La ville de Niamey entend y mettre bon ordre. L’occupation anarchique du domaine de la Ville de Niamey sera-t-elle bientôt conjuguée au passé? Il y a tout lieu de le croire lorsqu’on s’entretient avec le Directeur général des Services techniques municipaux de la Ville de Niamey.
Selon M. Amadou Gnalidjo Amadou, il faut distinguer le domaine public de l’Etat du domaine de la Ville de Niamey. Ce dernier, en plus du domaine public de l’Etat déclassé, c'est-à-dire des réserves foncières, au profit de la Ville, est constitué des espaces verts et des rues le long desquelles se trouvent les multiples boutiques, kiosques, parkings et stations d’essence qui, souvent, rendent la circulation difficile dans certains quartiers de Niamey. Et, contrairement à une idée reçue, les espaces qu’occupent ces commerces ne sont pas vendus.
En effet, selon le Directeur général des Services techniques municipaux de la Ville de Niamey, les autorités communales n’accordent que des autorisations provisoires et précaires d’occupation à ceux qui en font la demande. L’autorisation coûte 25.000 francs CFA et le bénéficiaire doit payer chaque année 5.000 francs par mètre carré occupé.
‘’Nous pouvons donc révoquer une autorisation pour cause d’utilité publique comme le tracé d’une route et, par conséquent, fermer des parkings ou casser des boutiques, des kiosques et même des stations d’essence qui en empêchent le passage, avec ou sans dédommagement’’, indique M. Amadou Gnalidjo Amadou.
Mais, assure-t-il, les autorisations ne sont pas accordées dans deux cas de figure: d’abord, lorsque le propriétaire d’un immeuble quelconque est gêné ou ne veut pas de la proximité d’un commerce et, ensuite, lorsque l’espace qu’on veut construire est exigu ou situé au-dessus d’une canalisation ou d’un réseau d’eau ou d’électricité. ‘’En, outre, nous sommes en pourparlers avec les réseaux de téléphonie mobile dont la pose des fibres optiques pose problème ici et là’’, indique-t-il.
Ainsi, si l’on exclut les boutiques et kiosques situés aux abords des habitations et pour l’autorisation desquels les propriétaires de maisons sont prioritaires s’ils en font la demande, ‘’les espaces dont s’occupe la Ville de Niamey, dans leur grande majorité, sont situés aux alentours des zones commerciales comme le Grand marché ou le marché Wadata ; ces espaces sont d’ailleurs le prolongement de ces zones commerciales’’ et, selon M. Amadou Gnalidjo Amadou, ‘’c’est en partie cela qui pose problème’’.
En effet, selon le Directeur général des Services techniques municipaux de la Ville de Niamey, ‘’d’abord, au lieu de construire en tôle et ou en planches, beaucoup de bénéficiaires d’autorisations construisent en matériaux définitifs ; ensuite, pour attirer la clientèle, ils exposent leurs marchandises au-delà du périmètre légalement autorisé; ce qui fait que quelqu’un qu’on a autorisé à occuper 12 m2, va ainsi occuper plus de 15 ou 20 m2. C’est abusif et illégal, d’autant que certains commerçants de Katako profitent même des zones d’extension de la ville comme le Village de la Francophonie pour délocaliser leurs activités en toute impunité!’’.
Et c’est justement à cet abus et à cette pagaille qu’entend s’attaquer la Ville de Niamey, dès cette année, assure M. Amadou Gnalidjo Amadou qui prévient que ‘’tout celui qui occupera un centimètre carré de plus que ce qui est sur son autorisation provisoire, devra être taxé et devra donc payer la différence!’’.
Mieux, la Ville de Niamey entend aussi se pencher sur le cas de certains services qui louent ou veulent louer des espaces publics à des tiers car ‘’cela est tout aussi illégal’’, a dit M. Gnalidjo Amadou qui indexe le stade Général Seyni Kountché, avec lequel la Ville de Niamey a d’ailleurs des démêlés judiciaires, et certains établissements financiers de la capitale…
Ainsi qu’on le voit, il y a loin de la louche aux lèvres, car le projet de la Ville de Niamey va bousculer beaucoup d’intérêts. Bon courage donc au président du Conseil de Ville de Niamey !
Sani Soulé Manzo
En finir avec l’encombrement des rues !
L’installation anarchique de boutiques et de vendeurs sur étals aux abords des rues prend de plus en plus d’ampleur à Niamey. Une pratique qui suscite souvent des grincements de dents au niveau des occupants des lieux et des populations riveraines, et qui est également décriée par les autorités administratives. Les espaces publics, on n’en trouve vraiment plus à Niamey. Pour en savoir un peu plus sur la question, nous avions recueilli les avis de M. Garba Seydou, maire du 2ème arrondissement de Niamey.
Selon M. Seydou Garba, les espaces de circulation prévus aux abords des rues ont une importance capitale dans une ville. Ils permettent la fluidité de la circulation, servent à éviter les accidents, et embellissent les lieux. Malheureusement, a-t-il déploré ‘’tous ces espaces avaient été morcelés; nous n’avons pu que constater un fait accompli, et recensé les cas’’. Cependant, a-t-il, tenu à rappeler, ‘’les mairies ne délivrent aucun acte de cession, c’est une responsabilité qui relève de la Ville centrale’’.
Au niveau de son arrondissement, a-t-il dit, les problèmes rencontrés se situent au niveau des alentours du Stade Général Seyni Kountché. Là, a-t-il indiqué, des espaces ont été vendus ou mis en location. C’est pourquoi les services du 2ème arrondissement avaient envoyé une correspondance aux responsables du Stade Général Seyni Kountché afin qu’il soit mis fin à cette situation, avec comme délai fin décembre 2012. Selon les explications fournies par la commune, c’est un problème qui date de la transition et l’affaire suit son cours à la justice. Le stade étant un espace réservé, limité, nous avions trouvé que c’est anormal, car cet espace est limité et toute installation en dehors du stade est illégal’’.
Le responsable du 2ème arrondissement a précisé que dans le cadre de cette affaire, en collaboration avec la Ville de Niamey, des démarches ont été entreprises pour reprendre ces places.
Toujours sur la question concernant le stade, les responsables communaux insistent pour dire que c’est un lieu où on ne doit pas laisser les gens s’installer anarchiquement et pire, ces boutiques ont des installations électriques anarchiques, avec tout ce que cela comporte comme dangers.
Malgré tout, a dit le maire, si on décide de déloger les commerçants, ils crient au scandale, estimant qu’ils n’ont pas été informés à temps. ‘’Notre arrondissement à la charge de la gestion de plusieurs marchés où ces problèmes sont légion. C’est le cas du marché Djamadjé ou du marché Katako où règne une confusion totale’’, a-t-il ajouté.
Un autre phénomène important soulevé par le maire, c’est les espaces réservés à la circulation. Certaines artères sont érigées en véritables parkings de camions gros porteurs, surtout au niveau du marché Katako et du Petit Marché. ‘’C’est un véritable calvaire que vivent les usagers, automobilistes comme piétons, qui empruntent ces voies, car à tout moment, ils sont confrontés à une pagaille indescriptible. En effet, les gros porteurs sont stationnés parfois au bon milieu de la chaussée, bloquant le passage, une situation qui provoque de graves accidents et, comme moindre mal, occasionne des discussions houleuses entre les usagers de la route’’.
M. Garba Seydou a également évoqué le problème qui existe au niveau du marché de Katako et qui a fait l’objet de tapage médiatique. ‘’Là, tout ce que nous pouvons dire, c’est que c’est un problème entre les acheteurs et les propriétaires terriens; c’est pourquoi nous avons orientés les différents protagonistes vers les services compétents, et l’affaire suit son cours au niveau de la justice’’.
Malgré l’encombrement qu’on constate aux niveaux de certains marchés de la capitale, d’autres sont confrontés à un problème d’inoccupation. Il en est ainsi des marchés de Daressalam, Dan Zama Koira et Nord Faisceau. Dans ces marchés, a déploré le maire, ‘’bien que les boutiques soient construites en matériaux définitifs, les commerçants refusent de les occuper. Ils préfèrent venir étaler leurs marchandises sur les voies de Katako et Djamadjé, ou aux alentours du Grand Marché’’.
S’agissant des dispositions prises, il a indiqué qu’ils sont en train d’aménager un terrain derrière les locaux de l’ORTN, presque en face de l’autogare de Katako, afin de reloger les transporteurs qui garent leurs voitures à Katako, principalement ceux occupant l’ancienne auto-gare de Tillabéry. ‘’Nous avions voulu déplacer ces transporteurs et les installer sur ce site pour un peu décongestionner la voie, ce qui assurera un aire de passage au niveau de ce tronçon’’, a ajouté M. Garba Seydou, qui en appelle au civisme des commerçants occupant illégalement des lieux et qui obstruent les voies, à chercher où se caser, pour bien exercer leur commerce et éviter de provoquer certains désagréments.
‘’La plupart des boutiques illégalement construites manquent d’installations électriques adéquates, ce qui peut être à la base des incendies’’, a dit le maire, précisant que l'ampleur du phénomène des installations anarchiques constitue une menace pour la clientèle et les revenus de beaucoup de familles. En outre, il a un impact négatif sur les intérêts des communes et leurs capacités à honorer leurs engagements vis-à-vis des institutions financières, fiscales et sociales.
Aissa Abdoulaye Alfary
Le revers des conflits de compétences
Depuis l’avènement de la décentralisation en 2004 au Niger, la gestion des espaces publics est devenue une préoccupation majeure.
Le manque de maitrise de l’outil et les objectifs que vise la décentralisation, notamment la bonne gouvernance, la démocratie locale et le développement local, ont engendré une situation de déséquilibre entre les collectivités décentralisées et les autres démembrements de l’Etat. Ce qui n’est pas sans conséquence sur le rôle des collectivités relativement à la bonne marche de la décentralisation visant à instaurer une démocratie crédible et référentielle.
A titre illustratif, la gestion des espaces publics constitue aujourd’hui un sujet de contradiction entre les collectivités territoriales et les autres démembrements de l’Etat. Il y a lieu de souligner que ce n’est pas tous les espaces publics qui sont soumis à l’autorité des collectivités territoriales.
Le Stade Général Seyni Kountché, inauguré en décembre 1988, dispose d’un vaste domaine faisant la fierté de notre pays en matière d’accueil des événements sportifs. En effet, le stade offre un cadre d’épanouissement aux populations nigériennes. Au-delà de ses prestations traditionnelles, en tant qu’Etablissement Public à Caractère Industriel, il accorde l’opportunité à des personnes particulières d’occuper des espaces précis afin d’exercer certaines activités. Le choix opéré par l’institution pour attribuer l’espace se fait selon deux critères. Il s’agit, d’une part, de donner la visibilité et d’assurer la sécurité du cadre. C’est ainsi que des boutiques et des stations de lavages autos se sont installées. Selon le directeur d’exploitation du Stade Général Seyni Kountché, M. Salissou Zakari, ‘’la Communauté Urbaine a profité de l’installation d’un restaurant aux environs du Stade pour s’arroger la charge de la gestion de l’espace appartenant en principe à la Direction Générale du Stade Générale Seyni Kountché.
La communauté urbaine a prétexté que l’endroit appartient au domaine public. Or, l’espace dispose d’un titre foncier relevant de droit du Stade Général Seyni Kountché. En outre, le problème de légitimité de gestion entre ces deux structures a débuté en janvier 2013. Le dossier est pendant devant la justice. D’ores et déjà, les deux parties ont procédé à l’échange des documents. L’imposition des patentes aux propriétaires des boutiques a conduit certains à suspendre leurs activités’’.