Ces motos tricycles, visibles aux alentours des commerces, des marchés et desservant des axes menant aux quartiers périphériques de Niamey assurent la mobilité à petit prix mais elles sont sources de nombreux accidents de route.
Le jeune âge des conducteurs, la violation du code de la route et la vitesse sont les principaux facteurs accentogènes. Ces motos à trois roues sont, pour la plupart, conduites par des jeunes qui les trouvent très amusant, maîtrisant peu les règles de la conduite et souvent ne possédant même pas de permis de conduire, à en croire M. Gado, responsable au SYNCOTAXI.
M. Gado a rappelé que,’’ la communauté urbaine de Niamey a pris un arrêté interdisant le transport de ces tricycles et nous sommes partis en grève à deux reprises à cause de ces tricycles’’.
‘’Le ministère du transport nous a promis de mettre fin à cette concurrence déloyale, mais jusqu'à aujourd'hui rien n’a été fait en dehors du nombre des accidents qui a augmenté’’ a-t-il déploré.
M. Alio Ibrahim du service DEM a la communauté urbaine de Niamey, a expliqué que ‘’ces motos tricycles qui ne prennent aucun papier à la mairie, travaillent dans l’informel, mais nous sommes en train de réfléchir sur comment formaliser leurs activités’’.
Malgré tout, ces "tricycles" occupent aujourd’hui une place importante dans le transport des personnes et de leurs biens dans la ville de Niamey, damant le pion aux taxis ordinaires moins accessibles et plus capricieux.
A contrario, ces taxis motos desservent les quartiers périphériques et transportent des bagages à des prix abordables.
A la fermeture du marché de Katako, ces motos tricycles sont utilisées comme ‘‘kabou-kabou’’ pour le transport uniquement de personnes, reliant ainsi les quartiers de l’axe Katako- Écoles Koirey, ‘’Tanko pompe’’ à 100 FCFA la course.
Cette activité offre l’opportunité à de nombreux jeunes nigériens, de fois sans qualification, de s’auto-employer et d'y tirer des revenus. C’est ainsi que plusieurs d’entre eux se sont lancés, ces dernières années à Niamey, dans l’activité de transport urbain.
Bien qu’étant une activité informelle, le transport des tricycles est un métier qui permet à son acteur de subvenir à ses besoins.
Si certains conducteurs sont propriétaires des motos qu’ils conduisent, d’autres sont employés par les propriétaires moyennant un versement journalier. Comme c’est le cas de Monsieur Siraji rencontré au marché Katako, qui déclare conduire la moto de sa grande sœur moyennant ‘’un versement journalier de 4.000FCFA’’.
Ce jeune homme de 19 ans explique que ‘’le matin je transporte les clients qui vont du quartier « tanko-pompe» au marché « katako » à raison de 100 fcfa la course, puis je passe la journée à transporter les marchandises du marché vers les autres quartiers, selon la destination du client’’.
M. Boubé Sani, qui a quitté l’école en classe de 3e au CEG de Madaoua et arrivé à Niamey pour travailler dans la boutique du mari de sa grande sœur au marché Dar es salam, a préféré se lancer dans la conduite de tricycle.
‘’Mon beau-frère m’a proposé cette activité de transport à tricycle moyennant un versement journalier de 5000 fcfa. Depuis 2 ans, je travaille d’arrache-pied pour respecter mon engagement. Dans mon quartier, quand quelqu’un déménage ou achète des matériels de construction ou d’autres articles qui ne peuvent pas être transportés par les taxis, et au lieu de faire appel à un camion communément appelé « dogon baro », les clients font appel à moi et je n’ai pas failli au versement, et je compte me marier pendant les vacances de cette année’’, a expliqué le jeune Boubé.
Quant à M. Issoufou, âgé de 16 ans, il a indiqué travailler avec son grand frère qui produit « pure water » et ‘’moi, je me charge de la vente et la distribution au niveau de nos clients (boutiquiers)’’.
‘’Mais je suis très limité dans mon déplacement parce que je n’ai pas de permis de conduire’’, a déploré le jeune conducteur.
Selon Idrissa, un client de ces tricycles, ‘’la prolifération de ce moyen de transport nous a facilité le transport de nos bagages et à moindre frais. Ces jeunes sont plus compréhensifs que les taximen, bien qu’il faut reconnaître l’excès de vitesse dans leur conduite qui est liée à leur âge’’.
‘’Le principal problème rencontré, en dehors de la non reconnaissance de la ‘’profession ‘’ par les autorités, figure le manque d’une structure formelle pour organiser l’activité de ’’transport avec les motos tricycles’’, afin de pallier toutes sortes de désagrément’’, a expliqué M. salifou, employeur des conducteurs de tricycle au marché Katako qui précise qu’aujourd’hui ‘’nous travaillons sans aucun document de la mairie’’.
Si certains usagers apprécient positivement l’avènement du métier en ce sens qu’il leur facilite le déplacement et le transport de leurs bagages au niveau de certains endroits à moindre coût, face aux taxis qu’ils trouvent plus chers. D’autres, par contre, reprochent à ces conducteurs de tricycles d’augmenter le nombre d’accidents routiers en raison de leur imprudence et de leur jeunesse.