Les sorties du président du parti Lumana dans les différentes communes de la ville de Niamey et le département de Torodi ont véritablement secoué le Guri. En témoigne les virulentes réactions en chaîne des médias très proches du pouvoir.
Jamais, depuis les indépendances, médias d’Etat n’ont été mis à contribution pour démolir un homme, de surcroît l’adversaire direct du président de la République pour les prochaines élections. Même du temps du régime d’exception, au moment où Mamane Mamadou disait à propos des scolaires, sur le plateau de Télé Sahel, qu’il faut porter des verres en bois pour ne pas reconnaître la justesse des choix de ce régime, de telles dérives n’ont eu cours sur notre télévision nationale. Des éditoriaux pour accuser quelqu’un de régionalisme sans en donner la preuve est un manquement grave. En plus des médias d’Etat, d’autres médias audiovisuels ont été mis à contribution. Les journaux proches du Guri auront été plus virulents. Hama Amadou a été traité de « danger pour la nation », de « Blé Goudé », de « mille collines ».
On ne savait pas que le Niger est un pays de collines, de forêts, qu’il y a au Niger des « et » et des « ou ». Le Niger est un pays de plaines. Aucune barrière naturelle n’empêchait le déplacement des hommes. Dans nos traditions, l’étranger est toujours la bienvenue. Il pouvait s’installer, prendre femme dans sa communauté d’adoption et s’intégrer. Les deux choses qui leur sont interdites sont la conquête du pouvoir local et l’appropriation de la terre. Seulement, dans le sillage de la colonisation, sont venus des hommes, supplétifs de l’administration et de l’armée coloniales, croyant avoir à affaire à des indigènes. Ils n’auront pour épouses- s’ils consentent à respecter les rites de notre société- que des femmes diminuées ou en rupture de ban avec la société. Certains des rejetons de ces unions ont acquis les complexes de leurs géniteurs. Ils sont le problème du Niger. Ils n’ont aucune attache, n’obéissent à aucune autorité morale.
On ne retrouve aucun frère de leur père. Ils sont des individus génétiquement modifiés (IGM). Ils n’ont aucun scrupule. Ils sont prêts à mettre ce pays à feu et à sang. Voilà le problème du Niger. Le scrupule nous empêchait de tomber aussi bas en parlant de la région, de l’ethnie. Puisque les IGM nous y obligent nous ferons tout simplement remarquer qu’une commission, mise en place par la conférence nationale souveraine, a reconnu que certains Nigériens, qui ont pignon sur rue et qui défendent bec et ongle le régime, ont usé de l’ethnie dans une tentative de déstabilisation. Un ministre n’a-t-il pas dit que l’échec du régime est l’échec d’une région ? Combien de leaders nés loin des terres dont sont originaires leurs parents ont été obligés de retourner sur les terres de leurs grands parents pour espérer faire de la politique ? Voudrait-on qu’on soit plus explicite ? Un député du PNDS, le parti au pouvoir n’a pas traité la communauté gourmantché de porteuse de haillons ?
Récemment encore c’est par dizaine que les membres d’une ethnie sont tués sans que personne ne s’en émeuve. Ne parle-t-on pas de l’épisode de la hache à courte manche ? Au Niger, personne n’a le monopole du régionalisme et de l’ethnicisme. Chacun a, enfoui dans un coin de son cerveau, sa petite dose. Et le plus souvent on en use. Cela n’a jamais été une affaire d’Etat. Chacun de nous est né quelque part. nous ne sommes pas très loin des animaux qui marquent leur espace. Le patriotisme commence d’abord dans sa communauté. Celui qui ne défend pas son espace ne peut aimer son pays. Souhaite-t-on du bien pour ce pays même si la prière du président Kountché suivra le Niger.