Fin du Pré Sommet des Filles Africaines : d’importantes résolutions pour éliminer les pratiques néfastes et assurer l’effectivité des droits des jeunes filles
Les rideaux sont tombés, dimanche après-midi, sur les travaux du Pré Sommet des Jeunes Filles qui se tient en prélude au 3e Sommet des Filles Africaines prévu du 16 au 18 novembre 2021 à Niamey sous le thème : « Culture, droits humains et responsabilité : accélérer l’élimination des pratiques néfastes ». Après deux journées d’intenses discussions et de pertinents échanges, les participants et participantes venus de plusieurs pays d’Afrique ont adopté une série de résolutions et de recommandations qui seront soumis au Sommet pour constituer une véritable feuille de route visant à mettre fin aux pratiques néfastes et à permettre l’accomplissement effectif des droits des filles en Afrique.
La cérémonie de clôture du Pré-sommet des filles africaines qui s’est tenu du 13 au 14 novembre 2021 au Centre international des conférences Mahatma Ghandi de Niamey a été marquée par la lecture du communiqué final qui a été lu en séance plénière par une des participantes à la rencontre qui a regroupé plus de 300 participantes et participants des différentes régions du Niger et de la sous-région ouest africaine (Cote d’Ivoire, Burkina Faso, Sierra Léone, Mali et Nigeria) dont plus de 70% âgées de 10 à 25 ans.
Comme reconnu par l’ensemble des participants, les deux journées de travaux qui se sont déroulées de manière participative en mettant en valeur la créativité et la diversité des participants, ont été une véritable opportunité aux jeunes filles et garçons de discuter et de délibérer au tour du thème central du 3ème sommet se rapportant à la culture, aux droits humains et à la redevabilité. Les discussions se sont ainsi focalisées, à travers différents panels et travaux en sous-groupes, sur divers sous-thèmes, notamment, la voix des jeunes filles dans la prise de décision pour mettre fin aux pratiques néfastes; le rôle des arts créatifs pour accélérer la fin des pratiques néfastes; l'éducation des filles au service de « l'Afrique que nous voulons » et, des écoles sûre en Afrique de l’Ouest. Les échanges ont également portés sur l’impact de COVID 19 sur les filles et les femmes; le financement et le partenariat pour mettre fin aux pratiques néfastes; l’engagement des jeunes et des États membres sur l'action et la redevabilité ainsi qu’un panel sur la thématique, « du langage à l'action : lutter contre les stéréotypes et les normes négatifs qui perpétuent les pratiques néfastes ».
Appel aux Etats et aux gouvernements pour des actions concrètes et soutenues
Dans la déclaration, les adolescentes, adolescents et jeunes venus de différents pays du continent pour prendre part au Pré sommet au 3ème Sommet des Filles Africaines qui se tiendra à Niamey du 16 au 18 Novembre 2021, ont tenu, tout d’abord, à remercier l'Union africaine (UA), le gouvernement du Niger, les organisations membres de la Plateforme pour mettre fin au mariage des enfants (ECFM), notamment les agences des Nations Unies, les organismes de coopérations bilatérales et multilatérales, les ONGs nationales et internationales, les organisations des jeunes et féminines ainsi que tous les jeunes et particulièrement les filles, qui sont « la raison d’être » de la rencontre.
Conscients du fait que le Programme transformatif de l'Afrique, l’Agenda 2063 « L'Afrique que nous voulons » et le Programme 2040 « Afrique digne des enfants », ne peuvent être réalisés sans investissements stratégiques dans les adolescentes, adolescents et jeunes, particulièrement les jeunes filles et, conformément à la Convention des Nations Unies sur le consentement au mariage, l'âge minimum du mariage et enregistrement du mariage ; et les dispositions de la Charte africaine de la jeunesse ; les participants et participantes au Pré-sommet, par ailleurs, inspiré du protocole de la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples relatif aux droits des femmes et le Plan d'action de Maputo 2016-2030 sur l'opérationnalisation du cadre politique sur les droits à la santé de la reproduction ; ont assuré être « résolus à jouer un rôle clé dans la réalisation de la position commune africaine et la campagne mettre fin au mariage des enfants maintenant ».
Aussi, constatant que les conflits autour du lac Tchad et au Sahel qui perdurent, renforcent la vulnérabilité des adolescentes, adolescents et jeunes particulièrement les filles ainsi que de la nécessité de mutualiser les efforts et les ressources des différents Etats pour assurer la réalisation des droits des enfants en Afrique et particulièrement de la jeune fille, les participants ont appelés à « des actions concrètes immédiates et soutenues ».
Cet appel est dans un premier temps adressé à l’endroit des Etats et des gouvernements, conformément à la résolution 2601 des Nations-Unies protégeant le droit à l’éducation en situation des conflits armés, que les Etats prennent les mesures pratiques pour faciliter l’accès, la continuité de l’éducation et la protection des écoles et des civils liés aux écoles. En ce sens, les participants au Pré-Sommet de Niamey ont plaidé pour que soit « affecter un budget conséquent à l’élimination des pratiques néfastes pour soutenir la mise en œuvre des programmes, plans et stratégies y relatifs ». En effet, ont-ils rappelé dans la Déclaration, « un investissement pour la scolarisation des filles et l’élimination du mariage des enfants augmenterait le PIB des Etats d’au moins 1/3 selon une étude de la Banque Mondiale de 2018 ». Dans la même dynamique, ils ont plaidé pour « l’élaboration et la mise en œuvre un vaste programme de communication pour déconstruire les stéréotypes de genre en utilisant les arts créatifs »; « l’instauration d’une tolérance zéro par rapport aux violences en milieu scolaire » ainsi que « la création des plateformes qui engagent de manière significative les jeunes notamment les filles dans les programmes et les processus de prise de décision qui visent à mettre fin aux mariages d'enfants et autres pratiques néfastes ». Enfin, ont annoncé les participants et participantes dans le communiqué final, « nous tenons les Etats redevables pour que ce sommet ne soit pas un sommet de plus, mais un sommet qui concrétise les recommandations des précédents ».
Plaidoyer auprès des partenaires, parties prenantes et aux jeunes
Aux OSC, ONG, Agences des Nations Unies, organismes bi et multilatéraux ainsi qu’à l'UA, le Pré-Sommet des Jeunes Filles de Niamey a plaidé pour, entre autres, « affecter des ressources conséquentes aux initiatives utilisant les arts créatifs, pour mettre fin au mariage des enfants et à d'autres pratiques traditionnelles néfastes »,et aussi, « renforcer les interventions visant à autonomiser les filles avec des services adaptés, des compétences, des connaissances et des ressources nécessaires ».
Les participants et participantes à la rencontre de Niamey ont également lancé un vibrant appel aux parties prenantes clés que sont les parents, les leaders communautaires, les enseignants, les médecins, les professionnels des médias et arts, «de soutenir la mise en application des lois, politiques et programmes qui protègent les enfants, notamment les filles, contre les abus, la violence et l’exploitation et autres pratiques néfastes », « de bannir l’éducation qui reproduit les stéréotypes qui renforcent les inégalités de genre », et, « de promouvoir des messages et des modèles conduisant à un changement social ».
Enfin aux jeunes, le Pré-sommet a plaidé pour « leur participation active et leur implication dans les efforts visant à mettre fin au mariage des enfants et autres pratiques néfastes, « leur mobilisation ainsi que de donner aux autres jeunes les moyens de s’engager, de s’affirmer et pour défier les normes socioculturelles et traditionnelles néfastes », ainsi que de veiller à « promouvoir les valeurs panafricaines positives qui encouragent le changement de narratifs autour du rôle de filles dans les communautés » et à « apporter des idées innovantes et créatives pour promouvoir les droits des filles à travers plateformes média, numérique ».
Une feuille de route pour le Sommet des Jeunes Filles de Niamey
En procédant à la clôture du Pré-Sommet, le Secrétaire général du ministère de la Promotion de la Femme et de la Protection de l’Enfant, M. Hachimou Abdoul Karim, a, au nom de la Ministre Alhahoury Aminata Zourkaleini, salué la qualité des échanges fructueux et des réflexions qui se sont déroulés durant les deux jours de travaux et dont les points saillants ont été résumés dans Déclaration des Jeunes qui a sanctionné la rencontre. « Cela me réjouit à plus d’un titre, quand on sait que ces résultats contribueront à enrichir les débats du 3eSommet, qui se tiendra du 16 au 18 novembre 2021 », a-t-il indiqué, avant de réitérer aux participants et participantes, ainsi qu’aux différents partenaires et parties prenantes, « tous les remerciements des plus hautes autorités du Niger ainsi que leur satisfaction pour le travail accompli ». M. Hachimou Abdoul Karim a également saisi l’occasion pour réaffirmer l’engagement ferme de son département ministériel à renforcer la coordination des activités de lutte contre toutes les formes de Pratiques néfastes en cours dans notre pays.
De son coté, M. Ekadé Abali, représentant la Plateforme ECFM, a tenu à saluer les efforts consentis, individuellement et collectivement, par tous les participants et participantes au Pré-Sommet. « Nous avons suivi les discussions au niveau des commissions, dans les couloirs, avant et pendant le sommet, et c'est vraiment un véritable motif de satisfaction », s’est-il réjouit tout en saisissant l’occasion pour adresser ses remerciements aux délégations des pays frères qui ont fait le déplacement de Niamey pour participer à ce pré-sommet qui est d’une importance capitale pour la suite des évènements. « Cela montre à plus d'un titre la vivacité du travail national qui est fait dans le cadre de la lutte contre le mariage des enfants au Niger et globalement contre toutes les autres formes de pratiques néfastes », a estimé M. Ekadé Abali, qui a, au nom de la Plate-forme pour la fin du mariage des enfants, adresser ses remerciements à l'ensemble des membres, à l'ensemble des partenaires et particulièrement au ministère de la promotion de la femme et de la protection pour son engagement et son leadership pour la réussite de la 3e édition du Sommet des Jeunes Filles de Niamey dont les travaux se tiendront du 16 au 18 novembre 2021 sous le Haut patronage du Président de la République du Niger SEM. Bazoum Mohamed.