Un pipeline pétrolier va être construit entre le Niger et le Cameroun. Le gouvernement de la République du Niger, réuni en conseil des ministres vendredi 3 janvier 2014 en a pris la décision, après plusieurs mois de tractations. Pour opérer un choix judicieux, le Niger a commandé une étude de faisabilité auprès de la China National Petroleum Corporation (Cnpc). Selon une dépêche de l’agence de presse Chine Nouvelle, l’étude chinoise a proposé deux options: «d’une part, le trajet passant par le Tchad et le Cameroun, et d’autre part, traverser le territoire nigérien et le Bénin jusqu’au port de Cotonou». Officiellement, l’itinéraire incluant le Tchad et le Cameroun a été préféré en raison des avantages liés au coût du projet, ainsi qu’au respect du délai de démarrage. Mais l’hypothèse d’une meilleure garantie sécuritaire n’est pas à exclure.
Toujours selon Chine Nouvelle, «le conseil des ministres a décidé que la gestion de cette importante infrastructure sera confiée à une société créée à cet effet et dont le capital sera réparti entre les Etats du Niger, du Tchad, du Cameroun, de la République populaire de Chine et les privés ressortissants desdits Etats». La décision prise le 3 janvier n’était en réalité un secret pour personne, même si la partie béninoise avait consenti d’énormes efforts diplomatiques pour voir transiter le brut nigérien par le port de Cotonou. Les dividendes financiers ainsi que la création de nombreux emplois tant à la construction qu’à l’exploitation motivaient la pression béninoise. Le choix final du Cameroun était déjà scellé depuis le 30 septembre 2013, date de la signature à Yaoundé d’un accord Niger-Cameroun sur «les conditions de transit sur le territoire camerounais des hydrocarbures en provenance du Niger et leur évacuation jusqu’à la côte atlantique camerounaise». Le Niger produit actuellement 20.000 barils de pétrole par jour, grâce à l’exploitation de gisements d’Agadem, à l’est du pays.
Dans les prochains mois, Niamey ambitionne d’exploiter 59 nouveaux gisements, toujours à Agadem. Ce qui fera passer sa production à 60.000-80.000 barils jour, pour un besoin national estimé à seulement 7.000 barils jour. Il faut donc exporter le surplus, et le Niger ne dispose pas d’accès à la mer. D’où la décision de construire un pipeline export dont la gestion sera confiée, à en croire Chine Nouvelle, à «une société créée à cet effet et dont le capital sera réparti entre les Etats du Niger, du Tchad, du Cameroun, de la République populaire de Chine et les privés ressortissants desdits Etats».