La production des usines d'extraction d'uranium du Niger, la Cominac et la Somaïr, est interrompue depuis le début de la semaine. Sur RFI, les représentants syndicaux dénonçaient le moyen de pression de la part du principal actionnaire, le groupe français Areva. Le numéro 1 mondial de l'uranium est actuellement en négociations âpres avec l'Etat du Niger : l'enjeu est la renégociation des contrats miniers pour les dix prochaines années. Les deux parties assurent que les discussions se poursuivent. La pression sur l'Etat du Niger est très forte.
Officiellement, Areva joue l'apaisement : l'arrêt de la production à la Somaïr et la Cominac ces derniers jours n'est autre qu'une opération de maintenance de l'outil de production, assure un porte-parole du groupe, qui précise que cette maintenance durera au moins jusqu'à la mi-janvier.
Toutefois, derrière les mots se cachent mal les arrières pensées du géant minier : Areva refuse de se voir appliquer la nouvelle législation minière qui date de 2006, et menace de mettre au chômage plus de 5000 personnes.
La pression est donc forte sur le pouvoir nigérien qui refuse pourtant de se laisser dicter ses lois par une multinationale.
Une loi de « fierté nationale »
Selon un membre du gouvernement nigérien, il est hors de question de modifier la loi de 2006 pour faire plaisir à Areva. Cette loi minière, prise à l'époque du président Tanja et du Premier ministre Hama Amadou est synonyme de fierté nationale : elle prévoit une fiscalité plus favorable pour l'Etat du Niger. La modifier reviendrait, pour le pouvoir actuel, à se mettre à dos l'opposition, l'opinion publique et la société civile très mobilisée sur cette question.
A Niamey, les langues se délient : Areva doit comprendre qu'il a, cette fois, en face de lui, un Etat de droit qui n'acceptera pas les petits arrangements avec la loi, prévient un officiel nigérien.
Au ministère des Mines, on rappelle qu'aucune fermeture de sites miniers ne peut se faire sans l'autorisation préalable du ministre responsable.