Le samedi 11 Janvier 2014, un meeting politique a été organisé à Ouallam, à moins de 100 km de Niamey. Le chef d’orchestre : Elh. Zakou Djibo dit Zakaï qui annonce pompeusement son départ du MODEN FA Lumana africa pour rejoindre le PNDSTarayya. Connu du grand public, Zakaï est réputé pour son argent mais pas seulement.
L’homme est connu être ce qu’on pourrait appeler « un pèlerin politique ». Le pèlerin ne restant jamais sur les lieux après les rites, le célèbre tapissier brocanteur devenu grâce à la politique richissime opérateur économique s’en va toujours des partis politiques qu’il rallie. C’est ainsi qu’il a fait pas moins de 5 régimes au Niger. Il serait d’abord militant du PNDSTarayya. A la faveur de l’arrivée au pouvoir de Ibrahim Baré Maïnassara, il rejoint ce dernier au COSIMBA (Comité de soutien à Ibrahim Maïnassara Baré). C’est à ce moment qu’il aurait fait ses premiers pas de richard. Ensuite, il se retrouve au MNSDNassara de 2000 à 2008. On le disait alors très proche du Premier ministre Hama Amadou. Mais lorsque ce dernier commencera à vivre ses ennuis avec l’avènement du monstre Tazartché, Zakaï se fera recenser sur la liste des tazartchistes proches de Tandja.
L’arrivée du CSRD de Djibo Salou au sommet de l’Etat en 2010 emmènera Zakaï aux côtés des militaires. En ce moment, il n’est ni MNSD ni Tazartché. Avant les élections de 2011, Zakou Djibo prendra la carte du Mouvement démocratique nigérien pour une fédération africaine (MODEN FA Lumana africa). Il sera d’ailleurs élu député sous la bannière du parti de Hama Amadou. Siège qu’il occupera jusqu’à l’éclatement de la sale affaire dite « fausses factures ». C’est là, que l’opinion publique découvre la monstruosité d’une pratique inédite au Niger, ou du moins d’une ampleur jamais égalée : des fausses factures payées pour un montant de 1 800 000 000 FCFA. Etant annoncée en Conseil des ministres, cette affaire ébruitée de la plus belle manière, va scandaliser les Nigériens qui crient immédiatement au châtiment ! Zakaï est député, et donc il bénéficie d’une immunité parlementaire.
Il est également un militant, et pas des moindres, de l’allié principal du parti au pouvoir. Voilà qui rend, à priori, les choses plus compliquées pour le régime en place. Mais c’était sans compter avec le MODEN FA qui va réussir à convaincre son militant (Zakaï) à démissionner de lui-même pour se mettre volontairement à la disposition de la justice. C’est exactement ce qui fut fait. Dans la foulée, les immunités parlementaires d’autres députés seront levées aux fins d’affaires judiciaires les concernant. Parmi ces députés figure en bonne place, Albadé Abouba, l’actuel ministre d’Etat à la Présidence de la République. Mais il n’y aura aucune suite, la justice de notre pays est comme paralysée par on ne sait qui ou quoi. Et l’affaire des fausses factures est-elle oubliée ? Non. Son heure d’utilité viendra. Et c’est seulement le 28 décembre 2013, au congrès du PNDSTarayya, que le régime Guri system va déterrer cette rocambolesque affaire.
Fraîchement désigné président du parti rose, le puissant ministre des Affaires Etrangères, Bazoum Mohamed crut bon de rappeler aux Nigériens qu’un certain dossier dit « fausses factures » existe. Avant tout commentaire, voici la transcription fidèle de ce que Bazoum avait dit à ce propos : « camarades, peuvent-ils seulement croire que nous avons oublié leur dernière prouesse en date ? La fameuse fausse facture payée, d’un milliard huit cent millions (1 800 000 000) juste quelques jours après l’élection de Issoufou et quelques jours avant sa prestation de serment. Une fausse facture sur une rubrique du ministère de la Santé a été payée cash rubis sur ongle 1 800 000 000 sans aucune prestation. Ça, c’est quelques jours avant que nous prenions le pouvoir. C’est le dernier vol en date, c’est ça leur dernière prouesse. Ce sont eux. Et oui, vous savez camarades, ils n’ont pas tort de nous accuser de vol parce que ceux qui ont volé cet argent là sont libres en ce moment.
Ils ne sont pas en prison. Nous avons, je vous ai dit hier, passé avec eux des compromis qui nous ont compromis effectivement et nous avons laissé courir des voleurs mais je leur ai fait une promesse hier, je vais la leur réitérer aujourd’hui, les prochains jours ils vont voir ! » On était alors, le 28 décembre 2013. Exactement 2 semaines plus tard, le maître d’oeuvre de l’affaire dite des fausses factures, Elh. Zakou Djibo dit Zakaï annonce son adhésion au PNDS-Tarayya de Bazoum Mohamed. Que comprendre ? Une chose très simple : Zakaï a bien, très bien reçu le message du président du parti rose. Il se rendit compte qu’il n’a pas beaucoup d’alternatives. Soit il rejoint le Guri system ou alors le dossier « fausses factures » sera réchauffé, dans lequel cas, Zakaï n’aura qu’à compter ses jours à l’air libre. Le choix n’a visiblement pas été difficile puisque lors du meeting qu’il a organisé à ses frais, l’ancien tapissier annonce qu’il a entendu l’appel du Président de la République qui demandait à tous les Nigériens de le rejoindre pour la construction du pays.
Zakaï dira, qu’il a préféré suivre cet appel de la plus belle manière, en adhérant au parti qui a porté Issoufou Mahamadou au pouvoir. Même si pour cette fois, l’homme n’a pas été en mesure des fortes mobilisations qu’on lui connaît. Selon un député de Ouallam, un camion envoyé à Tondi Kiwindi n’a pu ramener que sept personnes au lieu de faire le plein. Un n’autre camion n’a eu que 4 individus dans une autre localité. Sur place au meeting, certains spectateurs ont confié à la presse être venus par pure curiosité, se disant « fidèles » à leurs partis politiques. De ce point de vue, Zakou Djibo n’est pas au bout de ses peines. Si le parti au pouvoir constate que ce sont ses propres militants et ceux de ses alliés qui ont répondu à l’appel de l’autrefois « seigneur » de Ouallam, il peut bien vouloir s’en débarrasser plus tôt que prévu, quitte à le « sacrifier » sur l’autel de l’assainissement.
Mais cela paraît peu probable quand on sait que ce n’est pas tant le monde drainé par les militants débauchés de l’opposition qui compte pour le Guri system. Le plus important demeure le symbole de pouvoir présenter à l’opinion publique comme un trophée tel ou tel autre grande figure qui se convertit au Gurisme. Ah, 2016, quand tu nous tiens !