NIAMEY - Des centaines d'étudiants ont manifesté vendredi à Niamey contre tout "compromis" dans la renégociation d'un contrat liant Areva au Niger, alors que 23 ONG et syndicats ont dénoncé les relations opaques entre le géant du nucléaire français et l'Etat nigérien.
Les étudiants, qui ont marché de leur campus au Parlement nigérien, défendent "la souveraineté du peuple sur ses ressources naturelles", a affirmé Inoussa Abdouramane, secrétaire général de l'Union des étudiants nigériens à l'université de Niamey.
Areva et le gouvernement nigérien sont en négociations tendues au sujet de la Somaïr et la Cominak, deux mines exploitées par Areva dans le nord du pays depuis le début des années 1970. Le groupe français extrait 40% de son uranium au Niger, l'un des pays les plus pauvres au monde.
Ces deux sites n'étaient jusqu'alors pas soumis à la nouvelle loi minière de 2006, qui porte le taux de redevance minière de l'Etat nigérien jusqu'à 12% de la valeur des ressources extraites, en fonction des profits, alors que les royalties s'élèvent actuellement à 5,5%.
Selon Niamey, les négociations achoppent sur le refus d'Areva de voir s'appliquer à ces sociétés le nouveau code minier de 2006, qui devrait générer plus de ressources pour le Niger. Mohamed Bazoum, ministre des Affaires étrangères nigérien et président du parti au pouvoir, a récemment provoqué un tollé en déclarant que les deux partenaires tentent de trouver un compromis afin d'éviter une fiscalité trop lourde pouvant conduire à la fermeture des mines.
"Habituée à la reconduction tacite des conventions, la multinationale française s'agrippe mordicus aux conventions moyenâgeuses qui lui sont plus profitables", dénoncent ONG et syndicats, dans une déclaration commune reçue vendredi par l'AFP.
Dans ce texte, les 23 organisations, qui condamnent "le silence sournois" des autorités nigériennes, exigent "le retrait pur et simple du permis d'Imouraren", un troisième site, encore non actif, dont Areva a obtenu la concession, et son "reversement au patrimoine national".
Elles appellent également à des manifestations "massives" le 25 janvier "en vue de mettre la nation nigérienne dans ses droits".
Selon Areva, plus de 80% des revenus (taxes et dividendes) générés par les mines depuis leur création sont revenus à l'Etat du Niger.
Des chiffres que rejette l'ONG Oxfam, pour qui Niamey, entre 1971 et 2010, n'aurait perçu que 459 millions d'euros, soit 13% de la valeur totale des exportations d'uranium évaluées à 3,5 milliards d'euros.