Comme dans son message à la Nation du 18 décembre, à celui du nouvel an aussi, le Président de la République est revenu sur le vote de confiance sur le PDES à l’Assemblée nationale, le 09 Novembre 2013. Le président a dit ceci le 18 décembre : « … Ce Gouvernement, qui s’est attelé immédiatement à la tâche, a bénéficié, comme vous le savez, de la confiance de la Représentation Nationale, le 09 novembre 2013, pour la mise en oeuvre de son Programme.
Cela confirme le bon fonctionnement de nos institutions, et la pertinence des mécanismes constitutionnels mis en place. C’est l’occasion pour moi de saluer l’adhésion d’une large majorité de Nigériens à cette vision que je continue de porter parce que je demeure convaincu qu’en cette phase de transition démocratique de notre pays, c’est la voie qui nous permettra de mieux y enraciner la démocratie. »
Le 31 décembre soit 2 semaines plus tard, il dit à propos du même sujet « L’année 2013 marque le parachèvement de la mise en place de l’architecture institutionnelle prévue par la constitution du 25 novembre 2010. Toutes les institutions en place ont pleinement joué leur rôle tout au long de l’année qui s’achève. En particu lier, le Gouvernement, mis en place le 13 août dernier, a pris une initiative audacieuse, et jusqu’ici inédite dans notre pays et peut être même sur notre continent, celle de mettre en jeu sa responsabilité devant le parlement : c’était le 09 Novembre dernier. »
Cette insistance du président Issoufou est traduite par certains analystes comme étant un défi lancé à l’opposition politique. En effet, trois jours avant le discours du chef de l’Etat, le 28 décembre précisément, l’Alliance pour la réconciliation, la démocratie et la république (ARDR, opposition) était à la Place de la concertation. Place qui a alors accueilli des dizaines de milliers de militants et sympathisants de l’opposition. Certains ont parlé d’une « démonstration de force ». Et c’est justement cette démonstration de force que le président Issoufou a tenté de minimiser en rappelant un échec politique de l’ARDR : le vote de confiance. Vote, dont les résultats ont été sans appel : 70 voix favorables au gouvernement, contre 43 pour l’opposition. C’est certainement une façon pour le président Issoufou de dire à l’opposition de son régime que ce n’est pas une démonstration de force que de réunir des gens dans la rue. Et que la véritable démonstration sera de déposer une motion de censure, faire tomber le gouvernement et former une nouvelle majorité qui mettra le président de la république en cohabitation.
L’ARDR, va-t-elle tenter de relever ce défi ?
A priori non. Non l’opposition ne se laissera pas embarquer dans cette aventure. Ceci, pour des raisons très faciles à comprendre. D’abord, aussitôt après le vote de confiance au cours duquel la majorité l’a malmenée, l’ARDR avait crié au scandale. Soutenant que le jeu n’a pas été joué à la régulière. Elle mit en avant l’achat de conscience des députés pour expliquer le vote peu ordinaire. Peu ordinaire, dans la mesure où 10 députés élus sous la bannière du MNSD-Nassara et 2 du MODEN FA n’auraient pas suivi les consignes de vote de leurs groupes parlementaires. L’opposition avancera plus tard des chiffres de 25 à 50 millions CFA par personne comme moyens ayant servi à « acheter » les voix des honorables députés. Donc, de ce point de vue le pouvoir ne doit pas espérer que l’ARDR lui donne une autre occasion de confrontation parlementaire sans s’assurer avoir aussi « manoeuvré » pour obtenir des voix au delà de la contenance officielle de ses groupes parlementaires. Là, c’est difficile pour elle compte tenu de son statut d’opposition et donc éloigné du gâteau national, l’ARDR est consciente qu’elle ne peut pas rivaliser avec le pouvoir sur ce terrain.
Ensuite, l’opposition reste convaincue qu’une victoire à l’Assemblée nationale n’est pas ce qu’il lui faut. Même si elle venait par une quelque osmose que ce soit, à mettre en place une nouvelle majorité, ce sera de courte durée. Le président de la république n’aura qu’à sortir son arsenal constitutionnel pour balayer l’Assemblée nationale et former un nouveau gouvernement qui aura la charge des législatives anticipées. Ainsi, les moyens que l’ARDR aura déployés pour faire tomber le gouvernement s’envoleront en fumée. La meilleure ligne de défense pour l’opposition demeure la tactique des dénonciations et autres manifestations publiques. Cela permettra de discréditer davantage le Guri system mais en plus ça aura aussi le mérite de donner du fil à retordre aux gouvernants. Histoire de les divertir un peu de la préparation des élections à venir mais également leur montrer qu’il n’y a aucune place à la fraude en 2016. Car, l’ARDR n’a pas confiance, elle veille au grain et est prête à tout pour que les élections soient les plus transparentes et démocratiques possibles.