Le report de deux semaines de la rentrée scolaire 2021-2022 laisse croire que celle-ci se prépare bien. L’on parle des dispositions rassurantes prises en ce qui concerne l’affectation des fournitures scolaires. Mais la réussite de l’année académique dépend en partie des conditions socioprofessionnelles de l’enseignant. En effet, sur ce plan, beaucoup reste à faire, d’autant qu’en cette veille de la rentrée, les syndicats des enseignants se disent très préoccupés par la question de recrutement à la fonction publique des contractuels de l’éducation qui représentent 80% des enseignants.
Pour le Secrétaire général du bureau exécutif du Syndicat national des enseignants du Niger (SNEN), M. Issoufou Arzika, l’amélioration du système éducatif passe nécessairement par la reconsidération du métier de l’enseignant. « 80% des enseignants ne sont pas stables ou stabilisés. Ce sont des contractuels qui ont des pécules de 60.000 FCFA à 84.000 FCFA (au primaire) et de 100.000FCFA à 104.000FCFA (au secondaire), un peu plus avec des responsabilités. Alors qu’un enseignant A1 du secondaire, avec même diplôme touche un salaire d’environ 300.000 FCFA à 400.000FCFA », déplore le SG du SNEN. « Ce n’est pas motivant », s’indigne Issoufou Arzika. Il estime que la carrière et le traitement salarial qu’il faut ne seront pas cher payés pour un gouvernement qui fait de l’éducation l’une de ses priorités. « Quand l’enseignant est dans des conditions morales et matérielles nécessaires, même sous un arbre, il peut enseigner », martèle le syndicaliste sans vouloir exclure l’importance d’avoir des infrastructures commodes.
Cette question a été discutée lors de la rencontre entre les syndicats et le Président de la République. Le Chef de l’Etat y a exprimé son désarroi. Les représentants des enseignants osent croire que, saisi de tous ces problèmes et de l’entrave qu’ils posent à la stabilité et à la performance de l’enseignement, le président Bazoum Mohamed fera l’essentiel pour y faire apporter des solutions.
C’est dire que cette année académique s’annonce sous des bons auspices. Les enseignants nigériens disent avoir toujours privilégié le dialogue. Une patience digne de l’éthique du corps qui ne sera pas vaine à l’ère de la renaissance acte III. En effet, la ferme volonté du Président de la République, le Chef de l’Etat Bazoum Mohamed à améliorer le système éducatif, la condition enseignante, se manifeste, avec le dialogue social qui a repris de plus belle après la rencontre historique des partenaires sociaux au Palais de la Présidence, au mois de mai dernier.
Depuis lors, il y’a eu des annonces très alléchantes venant du plus haut responsable de l’Etat. Ce qui est très significatif, estiment les responsables des syndicats des enseignants. « Les débats des syndicats qui étaient restés inaudibles se font désormais entendre au niveau de ceux qui décident », se réjouit M. Issoufou Arzika du SNEN.
Les syndicats s’empressent pour des actions concrètes
Le SG du bureau exécutif du Syndicat national des agents contractuels et fonctionnaires de l’éducation de base (SYNACEB), M. Mounkaila Halidou relève que le comité de négociation pour la prise en charge des préoccupations des enseignants, mis en place à l’issue de la rencontre avec le président de la République, n’a pas pu travailler jusque-là. « Le comité a juste fait la réunion de son installation. Ensuite avec les examens, il a intervenu. Nous ne savons pas maintenant ce qui bloque les travaux de ce comité. Alors que nous avons fondé beaucoup d’espoir pour trouver des solutions à certaines questions avant la rentrée. Nous sommes pratiquement au statu quo, par rapport aux revendications des enseignants », s’agite le SG du SYNACEB. Il souligne que, hormis la doléance du recrutement qui perdure durant bientôt 7ans, le syndicat réclame la réintégration de ses membres révoqués en 2017 suite à des « mouvements».
Du reste, selon Mounkaila Halidou, le président Bazoum leur a promis de les rencontrer une seconde fois, avant cette rentrée académique. « Nous espérons qu’il y’aura des réponses à ces préoccupations », dit-il.
Les syndicats des enseignants se disent engagés et confiants à accompagner la volonté du président pour l’émergence de l’éducation au Niger, à travers les quatre axes de sa politique éducative. Effectivement, c’est un point important de son programme politique lors de la campagne électorale, de faire de l’école publique nigérienne une école de qualité et donner une nouvelle image au système éducatif nigérien. Après son élection, il a réaffirmé cet engagement. Aussitôt, il a rencontré les partenaires du secteur pour les associer à la politique éducative, dont les syndicats. « Pour nous, ce sont des engagements forts. Nous avons foi. Mais nous attendons aujourd’hui qu’on aille vers des actions concrètes, pour sauver notre système », estime le Secrétaire exécutif du SYNACEB.