Le candidat déclaré vaincu par la Cour Constitutionnelle au second tour de la présidentielle de février 2021 au Niger, M. Mahamane Ousmane, continue de réclamer la victoire. Il l’a réaffirmé ce samedi 25 février 2021 au cours d’une conférence de presse qu’il a co-animée avec son avocat Me Lirwana Abdrahamane.
Le candidat du RDR Tchanji et ancien Président de la République du Niger (du 1993 à 1996) espère surtout que le verdict de la Cour de justice de la CEDEAO, qu’il attend bientôt, sera à sa faveur.
En effet, selon les deux conférenciers, le second tour intervenu le 21 février 2021, et qui l’a opposé à l’actuel Président de la République Mohamed Bazoum (donné victorieux et investi Chef de l’Etat le 2 Avril 2021), a été émaillé "de vols [de voix, ndlr] et de violations".
C’est ce qui explique, selon eux, le recours à la Cour de justice de la CEDEAO, « une institution compétente » pour constater ces irrégularités.
« Je ne suis pas du genre mauvais perdants, comme on le dit. J’ai toujours été légaliste, mais j’ai toujours été résistant à l’injustice, aux violations de droits, aux violations des libertés individuelles et collectives », s’est vanté Mahamane Ousmane, en donnant les raisons de sa plainte.
Pour rappel, c’est depuis le 22 mars 2021 que l’ancien Chef de l’Etat a déclaré, pour la première fois, avoir « pris la décision de rejeter le résultat du second [de la présidentielle, ndlr] » qui venait juste d’être proclamé par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et confirmé quelques semaines plus tard par la Cour constitutionnelle. A cette même occasion, il a annoncé son intention d’exercer des recours judiciaires.
Lors de la sortie médiatique de ce 25 Septembre 2021, le leader du RDR Tchanji qualifie encore ce recours de ‘’légitime’’ et de ‘’fondé’’, d’autant plus que, explique-t-il, «les citoyens nigériens, qui ont été appelés à exercer leur droit, ainsi que les observateurs nationaux et internationaux, ont observé et constaté la manière par laquelle ces élections se sont déroulées ». « Des élections trafiquées », selon ses termes.
Expliquant le contenu de la plainte de son client, Me Lirwana a, de prime à bord, rappelé que la Cour de justice de la CEDEAO « est compétente pour sanctionner les violations de droit de l’homme et la discrimination faite par les Etats membres ».
« Et on peut avoir violations de droit de l’homme et discrimination notamment en matière des élections. La procédure existe, les textes existent et les juridictions existent aussi pour juger », a-t-il indiqué.
Me Lirwana s’est également réjoui que son client soit le premier acteur politique nigérien à avoir attaqué des élections devant des juridictions internationales. « Nous avons attaqué ces élections du début jusqu’à la fin », a-t-il fait savoir.
Relevant les violations qu’il indexe, M. Lirwana souligne que « l’opposition politique a été écartée d’une façon ou d’une autre dans l’élaboration du fichier électoral, dans la révision des textes électoraux et dans la nomination et la désignation des membres de la CENI, qui sont censés organiser les élections », avant de se résumer en indiquant que « son statut a été bafouillé ».
Selon l’accusation, au cours de cette élection 5154 procès-verbaux incorrects ont été envoyés à la Cour constitutionnelle et que l’opposition conteste.
« Au regard de ces procès-verbaux, si la Cour se prononce et les annule, le candidat Mahamane Ousmane est gagnant de ces élections, loin des chiffres qui ont été donnés par la CENI », soutient-il.
Selon l’avocat, si la Cour de la CEDEAO invalide les procès-verbaux incriminés « l’autre candidat [Mohamed Bazoum, ndlr] va perdre 900. 000 voix, le candidat Mahamane Ousmane va perdre un peu moins de 100. 000 voix ».
«Les preuves sont factuelles, les motifs invoqués sont fondés et je vous dis, ici, que, moi, j’ai la ferme conviction que la Cour [de la CEDEAO, ndlr] va prononcer des sanctions sur les violations et sur les discriminations », a assuré Me Lirwana Abdrahamane.
Mahamane Ousmane et son avocat ont, par ailleurs, appelé leurs soutiens à s’unir derrière cette cause jusqu’à la fin de la procédure.
Selon les résultats définitifs proclamés par la Cour Constitutionnelle, le candidat Mohamed Bazoum a remporté le second tour de la présidentielle avec 55,75% des suffrages exprimés valables contre 44,25% pour Mahamane Ousmane.