Les rideaux sont tombés, jeudi 07 octobre 2021 au Palais de Congrès de Niamey, sur les assises de l’édition 2021 de la Conférence annuelle de l’Association des Barreaux Africains (AFBA 2021) qui s’est tenue pour la première fois dans la capitale nigérienne. Après quatre (04) journées d’intenses travaux et d’échanges, les participants ont adopté une série d’importantes recommandations destinées à promouvoir la bonne gouvernance et ainsi atténuer les crises et autres conflits qui assaillent le continent.
C’est sous le haut parrainage du Président de la République du Niger, SEM Mohamed BAZOUM, que l’Association du Barreau Africain (AFBA) a tenu, du 04 au 07 octobre 2021 à Niamey, sa conférence annuelle 2021 avec pour thème central, « la Gouvernance Responsable comme facteur d’atténuation des crises et conflits en Afrique : rôles et contribution des Barreaux ». La cérémonie d’ouverture s’est tenue en grande pompe le lundi 04 octobre 2021 au Centre international des conférences Mahatma Ghandi, en présence du Chef de l’Etat du Niger qui a prononcé une importante allocution dans laquelle il a mis en exergue la pertinence des thématiques choisies pour cette conférence mais également tout l’enjeu de la contribution des avocats et autres praticiens et professionnel du droit dans la promotion de la démocratie et de la bonne gouvernance en Afrique. La cérémonie d’ouverture a été également rehaussée par la présence du Président de l’Assemblée nationale du Niger, SEM Seyni Oumarou, du Premier ministre, SEM Ouhoumoudou Mahamadou, des membres du gouvernement, des présidents de plusieurs institutions ainsi que des représentants du corps diplomatiques, des organisations internationales et de plusieurs personnalités invitées à l’évènement. On notait également la présence à la cérémonie, des anciens présidents MAHAMADOU Issoufou du Niger, Goodluck JONATHAN du Nigeria et ERNEST BAI KOROMA de la Sierra Léone qui ont été pour la circonstance décorés par l’Association du Barreau Africain (AFBA), en reconnaissance de « leur contribution à l’ancrage de la démocratie en Afrique à travers leur leadership qui a permis de promouvoir une alternance politique dans leurs pays respectifs». Des témoignages de satisfaction ont été également décernés à une dizaine de personnalités du continent pour les mêmes motifs.
D’importantes résolutions pour atténuer les conflits en Afrique
La conférence qui a enregistré la participation d’éminentes personnalités civiles et militaires venues d’horizons divers a été structurée par des échanges, des discussions et des travaux en commissions avec au menu plusieurs thématiques qui ont été abordées dans les quinze (15 panels) organisées durant les quatre journées de travaux. Ces thématiques ont porté, entre autres, sur la sécurité, le terrorisme, les élections sources de conflits, les modes alternatifs de règlement des litiges, la Cour de justice de la CEDEAO, les impôts et le financement des projets, l’immigration commerciale; le commerce et les nouvelles frontières, l’arbitrage international et la corruption, la création d’une pratique juridique transfrontalière, le droit humanitaire international et le droit de l’homme, etc.
Au terme de leurs travaux, les participants ont adoptées une série de résolutions et de recommandations sur la base des échanges et réflexions au niveau des différents panels. C’est Maitre Adama Sounna, du Barreau du Niger, qui a donné lecture des différentes conclusions de la Conférence à l’occasion de la cérémonie de clôture. C’est ainsi que l’Association des Barreaux Africains (AFBA) a tenu, tout d’abord, à adresser ses remerciements aux autorités et au peuple nigérien pour l’accueil et la contribution à la réussite de la Conférence mais aussi au Bâtonnier et aux membres du Barreau du Niger, le Président de l’AFBA, les membres du comité exécutif AFBA, « pour tous les efforts fournis pour assurer le succès éclatant de cette conférence de Niamey ».
La Conférence a également tenu à remercier tous les partenaires pour leur soutien constant et leur totale implication dans la réussite de cette rencontre de Niamey, principalement, l’Agence Nationale de l’Economie des Conférences (ANEC), les Forces de Défense et de Sécurité (FDS), le conférencier principal, Dr Goodluck JONATHAN, ancien Président de la République Fédérale du Nigéria ainsi que tous les invités spéciaux et les personnes ressources pour leur inestimable contribution.
La Conférence s’est ensuite inquiétée « de la détérioration du climat socio-économique et politique dans certains Etats de l’Afrique conduisant souvent à des conflits » ; « a noté avec un profond regret, la résurgence des coups d’Etat militaires et constitutionnels en Afrique » et, s’est inquiétée « de l’augmentation des foyers d’insécurité en Afrique, causés principalement par la criminalité transfrontalière organisée ». Elle a également déploré « la souffrance de nombreuses victimes de ces crimes » ; « s’inquiéter profondément du non-respect des décisions des Cours de justice régionales et continentales » ; « regretter la violence policière contre les afro-américains aux Etats unis », et a « constaté que la bonne gouvernance est la clé de lutte contre le terrorisme à travers la bonne gestion des ressources publiques, le respect de l’Etat de droit et le renforcement de la société civile ».
C’est pour toute ces raisons et bien d’autres, que la Conférence a demandé la création d’un comité de conseils AFBA pour conseiller les dirigeants dans leur prise de décisions ; a appellé à une collaboration entre les organisations nationales et internationales pour contrer le terrorisme et a condamné « la reprise des anciens terroristes repentis au sein des armées et des forces de sécurité ». La Conférence aussi demandé au Conseil de Sécurité des Nations Unis d’ouvrir des enquêtes sur le financement du terrorisme en Afrique ; demandé à tous les Etats Africains de mettre en place des mécanismes efficients d’exécution des décisions par les Cours notamment ceux de la Cour de justice de la CEDEAO et de la Cour Africaine des Droits de l’Homme et a recommandé que « les Procureurs Généraux soient tenus responsables en cas de refus d’exécuter une décision supranationale ». Par ailleurs, elle a lancé un appel à « tous les professionnels du droit à encourager, cultiver et pratiquer la bonne gouvernance dans leurs activités quotidiennes » ; demandé « la restitution des objets d’art volés en Afrique aux communautés d’origine ainsi que le paiement de compensation à ces communautés » ; encouragé « le recours aux modes alternatifs de résolutions des conflits dans la gestion des crises » et condamné « l’utilisation de sanctions unilatérales contre les Etats qui impactent plus les populations démunies ».
Enfin, la Conférence de l’AFBA a invité « les Etats africains à renégocier les accords internationaux relatifs à la coopération et au commerce en tenant compte des besoins de développement de leurs populations » ; demandé « à tous les gouvernements africains à promouvoir et garantir des processus électoraux démocratiques et transparents » et demandé « aux Etats africains d’adapter des politiques fiscales adaptées aux réalités économiques de leurs pays ».
Tirant les conclusions de ces Assises de Niamey, le Bâtonnier de l’Ordre des avocats du Niger, Me Boubacar Oumarou Yayé, a également tenu à remercier les autorités pour toutes les facilités qui leur ont été offertes pour la réussite de cet évènement qui s’est tenu pour la première fois au Niger et qui a été, à tout point de vue, un franc succès. Il a aussi réitéré ses remerciements ainsi que ceux du Barreau de l’AFBA aux membres du Comité d’organisation, aux partenaires et sponsors ainsi qu’a tous ceux qui ont apporté un quelconque soutien à l’organisation de cet évènement au Niger. Me Boubacar Oumarou Yayé a particulièrement salué la nouvelle dynamique ainsi lancée avec le retour en force des barreaux francophones dans les activités de l’organisation et a émis le souhait qu’elle puisse se poursuivre dans les prochaines années.