la population du Dendi. Selon le président de l’association Union Dendi, ce festival est initié pour être aussi un rendez-vous de toutes les cultures du Niger, d’Afrique et d’ailleurs, dans leurs diversités. Autrement dit, «un festival du Dendi ouvert à tous», a-t-il lancé, avant d’inviter les autorités à soutenir l’initiative.
A cette même occasion du lancement de ladite Semaine culturelle, le préfet du département de Gaya a tenu à féliciter l’Union Dendi pour avoir conçu et organisé l’événement. «Par cet acte, l’association vient de s’inscrire résolument dans le processus historique et dynamique de l’espace Dendi», a déclaré M. Adamou Harouna, soulignant l’harmonieuse adéquation de l’initiative avec le concept «Dendi Ganda», fruit d’éminentes recherches des universitaires nigériens, nigérians et béninois en tant que programme de coopération transfrontalière socio-économique et culturel. Le programme concerne, en effet, six communes du département de Gaya, quatre communes du Nigéria, et deux communes du Bénin qui forment l’espace historique attractif Gaya-Mallanville-Kamba. «Le département de Gaya est en train de renaitre. Toute chose qui cadre parfaitement avec le programme de la renaissance acte III et la Déclaration de politique générale du gouvernement», a indiqué le préfet Adamou Harouna. Il a, cependant, exhorté la population à un changement de mentalité en faveur de ce processus promoteur, dans la cohésion, l’unité et la solidarité. Puisque, dit-il, des grands enjeux existent et se posent déjà. M. Adamou Harouna a attiré l’attention de la population à ne pas perdre de vue la question sécuritaire caractérisée dans la zone par le trafic de carburant, de drogue et d’armes.
Pour la représentante du ministre de la Culture, de l’artisanat et du tourisme Mme Aichatou Ali Soumaila, ce projet fait, non seulement de la culture un levier de développement local, mais fait aussi de la commune urbaine de Gaya un centre d’inspiration pour la valorisation du patrimoine culturel au Niger. «Cela consacre la démocratisation et l’accès de la population à la culture», a-t-elle soutenu. «Certains éléments du patrimoine culturel sont menacés de disparition au Niger et un peu partout dans le monde. Une synergie d’actions est nécessaire, de la base au sommet», estime la représentante du ministre. Et c’est justement en cela que cette dynamique vient d’être déclenchée à Gaya.
Aichatou Ali Soumaila a par ailleurs relevé que la sauvegarde de la culture suppose des dialogues intergénérationnels, pour la transmission des savoirs et savoirs faire traditionnels, et des infrastructures appropriées pour leur expression. «Je suis convaincue que ce projet fera de la commune urbaine de Gaya, une référence», a-t-elle déclaré tout en rassurant quant à la disponibilité des autorités à soutenir des telles initiatives. Cette première édition s’est tenue au grand bonheur des populations et des invités venus pour la circonstance.