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Niger: Quelque 1,6 million d’enfants soumis à des travaux non décents (Enquête)

Publié le mardi 19 octobre 2021  |  Agence Nigerienne de Presse
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© Autre presse par DR
Visite de la ministre en charge de la Protection de l’Enfant au centre d’accueil des enfants en difficultés
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Niamey - Au Niger les enfants économiquement occupés représentent 50,4% des enfants de 5 à 17 ans, parmi eux, 83.4% sont soumis à des travaux à abolir, soit 1.604.236 enfants, selon l’Enquête Nationale sur le travail des enfants effectuée en 2009.

Le code de travail du Niger dispose : « les enfants ne peuvent être employés dans une entreprise, même comme apprentis, avant l’âge de quatorze (14) ans, sauf dérogation édictée par décret, après avis de la commission consultative du travail, compte tenu des circonstances locales et des taches qui peuvent leur être demandées. Un décret fixe la nature des travaux et les catégories d’entreprises interdits aux jeunes gens et l’âge limite auquel s’applique l’interdiction ».

Le travail des enfants fait référence à tout travail qui les prive de leur enfance, qui porte atteinte à leur santé physique et mentale et entrave, à cet égard, leur bon développement, est-il précisé.

Les causes de ce travail des enfants au Niger sont d’ordre socio-économiques, juridiques et institutionnelles, culturelles, et celles liées aux conditions de travail des enfants, selon un document du ministère de l’emploi et du travail.

On rencontre au quotidien, ces enfants de la rue s’adonnant à des travaux à Niamey, privilégiant ainsi ces gagne-pains au lieu d’aller à l’école.

La nomenclature du travail infantile est variée. Il y a les ‘’Kaya-kaya” ou ‘’petits porteurs’’ officiant autour des marchés et autres magasins de la capitale pour subvenir à leurs besoins et souvent à ceux de leurs familles.

Les marchés Dolé et de Dar Salam constituent les principaux pôles où on rencontre chaque jour ces enfants entrain de pratiquer l’activité de transport de marchandises au moyen de charrettes. La forte présence de ces enfants autour des étals de marchandises est frappante. Ils circulent en poussant leurs charrettes et guettant l’appel des clients s’ils n’en proposent pas.

La plupart de ces charretiers versent une certaine somme enfin de journée aux propriétaires de ces outils. Les plus débrouillards en achètent et se retrouvent à leur propre compte.

M. Harouna Sambo, un commerçant locateur de charrettes rencontré au marché Dolé dispose actuellement d’un parc de 15 charrettes dans son hangar qu’il met en location à ces enfants dont l’âge est compris entre 10 à 15 ans.

‘’Le prix de location d’une seule charrette est à 200 F la journée’’ a-t-il précisé.

‘’Au début, je loue ces charrettes à tout enfant, même si je ne le connais pas, mais maintenant il faut que l’enfant amène quelqu’un que je connais avant de lui louer mon matériel’’ précise-t-il avant de souligner que ‘’ses clients sont surtout les enfants venus de différents villages environnants de Niamey’’.

‘’Pendant les vacances, il y a aussi des écoliers qui viennent exercer cette activité pour pouvoir bien préparer leur rentrée scolaire’’ a ajouté M. Harouna Sambo.

Ali Soumana, un jeune âgé de 14 ans, exerce cette activité de transport des marchandises dans le marché Dolé.

‘’Je transporte divers types de produits avec ma charrette. Le prix dépend du poids de la marchandise ; on peut transporter de la marchandise pour 200F à 500F’’ a-t-il confié.

Selon toujours Ali Soumana, ‘’par jour je peux gagner 1500F et beaucoup plus à l’approche des fêtes. Je suis fier de cette activité car j’arrive à satisfaire mes besoins, et chaque mois, j’envoie de l’argent au village pour qu’on m’achète des animaux’’.

Il a aussi confié qu’il n’a jamais eu de problème.

‘’Même si des fois, on est insulté par les taximen et même par certains particuliers. Pire il y a certains clients qui refusent de nous payer’’ s’indigne le jeune docker.

Quant à Djibo âgé de 15 ans, ressortissant de Ouallam, en pleine activité déclare ‘’au début je transportais les marchandises sur ma tête et aujourd’hui, grâce aux économies que j’ai réalisées dans cette activité, j’ai pu acheter ma propre charrette afin de pratiquer convenablement ce travail’’ s’est-il réjoui.

‘’Chaque jour, je rentre à la maison le soir avec une somme de 2000F voire plus’’ a dit, avec fierté, le jeune Djibo.

Selon Hajia Saadé, une cliente, fait recours, chaque fois qu’elle vient au marché Dolé, à ces jeunes «Kaya kaya» pour le transport de ses sachets jusqu’à la destination sans problème.

‘’Cette activité est vraiment un travail à encourager car elle permet à ces jeunes de gagner pleinement et honnêtement leur vie et aussi d’être à l’abri du chômage et de la délinquance’’ a-t-elle soutenu.

Par ailleurs dans les garages automobiles de Niamey, ces enfants sont aperçus entrain de pratiquer des travaux souvent au-delà de leur capacité physique et sans rémunération parce qu’ils sont considérés comme étant des apprentis qui sont venus apprendre le métier au lieu d’avoir de l’argent.

Adamou saidou, un jeune âgé de 13 ans, est apprentis dans un garage au quartier bobiel, a l’ambition d’être chef de garage dans les 5 ans avenir.

‘’J’ai quitté l’école en classe de CM1 après le décès de ma mère, il y’a 3 ans. J’ai toujours des problèmes avec ma marâtre qui me refuse souvent à manger à l’insu de mon père’’ a fait savoir le jeune Adamou.

Etant ami à Aziz, fils du chef de Garage, à défaut de me ramener à l’école, le père d’Aziz m’a proposé de venir avec lui au garage.

‘’Je pratique cette activité avec beaucoup d’amour. Nous travaillons de 9h à 18h, le chef nous paye la nourriture et à la descente, il me donne 300f’’ a-t-il expliqué.

‘’Mon chef étant fier de mon assiduité et ma capacité de compréhension, il m’a promis, si je m’y mets dans peu d’années, je peux devenir chef de garage’’ a indiqué le jeune apprenti mécanicien.

Pour sa part Bibata saley, âgée de 12 ans, est une de ces jeunes filles de Loga qui viennent à Niamey a la recherche des travaux domestique.

‘’Je suis venue de Loga pour chercher un travail à Niamey, j’ai quitté l’école en classe de CE1 parce que je devais suivre ma mère qui venait à Niamey’’ a-t-elle confié.

‘’Avant j’aidais ma mère à travailler dans les ménages’’ a poursuivi la jeune Bibata qui a ajouté que ‘’cette année, je travaille chez une patronne qui me paye 7500f par mois, mes tâches vont de la vaisselle au balayage en passant par les petites commissions par ci par là’’.

Bibata Saley a indiqué que, les raisons qui poussent les jeunes de son âge à s’adonner aux travaux domestiques sont ‘’les difficultés de prise en charge, l’éloignement des écoles de nos villages et les probables mariages précoces’’.

En dépit des séances de sensibilisation à l’occasion de la journée internationale de lutte contre le travail des enfants ou de celle dédiée à l’enfant africain et des mesures incitatives, la pratique persiste se nourrissant de la pauvreté, du déficit d’offres sociales ou des traditions.

ISA/CA/AS/ANP 0110 octobre 2021

Niamey
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