Le transport de marchandises communément appelé “kaya kaya” est autrefois uniquement pratiqué par des grandes personnes généralement très fortes et musclées qui, le plus souvent, déchargent des gros camions. On les voyait ainsi prendre des sacs de 50 kg voire 100 kg sur leurs têtes, leurs dos ou leurs épaules moyennant une rémunération à la fin de leur travail. Mais aujourd’hui, des jeunes utilisent d’autres moyens comme les brouettes, les sachets du ciment pour transporter des marchandises en petites quantités au niveau de plusieurs marchés de la place.
Pour beaucoup d’enfants non scolarisés, cette activité leur permet de se faire un peu d’argent. Mais pendant les vacances des élèves n’hésitent pas aussi à s’adonner à kaya kaya, une manière d’occuper leurs vacances et de préparer la rentrée. Le marché Dolé et celui de djamadjé constituent les principaux pôles où on rencontre chaque jour ces enfants en train de pratiquer l’activité de transport de marchandise au moyen des brouettes. Il suffit de faire un tour dans ces marchés pour constater la forte présence de ces enfants autour des étals de marchandises. Ils circulent avec leurs brouettes en mains et guettent à l’appel des clients, le plus souvent les femmes qui viennent faire leurs emplettes. C’est le nouveau business qui bat son plein pendant surtout en cette période des grandes vacances. Certains enfants prennent les brouettes en location, d’autres en achètent carrément leur propre matériel.
M. Hamidou Moussa, un commerçant locateur de brouettes rencontré au marché Dolé dispose actuellement de plus de 10 brouettes dans son hangar qu’il met en location à des enfants dont l’âge est compris entre 10 à 15 ans afin. «Le prix de location d’une seule brouettes est à 200 F la journée», a-t-il précisé. Par ailleurs, M. Hamidou Moussa ajoute qu’il totalise, chaque jour, un chiffre d’affaire de 4000F voire plus pendant les vacances. «Je n’ai jamais eu de problème avec cette activité. Au début, je loue les brouettes à chaque enfant même si je le ne connais pas mais maintenant il faut que l’enfant amène quelqu’un que je connais avant de lui louer la brouette», précise-t-il avant de souligner que ses clients sont surtout les enfants venus de différent villages environnants de Niamey. «Pendant les vacances, il y a aussi des écoliers qui viennent exercer cette activités pour pouvoir bien préparer leur rentrée scolaire», a indique M. Hamidou Moussa.
Ibrahim Amadou, un jeune âgé de 14 ans, rencontré en train de circuler à la recherche de client, exerce cette activité de transport des marchandises dans le marché Djamadjé. «Je transporte divers types de produits avec ma brouette. Le prix dépend du poids de la marchandise ; on peut transporter de la marchandise pour 200F à 500F», confie-t-il. Par jour, Ibrahim Amadou dit gagner au minimum 1500F et beaucoup plus à l’approche des fêtes. «Je suis fier de cette activité car, j’arrive à satisfaire mes besoins et chaque mois, j’envoie de l’argent au village pour qu’on m’achète des animaux» confie le jeune Ibrahim Amadou. Il a aussi ajouté qu’il n’a jamais eu de problème. «Même si des fois, on est insulté par les chauffeurs. Pire il y a certains clients qui refusent de nous payer», s’indigne le jeune docker.
Abdoul Moumouni Moussa âgé de 15 ans est ressortissant de Téra est en pleine
activité. Auparavant, il transportait les marchandises sur sa tête pour amener là où le client souhaite. «Aujourd’hui, grâce aux économies que j’ai faites dans cette activité, j’ai pu acheter mon propre moyen de transport (brouette) afin de pratiquer convenablement ce travail», se réjouit-il. «Chaque jour, je rentre à la maison le soir avec une somme de 2000F voire plus», dit, avec fierté, le jeune Abdoul Moumouni.
Pour sa part, Mme Adamou Zeinabou une cliente dit recourir, chaque fois qu’elle vient au niveau du marché Djamadjé, à ces jeunes «Kaya kaya» pour le transport de ses sachets jusqu’à la destination sans problème. «Cette activités est vraiment un travail à encourager car, elle permet à ces jeunes de gagner pleinement et honnêtement leur vie et aussi d’être à l’abri du chômage et de la délinquance», a-t-elle soutenu.