Journée mondiale de la santé mentale 2021 : Des efforts appréciables d’intégration des soins de santé mentale dans les soins généraux de santé au Niger
Comme dans beaucoup de pays à travers le monde, la Journée mondiale de la santé mentale a été célébrée hier 10 octobre au Niger avec pour thème «Faisons des soins de santé mentale pour tous une réalité ». Dans le message qu’il a livré à cette occasion, le ministre de la Santé publique, de la population et des affaires sociales a souligné l’importance du soin de la santé mentale et surtout de son accès pour les populations. Rappelant la désuétude de la législation en matière de santé mentale au Niger ainsi que son inadéquation avec le contexte socioculturel local, Dr Idi Illiassou Maïnassara a souligné les efforts déployés par le gouvernement pour mettre en place un dispositif d’accès aux soins de santé mentale pour les populations.
Le ministre de la Santé publique a d’abord rappelé la définition du concept de la santé mentale qui selon les professionnels du domaine est ‘’un état de bien être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive à apporter une contribution à la communauté’’. Elle est aussi un état qui permet à l’homme de trouver, de maintenir et de préserver un équilibre émotionnel et social. C’est dire que la santé mentale est au cœur du développement d’une communauté. Malheureusement reconnaît le ministre de la Santé publique, elle est l’un des domaines les plus négligés de la santé publique.«Près d’un milliard de personnes souffrent d’un trouble mental, 3millions de personnes meurent chaque année des conséquences de l’usage nocif de l’alcool et/ou de la drogue et une personne se suicide toutes les 40 secondes à travers le monde», souligne Dr Idi Illiassou Mainassara.
La situation est encore plus préoccupante dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, plus de75% des personnes atteintes de troubles mentaux, neurologiques ou dus à l’usage nocif des substances psycho-actives ne bénéficient de soins de santé mentale. A ce tableau déjà suffisamment sombre, il faut ajouter les répercussions de la Covid 19 qui touchent des millions d’autres personnes dans le monde, sans oublier la stigmatisation et la discrimination dont sont victimes les personnes souffrant de troubles mentaux à travers souvent des législations plutôt répressives et des violations des droits de l’homme encore plus fréquentes.
Le Niger ne fait pas exception. En effet, la législation en santé mentale date de la période coloniale. «Elle n’a pas évolués elon notre contexte socioculturel. De ce fait, les lois en la matière expriment, le point de vue d’une société autre que la nôtre et à un moment autre que le nôtre dans ses aspects de protection des individus et leurs biens, de prise en charge des malades mentaux criminels, de procédures d’hospitalisations des malades mentaux», précise Dr Idi Illiassou Mainassara. Même si dans les principes les soins psychiatriques sont libres dans le choix du praticien, il existe un dispositif des soins sans consentement qui permet de dispenser les soins nécessaires aux patients qui n’ont pas conscience de leurs troubles mentaux ni de leurs besoins impératifs de soins. «Il convient aussi de souligner que ces modalités de soins sans consentement demeurent l’exception par rapport à l’ensemble des prises en charge hospitalières assurées dans les services de santé», a précisé le ministre Mainassara.
Pour le ministre de la Santé publique, il est évident que, la législation en vigueur, et les pratiques actuelles de gestion des litiges et les difficultés liées aux problèmes de santé mentale ne sont pas conformes à l’orientation communautaire de la santé mentale. D’où l’impérieuse nécessité pour le Niger de se doter d’une législation en matière de santé mentale. C’est pourquoi, du point de vue de l’accessibilité aux soins, le Niger s’y attèle à travers une stratégie d’intégration des soins de santé mentale dans les soins généraux de santé. «Avec cette stratégie, le Niger a une couverture de 32 districts sanitaires sur 72 et cela jusqu’au niveau des agents des CSI qui sont d’ores et déjà outillés à la détection précoce des cas et leur prise en charge», précise Dr Idi Illiassou Mainassara.
Le ministre de la Santé publique a saisi cette occasion pour féliciter, les partenaires financiers et ONG qui accompagnent le gouvernement dans cette tâche. Il s’agit notamment d’ENABEL, de l’OIM, de la COOPI, de la Croix rouge danoise ainsi que l’ECOBANK qui a l’habitude d’organiser plusieurs activités à l’occasion de cette journée. Il faut noter que cette année, cette journée a été commémorée non seulement à Niamey mais aussi à Agadez, et Diffa pour marquer l’engagement et la détermination du gouvernement à atteindre les populations les plus vulnérables.
Pour le ministre de la Santé publique, il est nécessaire de redoubler les efforts de prévention, d’information, de sensibilisation, de renforcement de capacité des acteurs de terrain, de surveillance, d’accompagnements et d’assistance psychosociale aux malades et autres populations vulnérables.«Pour cela j’en appelle aux autres systèmes de soins de santé de participer à l’effort d’intégration de la santé mentale. J’engage les structures nationales de soins de santé et les partenaires techniques et financiers à redoubler d’effort afin de nous accompagner dans notre combat quotidien», a conclu Dr Idi Illiassou Mainassara.