Cette Contribution arrive au moment où se réunissent à Abidjan, les Professionnels africains du Tourisme , dans le cadre d’une Assemblée Générale constitutive de l’Association Africaine des Professionnels du Tourisme. Nous souhaitons pleins succès à cette nouvelle Institution d’intégration africaine par les Professionnels du Tourisme .
Notre Réflexion procède du recul que nous avons pu avoir relativement aux stratégies et politiques touristiques communautaires conçues par les diverses Institutions communautaires de la sous-région .
Du Conseil de l’Entente, la Doyenne des Institutions communautaires, en passant par la défunte CEAO, l’UEMOA, à la CEDEAO , toutes ces Institutions d’intégration régionale , ont élaboré et mis en œuvre des Stratégies et politiques de commercialisation d’une image touristique communautaire .
Fort malheureusement ces Stratégies n’ont pas produit les résultats escomptés tant en termes de création d’une visibilité de Destination , qu’en termes d’effets d’entrainement sur la promotion des pays membres pris individuellement .
C’est peut être ce qui explique pourquoi les efforts des Institutions communautaires se sont réorientés vers l’harmonisation des cadres législatifs, le relèvement des capacités des Administrations Nationales du Tourisme ( ANT ), l’organisation des Professionnels du Tourisme et de l’Hôtellerie.
Le présente Réflexion traitera des Initiatives développées spécifiquement par les institutions communautaires, pour la création et la promotion d’une Image touristique communautaire . Elle abordera également les limites structurelles qui ont rendu difficile voire impossible la création d’une telle Image .
1. Des expériences de promotion d’une Image Touristique communautaire
La plus concrète et la plus riche des Initiatives Communautaires en vue de créer une Destination touristique communautaire, est incontestablement celle du Conseil de l’Entente .
Les Experts et les professionnels des pays Membres, avaient été sollicités avec l’accompagnement d’une expertise extérieure, pour définir et mettre en œuvre une stratégie et une politique visant à créer une ‘’ Destination Touristique Conseil de l’Entente ’’ .
Il a été mis en place un ‘’ Pavillon dit du Conseil de l’Entente ‘’ , sous lequel les pays Membres devaient avoir une présence commune, à l’occasion des principaux Salons touristiques internationaux ( STV de Paris , ITB de Berlin , BTF de Bruxelles , Salons de Milan, de Londres etc.) .
A cet effet un instrument très intelligemment pensé de promotion avait vu le jour : le Visa Touristique Entente ( VTE ) . Le VTE avait été conçu pour générer des Ressources financières destinées à alimenter un Fonds de développement Touristiques communautaire ,et faciliter les voyages intra-communautaires . Il n’a pas été véritablement opérationnel malgré l’impression des visas , et leur placement dans les chancelleries des pays Membres. En plus des difficultés de cohabitation avec les Visa ordinaires existants des pays Membres , les différences d’attractivité Touristique entre les pays à déstabiliser le mécanisme du VTE . Les pays de grande destination du Tourisme ont privilégié la vente de leurs Visa pays .
Enfin un autre dispositif sensé identifié pour créer une visibilité de Destination Touristique Entente . Il s’agit « des Circuits inter-Etats » . Ces produits à vocation communautaire n’ont pas également survécu sous ‘’label Entente ‘’ . Ils n’ont pas été insuffisamment programmés par les grands voyagistes .
Ce qu’il convient de souligner avec force, c’est que le Conseil de l’Entente avait déployé beaucoup d’énergie et de Ressources pour sortir un Label Tourisme Entente . Il a cherché ensuite à le mettre en orbite à travers une présence sur plusieurs Manifestations et Rencontres internationales des professionnels du Tourisme .
Des guides Touristiques ‘’label Conseil de l’entente ’’ ont été confectionnés ainsi que des supports et visuels publicitaires faisant la promotion d’un produit Touristique difficile à circonscrire .
Concrètement l’Institution Communautaire n’a pas pu construire un Produit Tourisme communautaire viable, avec une visibilité différenciée nettement perceptible sur les Marchés Emetteurs .
Au demeurant ce qui est valable pour le Conseil de l’Entente l’ai également pour les autres Regroupements régionaux .
Dans les faits les Produit Touristiques communautaires étaient des produits composites pas nécessairement attractifs auprès des Tour-opérateurs ou grands Voyagistes .
Les Destinations Conseil de l’Entente , ou UEMOA, ou même CEDEAO ont été bâties à partir de combinaisons des produits supposés disposer d’avantages comparatifs retenus auprès des Etats Membres . Aussi pour s’assurer de leur viabilité et attractivité les Forfaits ou packages ont été réalisés en mettant à contribution les Agences de voyages réceptives des pays Membres.
Devant la mévente du Visa VTE en ce qui concerne le Conseil de l’Entente , et le maintien des tendances de flux touristiques vers les Destinations traditionnelles , les ambitions de promotion d’une image touristique communautaire , avec un Label et une Visibilité distincte , ont dû être abandonnée .
2. Des limites structurelles de création d’une Image communautaire
L’un des critères de succès de la politique de promotion du Tourisme communautaire , étant la création de Structures spécifiques Communautaires du Tourisme dans chaque Etat Membres , à ce jour aucune Structure ou Office de ce type n’a vu le jour , même sous la forme d’expérience pilote .
Les Etats Membres des Institutions communautaires ont poursuivi individuellement leurs campagnes de promotion touristique .
Les uns et les autres mettant à contribution leurs avantages comparatifs en termes de transport aérien ( existence compagnies nationales ) , d’aéroports modernes aux normes internationales de facilitation et sureté aérienne, de facilités de visa, de la diversité de leurs offres touristiques .
Avec le recul , on peut observer que c’est possiblement ,l’orientation de la stratégie de marketing de marques qui a fait défaut : On aurait dû concevoir un Label qui sera différencié en fonction des segments de marchés , puis on en assure la promotion par segments . Ce qui aurait facilité l’évaluation , et donc la rectification des déficiences observées .
Et même sous ce rapport la combinaison optimale pour confectionner des produits différencies complétifs n’est pas automatique .
Par exemple ,est ce qu’une une combinaison de balnéaires associant des plages sénégalaises avec la route de la pêche au Benin , est compétitive ? Est-ce rentable de vendre un combiné Air Ténéré au Niger et sahel du Centre du Burkina Faso ?
Tout n’est pas donc de construire des produits en agrégeant des avantages comparatifs pris dans les différents pays .
Il y a une limite dans le modèle de la création d’un produit par une combinaison d’avantages comparatifs complémentaires Dans certains domaines peut être que cela peut marcher. Mais dans le domaine du Tourisme la démarche s’est avérée inopérante .
D’ailleurs on regardant du côté des pays Emetteurs de Touristes , et qui sont également de grands pays Récepteurs , il n’existe pas de Pavillon ou de Label Union européenne de Tourisme , ou de Pavillon ASEAN !
Les Destinations et sous destinations européennes se présentent sur les marchés chacun avec son attractivité et sa force de vente . La diversité des produits conjuguée à d’importantes facilités de transports et d’hébergement et la sécurité, créent une visibilité renforcée pour chacun .
La conclusion forte que nous tirons des expériences en matière de promotion du Tourisme communautaire, est de ne point chercher à mettre un Label unique en orbite sur les marchés . Le modèle bâti autour de la mise en commun des avantages complétifs des uns et des autres , ne produit pas nécessairement une Image attractive différenciée pour un Espace communautaire . Il faut laisser les pays polir leurs produits et en fonction de leurs avantages comparatifs propres , tenter des spécialisations-pays .
Par exemple le Niger peut se positionner comme un pays de Randonnées , expéditions sahéliennes, le Burkina une Destination d’écotourisme, de safari-chasse, le Benin de tourisme culturel etc. .
A partir de ces spécialisations, il peut être mis en place des mécanismes de coopération dans la commercialisation entre les Agences de voyages réceptives des Etats Membres. La politique indicative pour chaque pays , en la matière pourrait se résumer en ces termes : Exploiter la diversité et le potentiel de Ressources afin d’offrir des Produits attractifs, et œuvrer pour qu’une convergence de beauté desdits produits crée la bonne visibilité tant recherchée pour tous les pays pris ensemble . Cela nous semble être la meilleure démarche et non l’inverse.