Le pain est un aliment dont la consommation est en augmentation régulière mais qui est élaboré en grande majorité avec de la farine importée.Le prix de ce produit- très apprécié au Niger comme ailleurs- connaît depuis quelques jours une brusque et inexplicable hausse. Le prix de la baguette de pain est subitement monté de 175 à 200 FCFA dans certaines boulangeries de Niamey, la capitale. Déjà, cette hausse de 25 FCFA, voire 40 FCFA par baguette a été constatée dès le début de cette année 2022 au niveau de la capitale économique du Niger, à savoir Maradi. A en croire M. Hassan M., un boulanger contacté par l’ONEP, cette hausse est justifiée par ‘‘la montée inattendue du prix de la tonne de farine de blé’’, qui coûte actuellement 480.000 FCFA voire 500.000 FCFA et le sac de 50 kgs de cette farine coûte 25.000 FCFA au lieu de 20.000 FCFA, alors qu’il y à peine deux semaines, selon Hassan, cette tonne se vendait à 300.000 FCFA ou au plus à 320.000 FCFA, alors que le sac de 50 kgs de farine de blé se négociait à 20.000 FCFA. «Nos fournisseurs nous vendent maintenant la tonne de farine de blé plus cher qu’avant. Cela effectivement se répercute, au final, sur les consommateurs. Ce n’est pas notre faute », justifie le boulanger. D’autres sources estiment que cette cherté est la conséquence de la rupture de la farine de blé, sciemment créée par certains fournisseurs véreux. « C’est une rupture créée, de toute pièce, par certaines personnes, pour engranger plus de bénéfices, sur le dos des consommateurs. C’est donc des commerçants qui ont délibérément fait monter les prix en créant, artificiellement, une fausse pénurie», croit savoir quant à lui Sani Nasser, un fonctionnaire à Niamey. « Déjà, il faut noter que le savon a augmenté de prix. Ils ont ajouté, là aussi, 15 voire 25 FCFA, sur le morceau de savon. Maintenant, c’est le coût du pain qui augmente. Alors, à quel produit le tour ? Si l’on ne prend garde, c’est les prix des galettes (Fari massa) et des autres produits à base de farine de blé qui vont augmenter. Vraiment, il faut arrêter cette folle course de montée des prix des produits de premières nécessités », s’insurge Kadidja Issa, une habitante du quartier Boukoki. L’Etat, les associations des consommateurs, les syndicats, les commerçants sont donc interpellés, par rapport à la montée, tout azimut, de certains produits de consommation, qui commence, de plus en plus, à faire tâche d’huile autour des produits alimentaires de consommation courante, surtout quand on sait que la campagne agricole qui s’est achevée n’a pas du tout répondu aux attentes des autorités nationales et des citoyens, en général. Notons qu’il y a quelques années, il a été suggéré, sur la base de plusieurs recherches, l’incorporation de farines locales dans la fabrication du pain et les expériences de fabrication des ‘‘pains composés’’, comprenant le blé plus mil, maïs ou sorgho, ou manioc, du niébé…. il s’agissait, à travers ce programme, de promouvoir la consommation nationale d’un produit qui présente des qualités nutritionnelles supérieures à celles du pain fabriqué à base de blé, et à un coût nettement inférieur. La mise en œuvre de ce programme de production de pain pourra également encourager la production nationale du mil, du maïs, etc, ainsi que la création d’emplois.Même si, pour le moment, ce type de pain n’a jamais réussi à percer auprès des consommateurs, il est nécessaire de relancer cette innovation, en tirant les leçons des échecs passés pour essayer d’apporter des solutions. Une trentaine de boulangers de Niamey ont été formés, à cet effet. Rappelons que c’est en 1964, devant l’accroissement alarmant de la consommation des produits à base de blé, que la FAO lançait un vaste programme de valorisation des céréales locales en Afrique de l’ouest et du centre, d’où cette idée de ‘‘pain composé’’. Selon l’Institut National de la Statistique (INS), au Niger, la facture des importations de farine de froment se chiffre à environ 12 milliards de FCFA.